Test : Prinny Presents: NIS Classics Volume 1 (Switch)
Derrière ce titre un peu bizarre se cache la réédition de deux titres devenus cultes sur PS2 : Phantom Brave et Soul Nomad & The World Eaters. Deux remasters dans une même compilation, présentée par un Prinny, le manchot mascotte de Disgaea, et ce n’est pas innocent. Venez vite comprendre pourquoi !
Deux titres qui fleurent bon Disgaea
NIS est un éditeur et développeur de jeux vidéo qui doit énormément à sa série phare : Disgaea. Mais l’éditeur a également de nombreux autres titres à son actif, dont plusieurs sont devenus cultes. Cependant, il y a de nombreux points communs entre ces jeux qui reprennent souvent des éléments vus dans Disgaea. On comprend donc mieux le titre de cette compilation et l’importance de mettre dans le volume 1 deux titres qui font furieusement penser à leur série principale. Mais Phantom Brave et Soul Nomad & The Soul Eaters ne sont pas de simples clones de Disgaea, bien au contraire !
Deux J-RPG très différents
Phantom Brave est sorti en 2004 sur PS2, soit un an après le premier Disgaea. Le titre y fait furieusement référence : le chara-design est très similaire, avec une forte influence manga. Les personnages principaux, Ash et Marona, ne sont d’ailleurs pas sans rappeler Laharl et Flonne. Phantom Brave reprend la structure de Disgaea : l’histoire est découpée en mondes, représentés chacun par une île, constitués de plusieurs niveaux de combat. Il faut finir un niveau pour débloquer le suivant. À la fin, on combat le boss du monde et on peut passer au suivant. En revanche, la différence vient du gameplay, qui apporte son lot de nouveautés.
Marona est le seul personnage vivant de l’équipe. Les autres sont des fantômes qu’il faut invoquer dans des éléments du décor pour pouvoir les matérialiser. Ils peuvent alors être contrôlés pendant quelques tours, puis disparaissent sans pouvoir être invoqués de nouveau. Il faut donc prévoir qui invoquer et à quel moment pour ne pas se retrouver dans des situations délicates. L’objet utilisé pour invoquer le fantôme va influer sur ses caractéristiques : un rocher augmente l’attaque tandis qu’une plante augmente l’intelligence, par exemple. Le joueur veillera donc à ne pas placer n’importe quelle âme dans n’importe quoi, afin d’avoir des personnages puissants en combat.
Les combats tactiques se font au tour par tour, mais pas sur un échiquier. Chaque personnage peut se déplacer librement dans une zone qui dépend de ses points de déplacement et effectuer une action, comme attaquer, soulever, lancer ou utiliser un objet. Bon, là, c’est comme dans Disgaea. Sauf que dans Phantom Brave, les personnages peuvent équiper des armes pendant les affrontements, simplement en ramassant celles laissées par leurs camarades. Et ça, cela permet plein de stratégies !
Entre chaque niveau, le joueur peut revenir sur l’île de Marona qui constitue sa base. Là-bas, il est possible de gérer son équipe en créant ou supprimant des fantômes, soigner, acheter des objets, équiper les personnages ou fusionner. Cette fonctionnalité permet de créer des fantômes plus puissants tout en personnalisant l’équipe, car on peut transférer des capacités élémentaires (attaque de feu, par exemple) à des membres qui n’en ont pas.
Il y aurait beaucoup à dire sur le gameplay, riche et complexe, du jeu mais je ne vais pas trop insister dessus. Concernant le scénario, on suit les aventures de Marona, une petite fille qui a le don de voir les fantômes. À 5 ans, alors qu’elle était en mission avec son père et Ash, un ami, les choses tournent mal : des démons puissants apparaissent et Ash n’a d’autre choix que de se sacrifier pour sauver Marona. Dans la bataille, le père de Marona succombe aussi. Mais Marona n’est pas seule : Ash continue de veiller sur elle en tant que fantôme et ami. Huit ans après, on retrouve donc Marona et Ash qui essaient de gagner leur vie en réglant les problèmes des villages alentours, à base d’invocations de fantôme. Mais la pauvre Marona est considérée comme une fille maudite, du fait de son don, et suscite la méfiance et la méchanceté. Phantom Brave est donc doté d’un scénario plutôt sombre et mature, alternant entre humour un peu déjanté et scènes un peu cruelles, en contraste avec l’exubérance de Disgaea.
Soul Nomad & The Soul Eaters, sorti en 2007, a une histoire plus caractéristique de Disgaea : on suit un jeune héros qui vient de fusionner avec Gig, un démon qui a failli détruire le monde 200 ans plus tôt. Le monde est toujours au bord de la dévastation, menacé par les Soul Eaters, des créatures/machines puissantes, autrefois commandées par Gig, et qui veulent tout détruire. Le héros part donc à l’aventure avec Danette, une jeune fille Sepp (mi-vache, d’où la présence de cornes sur la tête et d’une cloche autour du cou) afin de localiser et de détruire les Soul Eaters, tout en résistant à Gig, qui ne cherche qu’à le tuer pour prendre possession de son corps et revenir détruire le monde. Tout un programme rempli de rencontres, avec de nombreuses races étranges (taureaux, sirènes, anges, etc.) dans un monde où les intrigues politiques sont nombreuses. Sauver le monde n’est pas forcément l’objectif de tous et même si la situation est catastrophique, les personnages sont assez caricaturaux et déjantés. Ils servent donc une comédie farfelue, bien représentative de Disgaea. En revanche, le gameplay s’en éloigne beaucoup.
Même si Soul Nomad & The Soul Eaters est un RPG tactique, il reprend moins d’éléments de gameplay de Disgaea que Phantom Brave. Tout d’abord, il faut constituer sa troupe de combattants en achetant des « room ». Chaque room dispose d’un décor spécifique qui confère des bonus ou des malus aux personnages placés dedans. La puissance de la room influe aussi sur les caractéristiques des combattants. Mais la composition d’une room est aléatoire. Le joueur va donc passer du temps à trouver la room de ses rêves, avec suffisamment d’emplacements (3 à 9) pour les combattants et un décor pas trop pénalisant. Une fois les room adéquates trouvées, il faut les remplir. On choisit donc les personnages qu’on souhaite placer, mais attention ! La position dans la room détermine l’attaque d’un personnage : par exemple, un soigneur placé au milieu ne pourra soigner qu’un personnage, alors que si on le place au fond, il soignera tout le monde. Basiquement, les adeptes du corps à corps seront plus efficaces devant et les spécialistes des attaques à distance, au fond. C’est un élément important à prendre en compte quand on crée une troupe. Quand on a choisi tous les combattants, on définit le leader de la room : si ce guerrier est vaincu au combat, la troupe est retirée de la partie, même si les autres combattants sont en super forme !
Une fois les troupes créées, il faut ensuite les invoquer sur la carte. Mais pour apparaître, il faut que tous les emplacements de personnages de la room soient libres sur la carte au moment où on les invoque. On est parfois un peu obligé de jouer à Tetris pour invoquer tout le monde et, sur les petites cartes, c’est même souvent impossible !
L’autre élément important d’une troupe est sa « stamina » : cette caractéristique détermine la puissance de la troupe et diminue à chaque case parcourue ainsi qu’à chaque action effectuée, même après chaque combat ! Il faut donc veiller à conserver une stamina élevée pour ne pas se faire exterminer. On peut regagner quelques points de stamina à chaque tour si on ne fait rien.
Choisir la bonne room et placer correctement les bons personnages dedans puis veiller à leur stamina en combat constitue donc la base du gameplay, même s’il y a bien plus de subtilités que ça. Une fois encore, je ne vais pas rentrer dans les détails, car cela serait trop long.
Ainsi, Phantom Brave et Soul Nomad & The Soul Eaters sont deux RPG tactiques au tour par tour très différents, même s’ils empruntent beaucoup à Disgaea. Cette compilation est l’occasion de (re)découvrir ces deux jeux, en versions remasterisées.
Deux remasters qui ne sautent pas aux yeux
Précisons d’abord que cette compilation ne reprend pas les jeux PS2 originaux, mais les versions PSP, plus complètes. On retrouve donc les deux jeux avec tout le contenu de la PSP, plus étoffés que les versions originales. Ce qui ne saute pas nécessairement aux yeux, c’est le remaster. En effet, il s’agit effectivement d’un remaster : les menus, les arrières plans, les écrans fixes ont tous été refaits en HD. Cela s’affiche donc correctement et reste très agréable à l’œil. En revanche, le reste du jeu n’a pas été refait avec le même soin. Il en résulte une impression de pixels grossis, comme si on avait zoomé dessus, qui contraste avec le reste. Dans Phantom Brave, par exemple, on a l’impression d’avoir plaqué de gros pixels moches sur de belles images en HD. Cela risque d’en rebuter certains. Autre point de crispation : la localisation. Ces deux jeux ne proposent pas de version française, et restent donc en japonais ou en anglais. Mais ce n’est pas le plus gênant ! Ce qui m’énerve vraiment beaucoup, c’est un bug récurrent dans Soul Nomad & The World Eaters : le jeu plante régulièrement pendant les combats, obligeant le joueur à le relancer. Un écran d’erreur apparaît à chaque fois. On a donc la joie de perdre toute progression non enregistrée avant le bug, ce qui oblige à prendre l’habitude de sauvegarder après chaque combat. Cela serait moins gênant si le jeu n’octroyait pas de bonus quand on enchaîne les combats ! On croise les doigts pour qu’un patch vienne vite corriger ça !
Si vous passez sur les gros pixels, l’absence de version française et les plantages récurrents, vous tenez deux super jeux très prenants ! N’ayant pas pu jouer à ces jeux sur PS2 et PSP, je suis ravi de les voir sur d’autres supports ! On croise les doigts pour que d’autres volumes arrivent bientôt chez nous !
Si vous avez déjà fini à 100% tous les jeux de la série Disgaea, alors Prinny Presents : NIS Classics Volume 1 est fait pour vous. On retrouve deux grands classiques de la PS2 dans leurs meilleures versions. Phantom Brave et Soul Nomad reprennent fièrement de nombreux éléments de Disgaea tout en proposant des variantes aussi importantes qu’intéressantes. Ces deux jeux réservent de nombreuses surprises, sans parler du fan service (Asagi et Laharl jouables, par exemple), et vont occuper de très nombreuses heures. Tout fan de RPG tactique se doit d’y jouer !
Enguy
Points forts :
– L’héritage de Disgaea conservé intact…
– … tout en s’en démarquant avec intelligence
– 2 J-RPG tactiques très différents en versions remasterisées
– Durée de vie énorme
– Humour et/ou situations « matures »
Points faibles :
– Gros pixels moches à l’écran
– Pas de version française
– Un bug gênant et récurrent dans Soul Nomad qu’on espère voir corrigé bientôt
LA NOTE : 15/20
LA NOTE : 15/20
Développeur / Éditeur : NIS / NIS America
Genre : RPG tactique, tour par tour
Supports : Steam, Switch
Date de sortie : 3 septembre 2021
Et un volume 2 des classiques NIS vient d’être annoncé, comprenant Makai Kingdom et ZHP.