Test : Okhlos (PC)

okhlos-0Thomas Fuller, physicien de son état, a un jour dit « La foule a beaucoup de têtes et pas de cervelle. » (1), ce à quoi les développeurs d’Okhlos se sont empressés d’ajouter « Peut-être bien, mais elle peut péter la tronche à des dieux grecs, alors, je serais toi, Toto, je la ramènerai pas trop. »

Car c’est précisément ce qu’est Okhlos : un beat’em all débilos et décomplexé, où une foule sacrément vénère va aller refaire le portrait du panthéon olympien, non sans foutre un boxon homérique sur son passage.

Ένας για όλους και όλοι για το πρόσωπο του Δία (2)

Vous incarnez donc un philosophe de la Grèce Antique (pensez Aristote, Platon ou Nikos Aliagas) qui a décidé d’arrêter de se tripoter la nouille de philosopher à l’Agora, pour se lancer dans l’embrigadement massif des citoyens. L’objectif ? Se servir de cette chair à pilum pour foutre une raclée mémorable à leurs olympiques oppresseurs. Rien de tel pour booster le moral d’un peuple que d’aller péter des gencives sacrées dans une ambiance festive, faite de pixels bariolés et d’onomatopées cartoon, c’est Homère (le narrateur) qui vous le dit. Le style visuel mélange presque harmonieusement sprites 2D pour les personnages et modèles 3D pour les bâtiments, le tout dans un esprit gentiment con et irrévérencieux envers les mythes antiques (même si les premières minutes confinent parfois à la bouillie de pixels illisible, la faute à une caméra placée trop près de la mêlée).

Depuis une vue paradoxalement divine, on contrôle le philosophe d’un stick (ou au clavier) (ou à la souris) et la foule d’un autre (ou à la souris) (ou au clavier) et on clique comme un forcené, à l’instar de n’importe quel Diablo-like. Un bouton sert à attaquer, un autre à se défendre, quelques objets aux pouvoirs variés peuvent être ramassés dans les niveaux (se soigner, faire appel à des fantômes pour faire grossir ses rangs temporairement…) et c’est tout. Okhlos est volontairement dépouillé dans ses mécaniques, afin de se concentrer sur l’essentiel, à savoir : mettre un beau bordel dans chacun des 7 niveaux qui composent l’aventure, l’ensemble des éléments de décor étant destructibles.

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Chaque zone comprend une succession de niveaux clos qui permettent de recruter votre chair à révolution, ainsi que des ennemis qu’il faut impérativement défaire pour passer au niveau suivant. Répétez l’opération 5 fois et vous arriverez devant l’un des Dieux ou Déesses qui vous tyrannisent et ainsi prendre une revanche bien méritée. À noter qu’entre chaque niveau, un marchand vous permet d’échanger certains membres de votre foule contre le même nombre d’un autre type – j’y reviens – voire, contre un « héros », une unité plus puissante qui donne un bonus passif à votre horde (attaque renforcée, nombre d’unités augmenté, etc.).

Les héros se comptent en dizaines et la nature légèrement rogue-like du titre de Coffee Powered Machine incite vraiment à recommencer plusieurs fois l’aventure pour tous les débloquer, avec succès/achievements à la clé. On trouve d’ailleurs parmi ces hérauts, des personnages issus d’autres titres indés, comme Isaac ou le boss fictif de Devolver Digital, Fork Parker.

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Foule débile mentale

De la même façon, votre foule se compose de plusieurs types d’individus aux capacités distinctes : les soldats augmentent l’attaque du groupe, les défenseurs… la défense, les esclaves peuvent ramasser les objets, les citoyens ne font rien de particulier, sinon grossir les rangs (et votre force de frappe) et les animaux ne servent à rien. Un autre type existe, probablement le plus important : les philosophes, qui font office de points de vie. En effet, si votre leader se fait malencontreusement occire par un centaure énervé ou une déesse récalcitrante, l’un de vos philosophes encore en vie prendra la tête du mouvement immédiatement. Attention donc à ne pas échanger tous vos philosophes contre des unités moins utiles, sachant que le nombre de celles-ci est limité !

Une fois tous vos philosophes trépassés, c’est le game over , et selon vos performances, de nouveaux héros et ennemis se débloquent pour les prochaines parties. Vous êtes renvoyé à l’Agora où vous pourrez recruter jusqu’à trois héros pour recommencer une partie avec de nouveaux bonus. Le jeu encourage ainsi à multiplier les parties pour obtenir les héros qui vous permettront finalement de mettre un terme au règne tyrannique de Zeus et ses potes, grâce à une combinaison de héros surpuissante. Une encyclopédie façon Pokédex rassemble tous les personnages débloqués, les boss vaincus et les lieux visités, l’occasion d’une petite blague souvent bien sentie.

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Les combats de boss sont certainement la partie la plus technique du jeu : à l’image de ceux de The Binding of Isaac, chaque divinité possède son twist et ses patterns qu’il faut apprendre pour espérer sortir victorieux du combat et surtout, avec le moins de pertes possible. Cela dit, bourriner comme un sagouin et terminer le combat avec deux-trois péons est tout à fait possible, mais cela garantit un échec à long terme, les derniers niveaux proposant beaucoup moins de PNJ à recruter de manière gratuite. Ces boss sont choisis aléatoirement parmi une petite quinzaine, obligeant à recommencer plusieurs fois une partie pour tous les vaincre.

Toutefois, et c’est un reproche que l’on peut faire à l’ensemble du jeu, ces joutes épiques restent relativement confuses, surtout dans la gestion de votre foule qui n’en fait parfois qu’à sa tête. Aussi, on perd régulièrement son philosophe dans le brouhaha général, quand ce n’est pas le curseur de la souris (qui sert à diriger la foule). Un gameplay légèrement approximatif qui rebute de prime abord et demande un peu d’anticipation lors des combats finaux. Aussi, la simplicité des mécaniques rend le jeu répétitif au bout de quelques heures seulement, préférez donc y jouer de manière ponctuelle, voire apéritive. Heureusement, son aspect rogue-like rend les parties brèves, en dessous de l’heure, afin de ne pas lasser immédiatement et pousser à relancer une run, juste pour enfin mettre une rouste à ce p#!@$n d’Hadès.

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Okhlos est un sympathique beat’em all/simulateur de révolte populaire, qui pêche malheureusement par sa répétitititivité et l’aspect confus de ses combats, pourtant au cœur du jeu. Cela dit, consommé par petites sessions, il est un très bon défouloir un peu bêbête et très amusant. Son côté cartoon fonctionne à merveille grâce aux superbes sprites 2D (les boss sont très chouettes de ce point de vue) et sa dimension rogue-like confère une certaine rejouabilité au titre. Et pour ne rien gâcher, Okhlos possède une très bonne bande-son signée A Shell in the Pit qui dynamise l’action, tout en participant à fond au délire ambiant.

(1) Non, je n’avais aucune idée de qui était Thomas Fuller avant la rédaction de cet article, j’ai simplement googlé « foule citation » pour pouvoir faire mon malin lors de cette introduction.

(2) « Un pour tous et tous sur la tronche de Zeus », c’est du Google Translate, soyez indulgents.

Go-Ichi

Points forts :

  • Un joyeux bordel à la bonne humeur communicative.
  • Les combats de boss, finalement assez techniques.
  • La B.O. signée « A Shell in the Pit », très cool.
  • Le style cartoon du pixel art, très réussi.

Point faibles :

  • Rapidement répétitif.
  • Assez brouillon lors des combats les plus énervés.

La Note : 16/20

Développeur : Coffee Powered Machine
Éditeur : Devolver Digital
Genre : Beat’em all/Anarcute-like
Support : PC
Date de sortie : 18 août 2016

 

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