Test : Lost Sphear (PS4)
Nouvelle licence de Square Enix, développée par Tokyo RPG Factory, Lost Sphear est annoncée comme rien de moins qu’un renouvellement du JRPG. Ce qui, à l’époque où l’on ne sait même plus ce que signifie JRPG, surprend d’emblée. Cela restant une accroche commerciale, on n’en tiendra pas rigueur, préférant se pencher sur ce que le jeu réserve réellement.
La mémoire dans les vieux pots
Lorsque l’on évoque les scénarios des JRPG d’un autre temps, on songe immédiatement à la perte de mémoire initiale de la/du protagoniste principal(e). Lost Sphear puisant dans les cartouches de cette époque, on pouvait s’attendre à retrouver cet aspect. Dans les faits, on n’en est pas loin. On a même l’impression que les développeurs ont volontairement décidé d’employer cette référence de la mémoire, sans pour autant nous servir ce lieu commun.
En fin de compte, c’est un peu tout qui disparait du monde entier, ne laissant quasiment que des traces dans les esprits, tant des personnes que d’inertes objets ou carrément des environnements. Ceux-ci devenant de simples voiles blancs, les transformant en souvenirs chez ceux qui ne sont pas encore touchés.
Notre héros, Kanata, étant le seul à posséder la capacité de les faire revenir, grâce à des souvenirs à acquérir au gré de ses enquêtes, affrontements face aux monstres et échanges avec la population.
Du neuf avec du vieux
Pour atteindre son but, Kanata ne sera pas seul. Comme tout bon JRPG à l’ancienne, il se doit de figurer au sein d’une joyeuse troupe, cette dernière comportant évidemment des caractères très variés, pour ne pas dire clichés. On ressent presque trop le côté honneur à une certaine époque, en oubliant d’y inclure un soupçon de fraicheur, ce que le système de jeu imbriqué dans le scénario de Lost Sphear arrive pourtant à faire.
Notre chemin ne sera pas un long fleuve tranquille. De nombreux ennemis nous barrant la route, comme toujours dans ce genre de jeux, de quoi se demander quel fut, cette fois, le choix pour les combats. Un copié-collé d’un classique ? Eh bien pas vraiment, car si l’on ne devait ressortir qu’un point de cette production, il s’agirait de son système de jeu. De là à dire qu’il renouvelle le genre, le terme semble disproportionné. Cependant, il apporte sa touche et c’est déjà beaucoup.
Il s’agira ainsi d’analyser la situation afin de se servir de manière adéquate de son escouade sur le terrain, entre les adeptes de la magie, dont de soin, des attaques rapprochées ou à distance.
Concernant les offensives lointaines, on retrouvera notamment un pur cliché des RPG avec le jeune et espiègle Locke. D’ailleurs, ce dernier nous a fait peur. Un personnage nommé Locke, dans une production comportant « Lost » dans son titre, avouez que c’est flippant !
Les placements stratégiques seront à l’épicentre des affrontements, au sein d’un mix de tour par tour et de temps réel. Il sera nécessaire de placer ses éléments forts de près, à proximité de l’ennemi, tout en évitant qu’un adversaire, lui aussi habile en bagarre rapprochée, ne lance l’assaut.
On pourra également disposer ses pions habiles de loin, afin qu’ils atteignent leur cible en toute tranquillité, sans risquer un retour de bâton en étant proches. Mais surtout, il sera possible de toucher plusieurs vilains d’un coup. De quoi bien réfléchir avant de positionner sa bande.
Haruka Kanata
Évidemment, il s’avèrera toujours compliqué pour un jeu « à la manière de » de rester dans les esprits au niveau de sa bande-originale. Cela se confirme au travers de Lost Sphear, qui ne pourra toucher, comme celles des jeux ayant posé les bases, qui plus est, avec des moyens techniques très limités à l’époque. Il n’empêche que les musiques s’avèrent jolies et l’on se laisse facilement porter par celles-ci. Et à l’instar de la majorité des JDR, on les entendra tellement au cours de l’aventure qu’elles lasseront plus ou moins. On baissera ainsi le son lors de certaines phases, surtout lorsque l’on décidera d’enchainer des séquences pour monter nos niveaux.
Visuellement, on n’est pas dans l’hommage 8/16 bits pourtant à la mode. On a tout de même droit à un style rappelant les 32 bits, le tout en plus rondouillard et lissé. Le style possède donc un côté mignon, par une retrouvaille avec des personnages de petite taille et des couleurs très vives.
Les environnements ne paieront pas tous de mine, mais sont attirants dans l’ensemble. Seuls les plus sombres et vides ne sortiront pas du lot, pas même en inspirant la crainte. En revanche, ceux en extérieur sont assez charmants, parfois juste par un détail. On apprécie grandement les passages sur un sol gorgé d’eau, les clapotis s’avérant extrêmement bien réussis, on adore passer et repasser dessus.
Les effets de lumière et d’attaques lors des batailles n’ont rien d’extraordinaire, mais font le travail. Cela est toujours plaisant d’en retrouver certains, pour montrer ce que les graphismes ont dans le ventre, notamment les boules de feu.
Une drôle de sensation nous envahit après avoir joué à Lost Sphear. Celle d’avoir passé du temps sur une simulation de RPG à l’ancienne et non un jeu de rôle avec sa propre identité. Du coup, on est mitigé, l’expérience restant bonne, avec un pitch de départ intéressant et surtout un système de jeu proposant quelques points originaux. Néanmoins, elle souffre d’un manque d’engagement. En ne cherchant (ou en ne réussissant) pas à dépasser ses inspirations, elle n’en reste qu’une sorte d’hommage, forcément moins prenante qu’un jeu d’antan désirant dépasser les autres et non faire comme eux. C’est ce dont manque Lost Sphear, bien que la campagne s’avère agréable, avec des combats et une évolution solides.
Inod
Points forts :
– De l’originalité dans ses batailles
– La dimension poétique et prenante touchant aux souvenirs
– Direction artistique
Points faibles :
– Histoire prévisible
– Ne pousse pas assez ses idées
La note : 14/20
La note : 14/20
Développeur : Tokyo RPG Factory
Éditeur : Square Enix
Genre : RPG
Supports : PlayStation 4, PC et Switch
Date de sortie : 23 janvier 2018