Test : Gungrave VR (PS4)

Après plus de quinze ans d’absence, l’anti-héros pas content Beyond the Grave reprend du service pour le pire… et seulement le pire.

Sans partir dans les hyperboles alambiquées que nous autres joueurs apprécions tant, Grungrave VR est tout simplement mauvais. On est gentils, on ne fait pas attendre notre verdict.
Ce titre ressemble plus à un jeu PS2 qui aurait maladroitement été porté en réalité virtuelle afin de voir le résultat, comme une démo technique qui se serait retrouvée plein tarif en magasin. Le titre sert de prologue à la suite assez attendue Gungrave G.O.R.E, et si on se fie au produit qui nous est actuellement proposé, on espère que les développeurs coréens Iggymob apprendront de leurs erreurs pour nous offrir la potentielle perle se cachant derrière ce capharnaüm vidéoludique.

Je suis pas venue ici pour souffrir, OK ?

Après des menus où on choisit difficilement nos langues à cause de teintes de blancs s’affichant assez mal sur l’écran du PSVR, Gungrave VR nous accueille dans son univers en nous narrant de but en blanc la situation actuelle. De la vilaine drogue nommée SEED est en circulation et c’est bien sûr à nous de nous en débarrasser. Comme on sait que la drogue c’est mal m’voyez, grâce à Mr. Mackey, on accepte volontiers cette lourde tâche.

Ceci était l’intégralité du scénario.

Pas de développement, de rebondissements, l’histoire n’ira jamais plus loin que ce pitch initial narré sur fond noir, si ce n’est pour quelques félicitations après la destruction de cibles clés.
Avec l’excellent character design du créateur de la série Trigun et l’aide importante de celui de Ah! My Goddess! / You’re Under Arrest / Sakura Wars, on est plus que déçus de voir leur travail tomber à l’eau de cette manière. La trame ne soutient en rien le charismatique Beyond the Grave et l’ambiance très réussie d’un anime des années 90.
Gungrave VR est avant tout un jeu d’arcade à l’ancienne et reprend volontairement les mécaniques des originaux PlayStation 2. Bonne nouvelle ? Nope. Oh que nope.

Comme un balai coincé quelque part

Trois petites arènes et quelques scènes un peu à part pour varier le gameplay pour un total de moins d’une heure de jeu, voilà ce qui vous attend. On peut même y voir une simplification des opus précédents, les chemins à parcourir ayant été totalement supprimés au profit de zones fermées où les ennemis apparaissent à l’infini. Être claustrophobe n’est pas recommandé, mais ces derniers ne sont probablement plus à ça près quand ils ont déjà un énorme casque bien serré sur la tête et personne pour voir le désespoir apparaître lentement sur leur regard.
Souffrir de cette condition n’est d’ailleurs pas nécessaire pour le ressentir, ce fameux désespoir.
Le TPS d’Iggymob est tout ce qu’il y a de plus basique, avec une arme de tir que l’on doit refroidir de temps à autre et une attaque au corps à corps répétitive, rigide et peu satisfaisante, mais nécessaire pour utiliser l’un des deux coups spéciaux disponibles. Un autre bouton nous permettra d’esquiver où l’on veut, grand bien nous en fasse. De l’arcade à l’ancienne donc, rien d’extraordinaire ; on aime tous ça au fond, non ?

Le problème ne vient pas de là, mais plutôt de l’exécution. Le personnage avance lentement (suffisamment pour ne pas donner la nausée) et la visée s’effectue en tournant la tête. Le stick droit n’est utilisé que pour tourner sur soi-même, mais uniquement par à-coups. La rotation n’est donc pas fluide, mais s’effectue par angles précis ; on se retrouve subitement 30° sur le côté et le stick doit être enclenché autant de fois qu’il le faudra pour, par exemple, regarder derrière soi. On peut aussi se tourner intégralement sur son canapé, mais j’ai honnêtement la flemme, je dois l’avouer.
La mode de la téléportation, utilisée fréquemment pour éviter le mal des transports pouvant toucher certains utilisateurs de réalité virtuelle, perd ici de son sens. On se sent perdu plus qu’autre chose, peu sûr d’où on se situe et où se trouvait la cible que l’on essayait d’atteindre. Les mécaniques de tir restent agréables, mais les contrôles et réactions du personnage sont raides au possible. On enchaîne les vagues d’ennemis sans savoir pourquoi ni dans quel but, et le jeu nous traîne d’une scène à l’autre sans aucune explication.
Même les scènes qui auraient pu être excitantes, comme celle aérienne en mode subjectif, se révèlent insipides et déconstruites. Dans cet exemple, en place d’une course-poursuite excitante, on se retrouve simplement sur une plateforme fixe et des téléportations inexpliquées pour une absence de sensations totale.
La VR n’apporte rien à Gungrave VR mécaniquement parlant et c’est fort dommage. Faire une suite à un jeu PS2 est une chose, reprendre trait pour trait son gameplay daté en est une autre.

Regardez comme ça chatoie

Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, nous avons également le droit à une esthétique datée, des bugs de caméra fréquents (même si, en VR, c’est assez impressionnant de se retrouver coincé derrière un mur) ou une bande-son consistant en un jingle rock de quelques secondes répété inlassablement avec un petit « accrochage » sonore au début de chaque boucle. Le titre n’est ni beau ni moche, il semble juste être un petit titre indépendant du début de la PS3 avec tout ce que cela implique.
L’effet WaOoOuh inhérent à la réalité virtuelle fait son petit effet quelques instants avant de vite disparaître face à l’ennui que l’on peut ressentir. Gungrave VR promettait une bonne aventure arcade excitante et dynamique, mais n’est au final qu’un court jeu d’action mou, pauvre graphiquement et à la musique particulièrement répétitive… Une sorte de supplice durant aussi longtemps qu’un cours de mathématiques. Et, contre toute attente, l’add-on Gungrave VR U.N (jouable sans le jeu de base) réussit à faire pire.

Pour sa défense, ce standalone ne dure qu’une petite demi-heure et y place de nouvelles bonnes idées qui, malheureusement, ne sont encore pas assez développées. La trame y est encore une fois simple : votre assistante Mika a repéré une usine continuant de manufacturer la fameuse drogue nommé SEED et si ça ne portait pas le même nom que la menace de Phantasy Star Universe (l’épisode mal-aimé d’une série de qualité), je n’en aurais que faire. N’espérez néanmoins pas le moindre développement autour de ce synopsis ; il s’agit encore d’un enchaînement de courts niveaux menant à un affrontement contre un gigantesque boss dont la mort semble apparemment affecter directement le fonctionnement des lieux. Je ne fais que supputer, rien ne nous est dit ni narré.

La bonne nouvelle est que l’aventure semble ici moins incohérente que son acolyte Gungrave VR, de par la thématique de l’entrepôt, gardée du début à la fin. Même si les endroits visités ne semblent pas être directement liés entre eux, ils donnent au moins l’impression d’être sous le même toit. De surcroît, les arènes fermées des scènes TPS ont été remplacées par des petits niveaux à l’ancienne comme on les aime, donnant ainsi un peu plus de consistance à un univers que l’on a véritablement envie de visiter. Hélas, les bonnes nouvelles s’arrêtent là et les anxiolytiques s’avèrent vitaux dès que l’on remarque que leur nouvelle idée de gameplay n’est pas un gimmick de quelques minutes, mais bien la moitié de l’expérience. En effet, les environnements 3D se font rares et le jeu vous contraint « parfois » à un axe 2D ; il n’y est possible de bouger le personnage que de gauche à droite. Les contrôles restent les mêmes jusqu’à la visée au casque, désormais rendue quelque peu inutile, mais avec pour bonus une mise en scène moins dynamique, des assaillants adorant apparaître subitement au premier pour vous bloquer la vue (de jolis popotins de monstres à l’horizon pour les amateurs) et une espèce de clipping caché par un brouillard Nintendo 64 au bout du couloir. Que ce changement de perspective prenne une place aussi importante est un choix incompréhensible. Pour citer internet : Je.

Ce serait une faute professionnelle de ma part que de vous motiver à vous procurer Gungrave VR ou Gungrave VR U.N, les deux titres étant des versions alpha d’un projet qui pourrait être plus grand et plus intéressant. Les mécaniques de jeu y sont raides, les combats généralement insipides, la bande-son irritante et le design absolument magnifique de deux mangakas de renom n’y feront rien… À part nous donner envie d’une épopée de qualité dans cet univers.
Rendez-vous donc bientôt dans Gungrave G.O.R.E, en espérant que ce sera la bonne.

Marynou

Points forts :

– Un character design sans faille
– Des situations aux mécaniques de jeu variées
– Environnements destructibles dans Gungrave VR U.N
– Ennemis proposant de réagir différemment et rapidement
– Ambiance japonaise des années 90 réussie

Points faibles :

– Bande-son très répétitive
– Arènes fermées
– Contrôles rigides
– Très courts
– VR basiquement inutile
– Pas spécialement joli
– Absence totale de scénario au-delà du synopsis
– Progression déconstruite et incohérente

La note : 08/20

Éditeur / développeur : Blueside, Marvelous / Iggymob
Genre : TPS, Action, Shooter
Plateforme : PlayStation VR pour PlayStation 4
Date de sortie : 07 décembre 2018

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