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Test : Card Shark (PC)

En général, il est plutôt mal vu de tricher dans les jeux, mais lorsque c’est le jeu lui-même qui nous le demande, comment refuser cette alléchante proposition ?

Le studio Nerial, déjà à l’origine de l’un des jeux indépendants les plus marquants de ces dernières années (Reigns), nous propose une nouvelle expérience originale avec Card Shark, mélange d’aventure narrative et de puzzle game. Une histoire qui va nous plonger dans les salons de la noblesse française du XVIIIe siècle.

L’âme des cartes

Nous voici placé dans la peau d’un jeune homme d’extraction modeste associé au comte de Saint-Germain, joueur et surtout tricheur invétéré. Autant mentor que complice, ce dernier va nous embarquer dans une aventure faite de jeux et de complots. Chaque nouvelle étape est l’occasion d’apprendre une arnaque inédite et de dépouiller quelques riches victimes. L’histoire se découpe en plusieurs phases distinctes, le voyage durant lequel on apprend en général une technique de triche, un passage narratif faisant avancer l’intrigue et les jeux d’argent. D’autres séquences viendront se greffer à l’ensemble, mais il serait dommage de tout dévoiler ici.

Pas vu pas pris

Le cœur du gameplay se trouve dans les divers jeux de cartes (mais pas que) et les méthodes de triche qui y sont associées. Parfois, votre rôle sera de donner des indications à votre complice en étant hors de la partie, en faisant le service, et en profitant pour regarder au-dessus de l’épaule de l’un des joueurs ; d’autres techniques impliqueront votre présence à la table, pour truquer le mélange des cartes, par exemple. Chaque partie va introduire une mécanique ou en approfondir une que le joueur maitrise déjà. Toute la difficulté étant de réussir son coup proprement et rapidement pour ne pas éveiller les soupçons. Se faire prendre la main dans le pot de confiture est rarement une bonne nouvelle, mais cela peut amener des phases de gameplay inédites, rendant le titre parfois stressant mais jamais frustrant.

Et je cours, je me raccroche à la mise

Les mécaniques très simples au début deviennent de plus en plus complexes et il va falloir apprendre à les exécuter rapidement, en utiliser plusieurs durant une seule partie et parfois les mixer. Il n’est déjà pas aisé de se remémorer de chaque technique lorsque l’on en connait une quinzaine et le jeu en dénombre vingt-huit au total. Il est d’ailleurs dommage que le titre n’intègre pas une espèce de tutoriel accessible avec la pause pour reprendre ses marques lors d’une nouvelle partie. En bas de l’écran, une barre de progression de soupçons des autres joueurs fait office de timer et c’est généralement à cause de cet élément que l’on commet des erreurs de manipulation, un système qui rend le gameplay très immersif. Il est d’ailleurs fortement recommandé de jouer à la manette, car certaines méthodes demandent d’utiliser les sticks analogiques en plus des directions, des manipulations qui sont plutôt bien pensées et adaptées aux mouvements effectués en jeu.

De cartes et d’épées

En dehors des phases de gameplay pur, Card Shark se présente comme une sorte de visual novel assez basique, les quelques choix se limitant essentiellement aux destinations. Même si la forme est des plus simples, l’écriture, elle, est efficace ; on retrouve avec délectation le talent narratif que l’équipe avait déjà démontré sur Reigns. Je ne vais évidemment pas dévoiler l’intrigue ici, étant donné qu’elle apporte beaucoup au jeu, mais ce n’est pas un divulgachage que de révéler qu’elle va vous mener dans les hautes sphères de la monarchie française du XVIIIe siècle. L’écriture, parfaitement ciselée, va à l’essentiel, sans se perdre dans les pavés indigestes de certaines aventures textuelles, tout y est passionnant. La partie aventure est d’ailleurs une excellente motivation à persévérer lorsque les difficultés commencent à se faire sentir dans le gameplay.

L’as de trèfle qui pique mon cœur

Card Shark fait partie de ces propositions originales comme ont pu l’être un Obra Dinn ou plus récemment Untitled Goose Game. Un jeu qui offre une expérience nouvelle et très bien calibrée.
Une direction artistique magnifique, une ambiance renaissance française très réussie et une écriture impeccable. On peut ne pas adhérer au concept, mais difficile de reprocher quoi que ce soit au titre, même sa durée de vie (de six à huit heures environ) est parfaitement calibrée. Alors certes, on n’aurait pas été contre un système de mémo des « mini jeux » qui demandent toujours un petit temps de réadaptation, surtout si on ne parcourt pas l’aventure d’une traite, mais disons que ça participe aussi à l’immersion d’une certaine façon.
Jeu après jeu, Nerial confirme sa capacité à se réinventer et nous offrir des expériences inédites, un studio qui nous rappelle qu’il est toujours possible d’innover au milieu de cette industrie parfois moribonde, un talent rare qu’il est important de mettre en avant.

Ominae

Points forts :

  • Le concept absolument génial
  • L’écriture totalement maitrisée
  • La direction artistique
  • Bien moins simple qu’il n’y parait

Points faibles :

  • Manque quelques aides et rappels en jeu

La note : 19/20

Développeur : Nerial
Éditeur :
Devolver Digital
Genre :
puzzle, visual novel
Support :
PC, Mac, Nintendo Switch
Date de sortie :
2 juin 2022

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