Test : Blood Bowl 2

bloodbowl2_06Après un premier essai joliment transformé en 2009, Cyanide nous propose une nouvelle fois de chausser les crampons et de venir piétiner joyeusement de l’Elfe autour d’une vessie de porc cloutée.

Été 1990, j’ai 13 ans. Avec Rémi je tente de finir le mode carrière de Super Hang On sur sa Megadrive (Japonaise s’il vous plait), Winning Run à fond dans les oreilles. Plus loin dans la pièce, un grand cri, Benoit engueule Mathieu qui vient de foutre en l’air son équipe de Blood Bowl en lançant les dès, les joueurs volettent un peu partout. Et oui, à l’époque pas de jolies petites figurines en plomb peintes amoureusement à la main, on joue avec du carton.
Ces humains tristement répandus sur le sol alors que Griff Oberwald allait certainement réussir une action d’éclat ; des accusations de triche, beaucoup de mauvaise foi des deux cotés puis on se réconcilie autour d’un paquet de Bichocos.
Voilà à quoi je pense en premier lorsque l’on me parle de Blood Bowl.
Bien entendu, je pense ensuite immédiatement à ma première équipe (mal) peinte, mes chers Orkish Pitbulls, une bande d’orques qui aurait pu avoir un bel avenir si leur coach n’était pas le mec le plus distrait du monde et enchaînait les turnovers¹ idiots lors des matchs de championnat. Parce que oui, en ce temps là déjà, ça déconnait pas niveau compétition, Blood Bowl was serious business.
Aujourd’hui nous sommes à nouveau en plein dedans mais exit figurines et plateaux de jeu, bienvenue dans l’air du numérique.

Un nain vaut mieux que deux tu l’auras

Avant tout, il semble important de rappeler ce qu’est Blood Bowl. Pour simplifier au maximum, il s’agit d’une forme de Football Américain dans un monde d’Heroic fantasy, celui de Warhammer très précisément. À première vue on pourrait tout à fait imaginer un énième jeu de sport sorti du catalogue Electronic Arts mais il n’en n’est rien.
Ici nous avons affaire à un jeu de stratégie au tour par tour, exactement comme le jeu de plateau dont il est l’adaptation. Ce n’est pas parce que vous êtes un inconditionnel de la NFL² que vous aurez l’avantage sur vos adversaires, non, là il est question de positionnement, de statistiques et de gestion du risque.
Les règles sont simples, deux équipes de onze joueurs, deux lignes d’en-but et un ballon qui va falloir amener derrière ces dernières pour marquer et gagner le match. Ça c’est la théorie, la réalité est un poil différente.
Ainsi, si certaines équipes sont effectivement taillées pour le jeu jeu de course et de passes, l’action principale sera bien souvent axée sur la baston.
Une équipe dont les joueurs ont deux mains et deux pieds gauches (au hasard les orques) ne cherchera pas nécessairement à virevolter entre les lignes adverses mais tentera plutôt de protéger le porteur de balle en cassant genoux et mâchoires traînant sur son chemin.

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Les stats vampirisent

Passé le coté brutal et expéditif que laisse imaginer cette description, il faut s’intéresser à des mécaniques nettement plus subtiles.
À l’instar du poker qui n’est pas un jeu de carte mais un jeu de jetons et de statistiques, Blood Bowl n’est pas un simple RTS avec des petites touches de hasard.
En effet, si la plupart des actions sont basées sur un jet de dés, c’est surtout la gestion du risque qui va faire la différence entre le néophyte et le bon joueur. Tout est question de perte/bénéfice lors d’une action. Il sera de bon ton de hiérarchiser son tour en démarrant par les actions les moins risquées pour finir par les plus hasardeuses (qu’il est souvent préférable d’éviter).
Il faut bien comprendre que toutes les actions du jeu peuvent se retourner contre le joueur. Il est par exemple tout à fait possible de voir l’un de ses coureurs se blesser tout seul en tentant un sprint un peu musclé. Ajoutons à ça qu’un échec signifie automatiquement la fin du tour et il est aisé d’imaginer que chaque jet de dés doit être réfléchit un minimum.
J’en profite d’ailleurs pour féliciter Cyanide à ce propos, dans l’épisode précédent, l’I.A était bien trop souvent incohérente dans ses actions. Quand une équipe d’elfe sylvains tente de la jouer baston contre une équipe de nains alors qu’il y a un boulevard vers l’en-but, c’est plutôt ridicule. Ici, le CPU va chercher à utiliser ses avantages de façon nettement plus pertinente.
Un autre point qui semble avoir été amélioré (avec quelques réserves), concerne la génération de ces statistiques. Il n’était pas rare dans l’épisode précédent d’enchaîner de nombreux échecs critiques de façon franchement surréaliste. Cette situation mettait à mal cette gestion du risque si importante. Blood Bowl 2 est beaucoup plus net de ce coté là et c’est réellement plaisant.

 Prendre le minotaure par les cornes

Fort de son expérience sur Blood Bowl premier du nom, Cyanide a su écouter les remontées des joueurs et a surtout amélioré une interface (n’ayons pas peur des mots) vraiment foireuse. En jeu, un réel effort a été fait pour que le joueur, quelque soit son niveau et sa compréhension du jeu soit en mesure de ne pas se perdre. Les ajouts de pop-up présentant les statistiques des actions sont un vrai plus pour le confort de jeu et évitent bien souvent une bêtise donnant envie de jeter son clavier par terre de rage.
Mais, parce qu’il y a un mais, et pas des moindres, ces améliorations s’accompagnent de quelques régressions absolument incompréhensibles. L’interface de gestion d’équipe qui oblige à tout recommencer depuis le début si l’on faire une modification sur un joueur ; une aberration alors qu’il aurait suffit d’une simple sélection à la souris plutôt que la remise à zéro de son équipe. C’est d’autant plus dommageable que créer une équipe n’est pas chose aisée pour le débutant. L’argent est limité et les personnages fort chers. Il est donc courant de devoir tout reprendre depuis le début parce qu’il va nous manquer quelques pièces d’or pour acheter le onzième joueur. Imaginez la frustration de celui qui se sera amusé à personnaliser chacun des  membres de l’équipe.
Autre défaut de taille, un vrai exemple de ce que tout game designer devrait apprendre à ne pas faire, le placement de certains boutons.
En effet, en bas à droite de votre écran, là où se trouve en général une validation, vous aurez la joie de trouver la suppression de votre équipe ou la possibilité de virer un joueur. vraiment funky lorsque lors d’un clic malheureux on se retrouve à virer la star de l’équipe sans faire exprès.
Durant les matchs c’est le bouton de fin de tour qui est extrêmement mal positionné, un vrai piège de nature à faire hurler les plus calmes d’entre nous.

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Alors on joue ?

Faut-il se lancer dans Blood Bowl 2 si l’on possède déjà le premier épisode ? LA grande question. Cette suite, malgré ses quelques défauts d’interface est nettement plus agréable à jouer, plus belle graphiquement et autrement mieux animée. Quelques bugs assez pénibles sont à déplorer mais nous sommes loin des cadors du genre en la matière. Maintenant il faut savoir que l’on passe des 20 races disponibles dans l’édition légendaire de Blood Bowl à « seulement » 8 races. Vous pourrez ainsi prendre en main les Humains, les Elfes noirs, les Orques, le Chaos, le Skavens, les Nains, les Bretonniens et les Haut-elfes. Bien entendu il faut savoir relativiser et  comprendre que Cyanide est un petit studio, que chaque nouvelle équipe demande un financement supplémentaire. Il est donc plus pertinent pour le studio Français de proposer ces races en DLC un peu plus tard. Il n’en reste pas moins que cela peut être de nature à décourager certains joueurs, les incitant à attendre une version plus complète du titre.
Au rang des nouveautés qui font plaisir, un mode solo très bien fichu qui sert de didacticiel sans tomber dans les travers de ce genre d’exercice. Même le joueur aguerri qui connait déjà les règles sur le bout des doigts sera content de suivre cette petite aventure. Si cet ajout ne sera pas forcément moteur d’achat, il pèse dans la balance et montre le désir de bien faire des développeurs.

Le petit garçon de 13 en moi vous dirait de vous lancer dans le jeu les yeux fermés mais l’adulte pondère en rappelant qu’il y a quand même des défauts au titre.
Mais bon, qui a réellement envie d’écouter les adultes lorsque vient l’heure des Bichocos ?

 

 

Ominae

Points forts :

  • Le mode campagne, une vraie bonne surprise
  • L’univers de Blood Bowl fidèlement retranscrit
  • La patte graphique et les animations des joueurs
  • I.A plus cohérente que dans l’épisode précédent
  • Quelques très bonnes idées de l’interface en jeu

Points faibles :

  • L’interface générale et surtout le placement délirant de certains boutons ROGNTUDJU !!
  • Huit équipes et le reste en DLC
  • Des bugs parfois pénibles

La note Gamingway : 16 / 20

Développeur : Cyanide Studios
Éditeur : Focus Home Interactive
Genre : Sport / Stratégie
Supports :  Playsation 4 / Xbox One  / PC (version testée)
Date de sortie : 22 septembre 2015

¹fin automatique du tour.
²National Football League (ligue de Football Américain)

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