Test : Animal Crossing New Horizons (Switch)

Sans même vous forcer à cliquer, on vous donne notre opinion inopinée : Animal Crossing New Horizons est le meilleur épisode de la série, une prouesse fortement gâchée par une communication efficace mais épuisante.

Il suffit d’allumer la télévision pour voir la machine Animal Crossing en route. « Et si vous quittiez tout pour vivre sur votre propre île déserte ? » répète inlassablement la publicité sur toutes les chaînes, à toutes les heures, « Créez et personnalisez votre petit coin de paradis ». Pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi loin de mon « petit coin » juste à moi.

Le jeu est partout, sur toutes les bouches, toutes les vidéos, tous les réseaux sociaux. Ma petite ville que je partageais autrefois avec un cercle d’amis restreint paraît aujourd’hui bien pitoyable face à la représentation grandeur nature de l’Atlantide de AnimeTiddy2001. Jamais je ne me suis sentie aussi poussée à aller de l’avant pour rester dans la boucle, une technique de pression psychologique qui marche en la faveur des ventes, mais porte préjudice au plaisir de jeu. Et pourtant, qu’il est exceptionnel cet Animal Crossing New Horizons !

Il était une fois…

Comme bien souvent, trop souvent, je suis un vieux de la vieille. J’ai fait mes premiers pas sur une version émulée de la version Nintendo 64, complètement incompréhensible pour mes 16 années, car en japonais. Quelques habitants ont eu l’occasion de croiser ma trombine sur GameCube, mais je sentais que c’était exactement le type de soft que je souhaiterais me procurer sur portable. Et quand fut annoncé Animal Crossing : Wild World sur Nintendo DS, je suis devenue folle.

Je n’irai pas vérifier sur internet, mais il me semble que cet épisode est sorti aux alentours de mars/avril 2006 en Europe. L’Amérique du nord l’a eu six mois avant, pile pour Noël. En tant que fanatique de l’importation, je l’ai demandé en tant que cadeau de fin d’année. Ma mère m’avait prévenue auparavant : « Je n’ai rien reçu, je suis désolée, la Poste est engorgée ». Je m’attendais à une petite surprise, cet espoir qui accompagne tout désespoir. Il n’est pourtant pas arrivé à temps.

J’étais triste, certes, mais les réseaux sociaux n’existaient alors pas, tout du moins, pas dans la forme qu’on leur connaît actuellement. Sur le petit site amateur de jeux vidéo sur lequel je travaillais, nos deux Québécois échangeaient quelques petites informations sans jamais trop en divulguer. On était entre amis. On était bien.

J’ai passé presque deux ans sur cette version d’Animal Crossing, à échanger des poissons avec quelques amis, à créer le verger parfait… On inventait des jeux : j’avais créé un labyrinthe, un ami s’amusait à cacher des objets dans des endroits incongrus. Le soft était pour moi comme une sorte de hub pour DS, comme le menu idéal d’une console. Je me faisais une petite demi-heure tôt dans les transports, juste à me promener ou préparer une surprise. Quelques minutes entre mes cours d’université pour ramasser les mauvaises herbes sous les railleries de mes ami(e)s inhabitué(e)s à ce type de jeu.

Aujourd’hui, tout le monde joue à Animal Crossing New Horizons.

Ce nouvel élan, incomparable au succès « modeste » de l’opus 3DS, s’explique sûrement par cette période de confinement semblablement difficile à vivre pour beaucoup d’entre nous. Les publicités aident aussi, sans compter le bouche-à-oreille, le crossover alambiqué avec Doom Eternal… Le jeu est partout, en particulier sur les réseaux sociaux, ces nouveaux moyens de comparer la valeur de nos existences en nous mettant en scène dans des situations faussées.

L’humain aime faire partie d’un groupe, se fondre dans la masse, ne pas sortir du lot. Une sorte de cognition commune se développe à chaque nouvelle mode ou sortie de produit. Pour ce nouvel épisode sur Switch, il semblerait que tout le monde adore la dissonance entre un humour adulte, des références de la culture pop et un jeu qui est essentiellement une simulation innocente et adorable de poupée.

C’est AC !

L’équipe des développeurs de Splatoon 2, responsables de ce New Horizons, ont appris des faiblesses des opus précédents. Bien que la liberté soit toujours le cœur du jeu, le nouveau système de progression est grisant, nous offrant quotidiennement de nouvelles surprises. Seule une petite portion de notre île est originellement accessible, et ce n’est qu’à la sueur de notre front que le tanuki Tom Nook nous offre progressivement des outils pour l’explorer. La sensation d’être un Robinson Crusoé virtuel est omniprésente et agréable, on se sent comme un aventurier à l’assaut des trésors que cachent notre lopin de terre.

Je ne m’en cacherai pas, je découvre ce nouvel épisode à mon rythme. Une petite partie ici et là, pas forcément tous les jours, afin de voir comment vont mes habitants. Et puis, aussi, m’occuper de mon jardin. C’est le genre de titre qui se consomme sur le long terme. Dans un an ou deux, je serai encore dessus. Et pourtant, interne semble voué à réduire à néant cette nuit de noce. Regardez les photos de ma réplique de Bourg-Palette ! J’ai reproduit à l’identique la cité perdue de l’Atlantide ! Ma maison ressemble à celle du tueur de Friday 13th, haha !

Tout ce que le jeu nous offre d’innocent, les réseaux sociaux le détruisent. Les blagues sur les pseudo meurtres entre amis se répètent pendant que je joue à chat. Les débats sur la viabilité éthique des voyages temporels polluent mes visites en ligne. On se moque cyniquement du design des habitants, on débat de l’ergonomie plus que de raison. Les pauses et le recul qui accompagnent chaque arrêt de la console ne sont plus. Désormais, il faut vivre constamment avec le jeu via un imaginaire bien souvent malsain.

Je n’ai absolument rien de négatif à dire sur Animal Crossing New Horizons. Le titre est graphiquement sublime, la progression récompense l’imagination et la curiosité. La bande-son évolue en même temps que nous, et bien que certains éléments qu’on estimait clés aient disparu, le plaisir reste intact, voire décuplé. J’apprécie notamment la nouvelle gestion de l’inventaire et ses nombreux raccourcis, et même si se connecter avec ses amis est une tâche encore compliquée, c’est toujours un plaisir de rester entre proches pour faire nos vies.

Mon opinion sur Animal Crossing New Horizons ne peut pas être complète ; pour ça, il faudrait y jouer au moins quelques mois. Alors qu’une partie non-négligeable de joueurs ont parcouru le titre comme un RPG à grinder, je prends mon temps. Je découvre quelques fossiles ici et là, j’expérimente avec les fleurs. Je n’ai aucune idée d’où mon aventure me mènera, mais après une grande vingtaine d’heures, je peux confirmer que je n’ai jamais autant apprécié mon passage au sein de cet univers de Nintendo.

Marine

Points forts :

  • Très beau, direction artistique adorable
  • Durée de vie aussi courte qu’infini
  • Plaisir de jeu modulable
  • La bande-son la plus reposante de tous les temps
  • La progression bien plus fluide et motivante qu’auparavant
  • Les immenses possibilités de gameplay
  • Jeu en ligne jusqu’à 8
  • Animal Crossing en HD

Points faibles :

  • Mon addiction aux réseaux sociaux
  • La télévision et ses spots à répétition
  • Un peu compliqué de jouer en ligne

La Note : 20/20

Développeur / Éditeur : Nintendo / Nintendo
Genre : Repos, détente, jeu de vie
Support : Switch
Date de sortie : 20 mars 2020

 

 

 

 

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