Test : Agony (Xbox One)
Rares sont les jeux qui indiquent directement la condition du joueur dans leur titre, mais peut-être en avons nous trouvé le meilleur exemple.
Agony est l’un de ces titres que l’on se met à attendre dès leur première présentation. Une belle introduction en CGI, parfois un petit teaser de gameplay et nous voilà embarqué dans ce légendaire hype-train qui veut un peu tout et rien dire à la fois. Bien que souvent exagérée, notre réaction est généralement assez justifiée et la promesse répond à la plupart de nos attentes (même si l’excellence est rare en ce domaine). En d’autres occasions, le bilan est nettement plus sombre, littéralement dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui.
Abracadrablabla
Pour commencer, laissez-moi vous parler de magie. Peut-être le savez vous, mais un tour se compose de trois parties distinctes : la promesse, le tour, le prestige.
Ici, la promesse est celle d’un jeu d’horreur à l’esthétique gore extrêmement léchée, basée sur la divine comédie de Dante et plus particulièrement sa première partie, c’est à dire l’enfer. Les amateurs de belle littérature ou de culture macabre ont vite été piqués de curiosité lors de la première, car c’est un thème finalement trop peu courant (et très casse-gueule).
Vient alors le tour, à savoir l’exécution, qui prend ici forme sous les traits du gameplay. Un survival horror somme toute classique, largement inspiré du maintenant culte Amnesia, en vue à la première personne. Une recette qui a largement fait ses preuves, nous offrant quelques-uns des meilleurs titres horrifiques de ces dernières années.
Et enfin, le clou du spectacle, le prestige, là où la magie opère vraiment, lorsque tous les éléments mis en place forment un tout permettant de transformer le banal en fabuleux. Dans un jeu vidéo, il s’agit de la subtile harmonie existant entre gameplay, game design et parfois la narration.
C’est ici que les légendes naissent ou que les drames se nouent.
Cette critique arrivant fort tard, vous aurez certainement déjà eu l’occasion d’apprendre que Agony nous place dans le second cas de figure et, au lieu de magie, nous laisse face à un vieux château de cartes effondré et aussitôt oublié.
L’indécente aux enfers
Nul prestige avec Agony.
Si la promesse était belle (et tant attendue), le tour aura largement gâché l’ensemble pour arriver à créer une espèce de monstre vidéoludique aussi triste que repoussant.
Si l’expérience Amnesia ainsi que ses descendants était efficace, c’était grâce à une certaine maîtrise de l’ambiance. Un jeu n’a pas nécessairement le besoin d’être esthétiquement bluffant si son ambiance est réussie, notamment grâce à l’utilisation de la lumière. Jongler avec les ombres pour déclencher un sentiment d’insécurité, mais également en faire une mécanique de jeu.
C’est en ça que Agony passe d’entrée à côté de son sujet, la faute à une technique complètement cassée, les éclairages du titre semblent vivre leur vie, sans aucune notion de physique élémentaire. C’est ainsi que vous passerez les premières minutes de jeu à chercher votre chemin dans le noir le plus absolu, vous obligeant à pousser le gamma au maximum afin de ne pas devenir fou ; niveau plaisir de jeu, l’expérience démarre sur les chapeaux de roues. C’est d’ailleurs l’une des toutes premières fois que je me vois obligé d’utiliser des captures d’écran piquées à droite à gauche pour habiller un article.
L’une des autres grandes promesses du développeur était de proposer une expérience horrifique vraiment gore, et de ce point de vue là c’est effectivement respecté, à tel point que ça en devient ridicule. C’est trop, partout, tout le temps, sans le moindre sens. Tout l’intérêt du gore en tant que genre se situe dans le dosage, casser une situation banale avec des litres d’hémoglobine et parfois monter crescendo ; ici c’est la foire aux nuances de rouge et de brun sans le moindre soucis d’esthétisme.
Parlons-en de l’esthétisme. Lors de sa première présentation, le titre de Madmind Studio montrait des images absolument sublimes, laissant imaginer un monde d’horreur absolument sensationnel. Une vraie descente aux enfers dans le bon sens du terme, mais il suffit de mettre la galette dans sa console préférée pour réaliser l’ampleur des dégâts, nous sommes au-delà du moche, presque au niveau d’une parodie. L’esthétique des créatures et leur animation pousse souvent à rire, surréaliste quand on tient compte du genre abordé.
Et si l’enfer, c’était ça
Pour être tout à fait transparent avec vous, Agony était un titre que j’attendais énormément, un tour de magie que je désirais réellement voir fonctionner. D’abord parce que j’aime le gore et ensuite parce que la divine comédie est l’une de mes bibles littéraires d’adolescent torturé ; je dois bien être l’un des rares vrais fans de Dante’s Inferno, c’est vous dire.
Une déception, donc, à la hauteur des mes attentes, car si le genre Amnesia n’est pas nécessairement ma tasse de thé, l’univers promis me chauffait au plus haut point, quel que soit le gameplay proposé.
Imaginez un peu la tête que j’ai pu faire en découvrant ce titre moche, bugué jusqu’à la lie, absolument pas terminé et manifestement pas testé par les équipes de développement.
Par soucis d’honnêteté, je dois préciser que la version PC est, d’après ce qui se dit, mieux foutue et relativement jouable. Je me contenterai donc de pleurer sur cette version console indigne, voir insultante.
À l’heure où je finalise ce pénible article, un gros patch devrait être sorti, corrigeant théoriquement les soucis d’éclairage, mais malheureusement, rien ne pourra changer le reste.
Au final, le plus beau tour de magie que puisse faire Agony est de disparaître de nos esprits.
Ominae
Points forts :
- Quelques jolis décors parfois
- Un vrai test de self-control
Point faibles :
- Totalement bugué, limite injouable sur console
- L’esthétique douteuse et les animations ridicules
- Gameplay raté
- L’IA complètement cramée
- Le xanax est mal remboursé
La note : 05/20
La note : 05/20
Développeur : Madmind Studio
Éditeur : Madmind Studio
Genre : Horreur
Support : PS4, Xbox One, PC
Date de sortie : 29 mai 2018