Japan Expo 2018 : Interview Sôhei Niikawa
Sôhei Niikawa, le directeur de Nippon Ichi Software (NIS), éditeur bien connu des fans de jeux japonais et créateur de la série à succès Disgaea, était à Japan Expo.
L’occasion pour nous de le rencontrer et de lui poser quelques questions.
Gamingway : Comment choisissez-vous les jeux à éditer en Europe ? Ceux à traduire en français ?
Sôhei Niikawa : La première vision de la boîte, ce n’est pas seulement de sortir les jeux en Europe, mais dans le monde entier. Également aux États-Unis et en Asie. On se demande simplement si tel titre va pouvoir se vendre dans tel pays ou non. Ensuite, il y a des discussions tactiques pour savoir s’il va bien se vendre et s’il faut le traduire.
G : Disgaea est considérée comme l’une des meilleures séries de T-RPG et l’une des plus déjantées aussi. D’où vous est venue cette idée ?
S. N : Disgaea a été créé il y a une quinzaine d’année environ. À l’époque, NIS n’était qu’une toute petite boîte qui ne sortait qu’un seul titre par an. Il ne fallait donc pas se tromper, car la survie de la boîte en dépendait. À chaque fois qu’on sortait un jeu, on mettait toute notre vie dedans, toutes nos idées et nos ambitions. Si le jeu ne se vendait pas, on était très mal, donc on faisait tout pour que le jeu soit le meilleur possible. C’est comme ça que Disgaea est né. Comme on était une petite équipe et que c’était notre jeu de l’année, on mettait toutes nos idées les plus folles dedans.
G : Laharl, Etna et Flonne sont des personnages très populaires qu’on retrouve régulièrement dans la série. À quand une nouvelle aventure inédite pour eux ?
S. N : On fait de nombreuses collaborations, donc il est très probable de voir ces personnages apparaître dans d’autres séries à l’avenir.
G : Mais pas une aventure inédite rien qu’avec eux ?
S. N : Ce sont les trois premiers personnages de la série, mais aussi les plus populaires/demandés. Je n’exclue pas de faire une nouvelle aventure rien qu’avec eux.
G : Les Prinnies sont odieusement maltraités dans les jeux. Avez-vous eu des problèmes avec des pingouins quand vous étiez petit ?
S. N : Ce n’est absolument pas de la maltraitance, c’est vraiment un état d’esprit d’amour et d’unité avec ces gentils personnages.
G : Mais les personnages ne sont jamais tendres avec les Prinnies ! (NDLR : les Prinnies sont des humains réincarnés en esclaves pour les punir de leurs mauvaises actions).
S. N : Ah oui, mais bon, il faut ce qu’il faut. C’est la vie !
G : Disgaea mélange folklore japonais et européen (les anges, par exemple). Qu’est-ce qui vous attire dans les autres cultures ?
S. N : Lorsque j’ai créé le premier Disgaea, je n’avais pas en tête un pays en particulier. Je voulais juste un monde d’heroic fantasy.
G : Pourquoi le post-game est-il aussi important dans la série ? Surtout dans les derniers jeux, l’aventure principale n’est qu’une excuse pour vite arriver au post-game sur lequel on passe beaucoup plus de temps. C’est dû à quoi ?
S. N : La raison n’est pas très compliquée : je crée une aventure principale pour répondre aux attentes du joueur « moyen ». Ce joueur n’a pas forcément envie de passer un temps énorme sur le jeu. L’aventure principale est donc suffisamment complète pour satisfaire le joueur « de base », et ensuite, pour les autres joueurs qui en redemandent et veulent explorer le jeu de fond en comble, on rajoute une histoire parallèle qui augmente considérablement la durée de vie.
G : Vous aussi, vous mangez des sardines pour devenir plus fort ?
S. N : La sardine est un plat quasiment national au Japon et qui est très bon. J’aime beaucoup ça également. C’est très bon pour la santé.
G : Comment envisagez-vous l’avenir de la série ? Cela passe par de nouveaux personnages, une évolution du gameplay ou du style de jeu, etc. ?
S. N : Toutes les portes sont ouvertes. Le prochain gameplay qui va permettre de réaliser cela, c’est Disgaea 6. Un autre support est le smartphone : je suis en train de travailler actuellement sur un Disgaea sur smartphone. Je pense également à changer le gameplay, ou pourquoi pas, à utiliser les mêmes personnages, mais dans un jeu qui ne serait pas un RPG.
G : Pensez-vous que la Switch a un peu les mêmes avantages qu’un smartphone ? On peut continuer sa partie partout, etc.
S. N : Pas forcément pour la Switch, mais aussi pour les autres consoles. Je réfléchis à un moyen de communiquer entre les smartphones et les consoles.
G : La PS4, on ne peut pas l’emmener partout. La Switch, oui. Sa mobilité lui donne un avantage un peu du type smartphone.
S. N : J’ai un avis très positif sur la Switch. Tu joues sur ta télé, puis quand tu dois sortir, tu l’emmènes pour jouer dans le métro et le soir tu peux jouer dans ton lit. C’est très pratique.
Je suis reparti avec quelques dédicaces, trop content !!!
Sôhei Niikawa était aussi disponible pour des sessions de dédicace.
Disgaea 1 Complete était jouable sur le stand Koch Media ainsi que Labyrinth of Refrain Coven of Dusk, le prochain RPG de NIS.
Un grand merci à Célia et Océane pour cette interview et à Sôhei Niikawa pour sa gentillesse, il est vraiment génial !