Test : Yakuza 6 – The Song of Life (PS4)

Après avoir été boudée pendant des années par le public occidental la série Yakuza a eu le droit à un regain d’intérêt du public depuis l’épisode Zero sorti début 2017, suivi de très près par Yakuza Kiwami (le remake du premier) sorti l’été dernier.
Ce Yakuza 6 : The Song of Life est censé conclure la saga de Kazuma KIRYU débutée il y a bientôt 13 ans, et mine de rien c’est toujours assez émouvant de devoir faire ses adieux à un personnage que l’on a apprécié pendant tant d’années.
Dans cet épisode abordant avec beaucoup de mélancolie les tourments d’un ex-Yakuza on rappelle constamment à Kiryu, désormais proche de la cinquantaine, qu’il a fait son temps et qu’il est temps de laisser la place à une nouvelle génération.
N’attendez pas pour autant de la part de SEGA d’abandonner en si bon chemin la très lucrative « Yakuzasploitation ».

On sait déjà que le nouvel épisode intitulé pour l’heure « Shin Ryu ga gotoku » nous mettra dans la peau d’un nouveau protagoniste appelé Ichiban KASUGA.
Yakuza Kiwami 2 (le remake de Yakuza 2) a été confirmé pour une sortie en août 2018 dans nos contrées. « Hokuto ga Gotoku » le crossover de Ken le Survivant et de l’univers de Yakuza sorti en mars au Japon attend quant à lui d’être confirmé pour l’Occident.

Haruto Shippuden

Pour la toute dernière fois on incarnera Kazuma KIRYU, Yakuza de légende surnommé le Dragon de Dojima.
Bien qu’ayant été le 4ème Président du Clan Tojo, une des plus grandes organisations de Yakuzas du pays (en compétition avec les alliances Omi et Yomei), ce dernier a décidé de laisser cette vie derrière lui afin d’ouvrir un orphelinat à Okinawa et d’élever Haruka SAWAMURA, la fille de son ancien amour de jeunesse.
A chaque nouvel épisode Kiryu fut rattrapé par son passé et forcé de reprendre du service afin de régler les conflits entre gangs et clans rivaux, on ne change pas les bonnes habitudes ici non plus.
Au début de Yakuza 6 on retrouve un Kiryu hospitalisé après avoir reçu un coup de couteau en plein abdomen (évènement ayant eu lieu dans Yakuza 5). La police en profite alors pour l’appréhender suite à diverses infractions mineures que ce dernier a commis.
Refusant de recourir à un bon avocat qui pourrait lui éviter la prison, Kiryu va rester bonhomme et endosser toute la responsabilité de ses actes afin que son entourage n’ait pas à en supporter les conséquences. 3 ans plus tard, notre héros sort de prison, mais découvre avec effroi qu’Haruka a quitté l’orphelinat, et personne ne sait où cette dernière se trouve.
Après avoir mené son enquête à Tokyo, Kiryu découvre qu’elle a été renversée par un chauffard et qu’au moment de l’accident elle portait un bébé dans les bras, son propre enfant, nommé Haruto. Kiryu décide alors de s’occuper de cet enfant dont la mère se trouve dans le coma et va partir à la recherche de son père biologique.
Grâce aux métadonnées d’une photo d’Haruka retrouvé sur son téléphone Kiryu apprend qu’avant de se rendre à Kamurochô Haruka se trouvait dans une petite bourgade située dans la préfecture d’Hiroshima, la ville d’Onomichi.
Il va donc s’y rendre afin de retrouver le père de cet enfant et savoir ce qu’elle a fait pendant les 3 ans où il était à l’ombre.
Yakuza oblige, durant l’absence de Kiryu de nombreux conflits entre gangs ont éclaté. Les triades chinoises ont conquis une partie de Tokyo, le Président du clan Tojo ainsi que Goro Majima ont été arrêtés par la police, tandis que le président par intérim de Tojo ainsi qu’un de ses adjoints décident de former une alliance avec le Clan ayant la main mise sur l’Ouest du Pays.
Une fois encore, Kiryu devra replonger dans ce monde qu’il essayait désespérément de quitter.

N’ayez crainte si c’est votre premier Yakuza, un résumé extrêmement clair des 5 premiers épisodes est disponible dans le menu principal du jeu, même si je vous recommande de jouer au moins à Yakuza 0 et Yakuza Kiwami avant de vous lancer dans cette aventure.

 

I will Kiryu !

Comme je le disais déjà dans mon test de Kiwami, ne vous attendez pas à jouer au « GTA Japonais » avec Yakuza 6, le ton comme l’ambition n’ayant pas grand-chose à voir.
L’aire de jeu est sensiblement plus étroite que dans les open-world de Rockstar, avec seulement deux quartiers de villes japonaises fidèlement reproduits et explorables par le joueur, mais sans armes à feu ni véhicules à sa disposition (les taxis servant de fast travel).
Il y a deux écoles dans les Yakuza, ceux qui jouent pour l’histoire tantôt très sérieuse tantôt débile à souhait, et les adeptes du button-mashing décomplexé.
N’ayez pas peur des dialogues interminables et des longues cinématiques dépassant souvent la demi-heure qui ne feraient pas rougir Hideo Kojima, on est dans un jeu japonais après tout.
Le fil rouge de l’aventure est avant tout un prétexte pour organiser des combats à mains nues dans une grande variété de lieux : dans un bar, dans la rue, en bord de mer, dans des hôtels luxueux, dans des tripots clandestins, …
L’ambiance générale et le jeu des acteurs sont une fois de plus impeccables, et il est très agréable pour les fans de cinéma japonais de profiter des prestations magistrales de Takeshi KITANO et Shun OGURI, prêtant leurs traits et leurs voix à des personnages de l’histoire.
On peut se contenter de suivre simplement la quête principale, mais ce serait vraiment dommage de rater les succulentes side quests optionnelles, toutes plus maboules et hilarantes les unes que les autres, en décalage complet avec le ton sérieux des guerres entre mafias interposées.
On pourra donc découvrir à tout va un mec qui s’est fait plaquer par sa copine car participant à des live chats avec des camgirls (de véritables actrices ayant été filmées en train de s’effeuiller pour l’occasion), une application mobile à base d’intelligence artificielle désireuse de dominer le monde, ou encore un couple ayant échangé de corps suite à une mauvaise chute dans des escaliers.
Ces quêtes annexes sont l’occasion de régler les problèmes d’autrui avec le dialogue plutôt que par l’usage de ses poings, et rapportent de l’expérience ainsi que des objets très utiles pour sa progression (l’équipement augmentant les statistiques de son personnage, la nourriture et les boissons restaurant sa barre de vie et de spécial).

Le système de combat est bien plus complexe et profond qu’il n’y paraît à première vue.
Au départ on peut simplement donner des coups de poing, coups de pied, esquiver, attraper son adversaire ou bloquer les coups adverses.
Avec l’expérience accumulée lors des combats, des quêtes, des mini-jeux et des combats on pourra améliorer ses statistiques de base (vitalité, esquive, défense, force) ainsi qu’acheter tout un tas de nouveaux coups, permettant d’allonger ses combos et de disposer de nouvelles options lors des combats.
Une des marques de fabrique de la saga est la possibilité d’utiliser tout un tas d’éléments issus de l’environnement pour fracasser la racaille à proximité : cône de signalisation, pots de fleurs, vélos, scooters, chaise de bureau, mobilier d’intérieur, …
Les épées, matraques et autres armes à feu des ennemis peuvent également être ramassées afin d’infliger une sévères correction aux adversaires pas très réglos.
Le sens du détail est parfois poussé très loin : boire de d’alcool vous fournira certes des bonus en Heat (la jauge de spécial permettant de donner des super coups) mais vous fera également tituber, et il faudra boire de l’eau ou des médicaments pour retrouver au plus vite un état normal.

Le seigneur des Kitano

La nouveauté majeure de son épisode, martelée par l’équipe marketing dès son annonce, est la promesse d’une expérience entièrement « seamless ».
Fini les temps de chargement au déclenchement d’un combat ou pour entrer dans un magasin, les transitions sont désormais entièrement invisibles et les rares moments d’attente se font entre les chapitres à l’issue de longues cinématiques.
Le pari est remporté haut la main, et c’est un plaisir de pouvoir explorer Kamurocho et Onomichi sans être haché dans sa progression à chaque fois que des loubards nous agressent ou que l’on veut entrer dans un magasin pour faire des emplettes.
Désormais absolument tous les dialogues du jeu sont doublés alors que dans les épisodes précédents les échanges non essentiels au scénario se contentaient simplement des textes sans les voix.
Il est désormais possible de fuir les combats une fois ceux-ci enclenchés, une première pour la série, et fluidifiant un peu plus la progression.

Une autre nouveauté est l’introduction des combats de clans où l’on gère de manière stratégique le placement et le choix de ses unités afin d’occire l’équipe adverse afin de prendre part soi-même au combat dans un second round. Nos unités gagnent de l’expérience à l’issue des combats et il est possible d’en recruter de nouvelles après leur avoir botté le train et gagné leur respect lors de ses promenades en ville.

 

En bon héritier de Shenmue il est toujours possible de s’adonner à des jeux d’Arcade mythiques de SEGA en version complète : Space Harrier, Super Hang-On, OutRun, Fantasy Zone, Puyo Puyo et même Virtua Fighter 5 Final Showdown (ces deux derniers sont jouables à deux depuis le menu principal).
A cela s’ajoutent de très nombreux mini-jeux comme les fléchettes, la plongée sous-marine, les matchs de baseball, le karaoké, le live chat, la gestion d’un bar à hôtesses, le fitness ou encore la recherche de chatons (que l’on peut appâter avec du poisson en conserve acheté à la supérette du coin).

Le système d’expérience et de progression est grandement amélioré dans cet épisode et est extrêmement limpide. Pratiquement tout ce que fait le joueur rapporte des points d’expérience : rosser des criminels, manger des plats dans un restaurant, réussir les succès internes au jeu ou encore réussir des mini-jeux.
Les canettes achetées dans les distributeurs peuvent octroyer un boost temporaire de ses statistiques (attaque, défense, EXP ou argent gagné), et vu leur coût minime il est plus que recommandé d’y avoir recours.

Yakuza 6 introduit même un réseau social dédié à gérer les embrouilles et les bagarres, génialement appelé Troublr en anglais. Un énorme bravo aux équipes de localisation capables de merveilles d’ingéniosité dans les dialogues, sublimant le matériau initial et introduisant des gags à gauche à droite, en parfaite adéquation avec l’esprit décontracté de la série.

Spring of Life

Ce Yakuza 6 : The Song of Life est un excellent cru dans la série après un 5ème épisode qui voulait trop en faire et qui in fine a pas mal déçu.
Il est dommage que cet épisode conclusif des aventures de Kiryu soit moins fou et décomplexé que Yakuza 0, et que le système de combat ait été simplifié avec la disparition des différents styles de combat. Pour un épisode « final » et premier jeu de la série développé exclusivement pour la PS4 on peut également regretter que les zones de jeu soient si étroites. Après autant d’épisodes dans la série on connaît par cœur le quartier de Kamurocho et apparaît un certain sentiment de lassitude que la découverte de la nouvelle ville d’Onomichi assez intimiste ne parvient pas totalement à combler. Il est regrettable que certains personnages majeurs de la série soient si peu exploités et fassent davantage office de caméos.
Cependant, les différents aménagements apportés à la formule (Dragon Engine rutilant malgré un aliasing prononcé, progression intégralement seamless, système d’expérience remodelé), le système de combat toujours aussi jouissif et le scénario ultra prenant ainsi que son final complètement maboule permettent de vite oublier ces écueils. La formule est désormais bien éprouvée et ravira sans peine les fans de longue date ainsi que les quelques curieux qui se décideront enfin à franchir le pas.
On s’y était habitués à ce bon vieux Kiryu, et ça va être difficile de se faire à l’idée qu’il appartient désormais au passé. Le Dragon de Dojima est mort, vive le Dragon de Dojima !

Falcon

Points forts :

  • Le scénario complètement dingue
  • Le système de combat a toujours autant de patate
  • Modélisation impeccable des villes
  • Visuellement très agréable à l’œil
  • Musiques sublimes
  • Le pari tenu de la progression « seamless »
  • Système de progression modernisé
  • Les mini-jeux toujours aussi variés et amusants

Points faibles :

  • De nombreux problèmes techniques (aliasing très prononcé, tearing, framerate)
  • 1 seul personnage jouable, contre 4 ou 5 dans les précédents
  • Disparition des différents styles de combat
  • La taille des villes assez chiche
  • Certains personnages pas assez exploités

LA NOTE : 17/20

Genre : Action-Aventure / Bagarre de rue
Développeur : Ryû ga gotoku Studio
Editeur : SEGA / Koch Media
Support : PS4
Date de sortie : 17 avril 2017

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