Test : LocoRoco Remastered (PS4)

Sorti de nulle part en 2006, LocoRoco avait fait sensation sur PSP, console qui peinait à l’époque à se démarquer face à une Nintendo DS écrasant tout sur son passage. À mille lieux de toute forme de réalisme, LocoRoco était ce petit bol de fraîcheur à l’identité artistique bien marquée ayant permis d’imposer une certaine identité au catalogue de la PSP.
De manière assez inattendue, Sony a annoncé en décembre dernier, lors de son désormais annuel PlayStation Experience, vouloir rendre honneur à des vieilles gloires de son catalogue. Trois jeux font partie de la première fournée de remasterisations : Parappa the Rapper, Patapon et LocoRoco. C’est de ce dernier dont on va parler aujourd’hui.

 

Jeu de boules

LocoRoco sont de petits êtres sphériques et colorés, sans bras ni jambes, capables de très peu de choses dans la vie, si ce n’est de chanter.
Ce sont en quelque sorte des Barbapapa revisités, et l’on en trouve de toutes les formes et de toutes les couleurs dans cet univers bigarré.
Comme l’indique assez astucieusement le titre du jeu grâce à ses majuscules, le jeu se contrôle essentiellement à l’aide des touches L et R. Ces dernières permettent de faire basculer l’écran de jeu au choix sur la droite ou sur la gauche, avec plus ou moins d’intensité.

Les LocoRoco étant de petits êtres ronds, ils vont logiquement basculer en direction du côté duquel ils sont inclinés.
Il est possible de les faire sauter en pressant puis en relâchant les 2 gâchettes simultanément, afin de progresser à travers les nombreux obstacles présents dans chaque niveau.
On commence chaque niveau en contrôlant un seul LocoRoco, mais en mangeant des petits fruits oranges, souvent bien cachés, notre personnage grossira et se démultipliera encore et encore. L’on pourra ainsi atteindre le nombre maximum de 20 LocoRoco par niveau.
Plutôt que de contrôler plusieurs dizaines de petites créatures à l’écran simultanément, ce qui peut vite être un joyeux bordel, c’est notre unique LocoRoco qui grandira et prendra de plus en plus de place à l’écran au fur et à mesure de ses repas frugaux.

D’une pression de la touche Rond, l’on invoquera un éclair qui aura pour effet de séparer notre unique blob en autant de LocoRoco que l’on a mangé de fruits. Une longue pression permettra de rassembler nos petits êtres dispersés en un blob unique.
L’utilité d’une telle manœuvre étant de passer à travers certains passages étroits et d’éviter certains obstacles. Un seul gros LocoRoco étant plus lourd et couvrant moins de surface que plusieurs dispersés, il faudra parfois faire usage de tactique afin d’explorer de fond en comble chaque niveau et en déceler tous les secrets.
Bien évidemment, de nombreux ennemis -parmi lesquels les ignobles Mojas aux dents acérées- essaieront de bloquer votre progression, et le moindre contact avec ces derniers ou avec des pièges piquants aura pour effet de vous faire perdre quelques LocoRoco. À la manière d’un Yoshi’s Island avec Bébé Mario, on aura alors une poignée de secondes pour tenter de récupérer nos camarades avant qu’ils disparaissent. En sautant par-dessus ou par en dessous d’un ennemi, il sera possible de l’occire et de progresser plus sereinement dans le niveau.

Voilà à peu de chose près tout ce qu’il faut savoir sur le système de jeu de LocoRoco. À première vue, cela peut sembler assez simple, voire simpliste. Seulement 3 touches, et éviter des ennemis pour atteindre la fin d’un niveau linéaire.
Mais très vite, de nouveaux éléments apparaîtront et quelques surprises viendront ponctuer la progression du joueur au fil des niveaux, afin de casser la routine.
La glace, par exemple, aura pour conséquence logique de faire glisser nos personnages et les faire aller très vite, leur permettant de faire des loopings.
Certains niveaux permettront de faire trempette dans des étendues d’eau, et les courants d’air auront pour effet de séparer nos petites créatures, tout en les transportant un peu plus loin dans un stage.
À certains moments, nos bébêtes pourront même changer de forme pour devenir plus carrés, par exemple, et l’on pourra faire la connaissance de bestioles qui en s’accrochant à notre personnage nous ralentissent, mais par chance, ces derniers ont une phobie de l’eau.
Comme chaque jeu de plateforme qui se respecte, LocoRoco est découpé en différents mondes, eux-mêmes découpés en niveaux.
Lorsque l’on en termine un, on nous indique le temps que l’on a mis pour le parcourir, le nombre de LocoRoco obtenus, ainsi que le nombre de MaiMai et de Libellules roses que l’on a récoltés.
Dans chaque niveau sont planqués 3 MaiMai qui débloquent des éléments de décoration pour sa maison LocoRoco, et les libellules servent de monnaie pour participer à différents mini-jeux.

La vida Loco

L’une des principales qualités de LocoRoco est sa patte artistique assez folle. Bien sûr, en 2006 la vague de jeux indépendants n’avait pas encore déferlé, mais à sa sortie, LocoRoco était l’un des rares à boxer dans cette catégorie de jeux au concept simple et à l’esthétique visuelle très marquée et originale.
Cela ne vous a pas échappé en visionnant des images du jeu, les décors très simples et le nombre de couleurs assez restreint donne un cachet indéniable à l’univers de LocoRoco.
Le jeu a intégralement été réalisé en 2D vectorielle, et chaque élément du décor est souvent composé d’un aplat de couleur unique, sans textures complexes ni très fouillées.
Les couleurs et les formes simples plaquées les unes sur les autres donnent à l’ensemble une esthétique très particulière, faisant penser aux découpages et aux collages en papier crépon sortis tout droit d’un livre pour enfants.
Les compositions musicales d’une qualité remarquable sont assez renversantes et collent parfaitement à cet univers déjanté. Il est difficile de décrire spécifiquement ce qui les rend si unique, tout bonnement car on n’a pas l’habitude d’entendre ce genre de tonalités dans une bande originale de jeu vidéo habituellement. Toujours est-il que de très nombreux instruments exotiques venus des 5 continents, couplés à des bruitages loufoques, ça fait souvent bon ménage dans un jeu vidéo si ce sont des gens talentueux et excentriques aux commandes ; Christophe Héral l’a maintes et maintes fois prouvé avec ses musiques extraordinaires pour Rayman et Beyond Good and Evil.
Les chansons font usage d’un dialecte imaginaire dont on croit reconnaître des tonalités françaises, italiennes, espagnoles et japonaises, et les chanteurs sont tantôt des enfants, tantôt des barytons au timbre très marqué.
Tout cela contribue à l’aspect bon enfant de ce titre relaxant et assez hors-norme.

Right in the LoKokoro

Après le remaster de Parappa the Rapper ayant énormément déçu (notamment à cause d’un très mauvais calibrage du timing sur les écrans HD), ce second essai corrige le tir et propose une remasterisation tout à fait correcte, permettant de faire découvrir ce très bon jeu à un nouveau public.
Comme pour Patapon et Parappa, le fait que l’esthétique et les textures soient très simples rend d’autant plus aisé le travail de conversion. Le jeu tourne sans aucun problème en 1080p à 60 images par secondes, et même en 4K sur PS4 Pro.
Il est certes très dommage que cette remasterisation ne sorte pas sur PSVita (le jeu est malgré tout disponible en PSP Classics sur le PlayStation Store), mais on ne va pas bouder notre plaisir pour autant.

Je ne peux que vous conseiller l’achat de ce jeu si vous n’y avez jamais touché, d’autant qu’il est vendu à petit prix (15 € plein tarif et 12 € pour les abonnés PS+).
Espérons qu’une conversion HD soit prévue pour LocoRoco 2, et pourquoi pas, si les ventes sont au rendez-vous, une suite inédite ? Patapon a bien eu le droit à 3 vrais épisodes, lui.

Falcon

Les points forts :

  • Concept très accrocheur
  • L’univers donne envie de retomber en enfance
  • Artistiquement sublime
  • Musiques démentes
  • Excellente durée de vie (surtout si l’on vise le 100%)

Les points faibles :

  • Concept vite répétitif si l’on ne joue pas par petites sessions
  • Le moteur physique et ses approximations qui font parfois rager
  • Pas de version Vita, un comble pour un jeu créé pour une console portable
  • Les cinématiques d’époque dans la résolution d’époque
  • Pas de contenu inédit
  • Les mini-jeux assez chiches

La Note : 15/20

 

Développeur : Sony Japan Studio
Éditeur : Sony Interactive Entertainment
Genre : plates-formes / puzzle
Support : PS4 (PSP et PSVita pour la version originale)
Sortie : 9 mai 2017

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