Test : INSIDE (PC)

inside-uneCette première moitié de 2016 a été exceptionnelle pour le jeu vidéo indépendant : Blow qui livre enfin son magnifique The Witness après 7 années de développement, Hyper Light Drifter qui confirme tout le potentiel de son Kickstarter, les créateurs de Risk of Rain qui reviennent avec un jouissif DEADBOLT, mais aussi Enter the Gungeon, That Dragon CancerFirewatch, Oxenfree

Il ne s’est pas passé un mois sans qu’on compte la sortie d’un titre majeur ou d’une belle surprise, tant et si bien que je me retrouve déjà emmerdé pour mon Top 5 de fin d’année. Et ce n’est certainement pas INSIDE de Playdead qui va m’aider à départager les cinq futurs lauréats : comme avec LIMBO, les Danois réussissent un nouveau coup de maître, tant sur le fond que dans la forme.

Limbo-like

Comme Jonathan Blow avec The Witness, les créateurs de LIMBO ont pris un temps considérable (selon les standards de l’industrie) pour terminer leur nouveau projet. Six années de développement ont été nécessaires afin qu’INSIDE arrive enfin sur nos machines (d’abord sur XboxOne, puis sur PC), pour le plus grand plaisir des amateurs plateformers un poil glauques. En effet, en bonne suite spirituelle de LIMBO, INSIDE vous place une fois de plus aux commandes d’un enfant dans un univers sacrément hostile, qui ne se privera pas de le tuer de manière souvent très graphique… On retrouve d’ailleurs ces moments où, une fois rattrapé par le danger, on ne peut qu’assister, impuissant, à la mise à mort du personnage : quelques secondes souvent insoutenables qui ne nous épargnent aucun détail graphique et semblent durer une éternité.

On retrouve aussi ce mélange de plateforme/puzzle qui avait fait la renommée de LIMBO, saut lunaire et énigmes à base de caisses à pousser compris. Ce n’est certes pas révolutionnaire, mais les puzzles ne se répètent jamais et certaines séquences où il faut contrôler des « zombies » via un casque aux propriétés télépathiques viennent agréablement varier les mécaniques, autrement très classiques. On court, on saute, on active des interrupteurs, on évite des dangers au pixel près : un best-of de tout ce qu’il y avait déjà dans LIMBO, mais réalisé avec maestria, autant dans la variété des situations que dans son exécution technique (l’erreur est cette fois toujours à la charge du joueur et non à celle d’un moteur un peu perrave, comme celui de LIMBO).

 inside-1 inside-7

Petit conte cruel

Côté narration, on retrouve également le côté immédiat et « histoire sans paroles » de LIMBO : le jeu commence in medias res avec un jeune garçon fuyant dans une forêt sombre, poursuivi par d’étranges hommes portant des masques. On traversera ensuite une ferme abandonnée où les cochons sont possédés par des parasites qui les rendent agressifs, une ville où les hommes masqués emmènent par camions entiers d’autres humains à la démarche de zombies… Playdead maîtrise parfaitement le rythme de son aventure, ne s’attardant que rarement dans un même décor, tout en variant systématiquement les situations de jeu : tantôt il s’agit de fuir, puis de se cacher au grand jour en mimant les déplacements des « zombies », à un autre moment, il faudra éviter de se faire vaporiser par une onde sonore…

De plus, le studio déroule une histoire de société dystopique, flirtant avec le nazisme, où des expériences borderline sont réalisées dans le plus grand secret. Aucune clé de compréhension ne sera livrée par l’épilogue (ni par la fin alternative, encore plus étrange) et ce sera au joueur de relier les points de cette histoire dont le dernier acte, « cronenbergien » en diable, devrait en secouer plus d’un. Mais chut, il vaut mieux ne pas trop en dire… J’ai d’ailleurs pris soin de n’illustrer cet article qu’avec des images du début du jeu ou de séquences déjà vues lors de l’E3, afin de ne pas spoiler celles et ceux qui voudraient garder toute la primeur de la surprise.

 inside-3 inside-6

À l’intérieur

Mais INSIDE ne se résume pas qu’à un simple clone de LIMBO. Non, il en serait plutôt une version perfectionnée, polie avec une maniaquerie qui frise l’obsession du détail : là où leur premier jeu utilisait avec intelligence des moyens limités pour pondre une esthétique radicale et marquante, Playdead a, cette fois, mis le paquet visuellement pour donner à INSIDE un écrin somptueux. Certes, on reste dans un look minimaliste et quasi-monochrome, les quelques couleurs présentes servant d’indicateurs pour le joueur, mais ils ont ajouté quantité d’effets qui donnent au titre une apparence qui semble par instants photo-réaliste.

Que ce soit les lumières, les effets météorologiques ou encore le côté opaque des passages sous-marins, tous ces détails confèrent à INSIDE une apparence jamais vue, tout en restant parfaitement identifiable, comme le « style Playdead« . Malheureusement, les screenshots présents sur cette page ne rendent pas justice au boulot accompli par les Danois, mais une fois en jeu, le rendu est véritablement bluffant de réalisme. Mention spéciale aux animations, d’un naturel incroyable : notre personnage réagit en permanence à son environnement, que ce soit par un coup d’œil derrière lui ou vers le fond de l’écran, une démarche mal assurée sur un terrain accidenté ou sa façon de se coller aux vitres pour nous laisser admirer un panorama en contrebas. À noter que Playdead a aussi beaucoup bossé sa mise-en-scène, notamment en utilisant l’arrière-plan, renforçant encore l’immersion dans ce monde désespéré : une façon géniale de raconter son histoire sans le moindre texte, en proposant des saynètes à observer du coin de l’œil, tout en traversant une zone. Absolument brillant.

inside-8 inside-9

Alors, INSIDE, nouveau Game of the Year pour 2016 ? C’est bien parti pour, car même s’il souffre d’une durée de vie que certains vont trouver un peu courte (autour des 2-3 h de jeu lors du premier run), le nouveau Playdead profite de sa brièveté pour enchaîner les séquences marquantes, renouveler sans cesse son gameplay et permettre au joueur de boucler l’aventure d’un seul tenant. Je ne saurais d’ailleurs que trop vous conseiller de vous libérer au moins deux heures, tirer les stores et mettre un casque pour apprécier pleinement ce nouveau petit bijou indépendant. Et si vous êtes du genre complétionniste (ou curieux), le jeu recèle une douzaine d’orbes sacrément bien cachées pour déclencher la fin alternative. Allez hop, on ne va pas chipoter plus longtemps : INSIDE est un nouveau chef d’œuvre, point à la ligne.

Points forts :

– Un nouveau chef-d’œuvre, pas moins.
– Le boulot de mise en scène avec l’utilisation de l’arrière plan.
– L’ambiance générale, une nouvelle fois hyper oppressante avec une économie d’effets.
– Les graphismes minimalistes, mais rehaussés d’une patine qui les rend quasi photo-réalistes.

Points faibles :

– La durée de la première partie, aux alentours des 2-3 h.

La Note : 19/20

Développeur/Éditeur : Playdead
Genre : LIMBO-like
Supports : PC, XboxOne
Date de sortie : 28 juin
sur XboxOne, 07 juillet sur PC

Enregistrer

Enregistrer

  • Sironimo20/07/2016 à 12:00Permalink
    Ce test m’a convaincue ^___^ ! En plus je suis ultra fan de LIMBO <3

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *