Test : Enter the Gungeon (PC)

Enter the Gungeon - LogoAprès une « mise en bouche » et un aperçu en vidéo du nouveau titre édité par Devolver Digital, voici venu le temps de la critique en bonne et due forme pour Enter the Gungeon !

Si vous êtes un lecteur régulier de Gamingway, vous connaissez certainement mon amour immodéré pour The Binding of Isaac – Rebirth. Et si l’on voulait résumer un peu grossièrement le titre de Dodge Roll Games, on pourrait le qualifier de BoI AVEC DES FLINGUES. (Anecdote rigolote : ce capslock a été aussi involontaire que bizarrement à propos, je le laisse donc.)

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The Gunning of Isaac

Bon, résumer Enter the Gungeon à une simple variation d’Isaac serait un brin réducteur, même si les développeurs assument totalement cette filiation lors de leurs interviews. Et à la liste des influences évidentes au premier coup d’œil, on peut également ajouter Spelunky, Dark Souls ou encore Nuclear Throne. Voilà, maintenant que ce name-dropping incontournable a été évacué, on peut s’attaquer au gros morceau, à savoir « qu’est-ce que c’est que c’est quoi, Enter the Gungeon » ?

À mi-chemin entre le rogue-like et le shoot’em up, EtG vous fait incarner un malandrin ayant quelque chose à se reprocher et qui tente sa chance dans le Gungeon, un donjon étrange recelant une arme, dont on raconte qu’elle peut « tuer le passé ». Comme dans Isaac, il faudra explorer chaque salle du niveau afin d’en débusquer le boss, salles qu’il faut vider de tous ses occupants avant de pouvoir en sortir. Énorme différence avec le jeu de McMillen toutefois, le rythme des parties – et ce, dès le premier niveau – est bien plus élevé, se rapprochant par moments d’un danmaku quand les boulettes ennemies se mettent à envahir l’écran et qu’il faut slalomer entre elles pour éviter les dégâts.

Ce qui me permet d’aborder l’une des mécaniques au cœur du jeu : la roulade. Car oui, comme dans Dark Souls et consorts, on passe beaucoup de temps à esquiver les attaques adverses, grâce à ce mouvement gracile maîtrisé par l’ensemble des collégiens du monde entier. Ici, pas de jauge d’endurance qui s’épuise, notre avatar peut enchaîner les cabrioles à l’envi, ce qui est la moindre des choses quand on voit le pattern de boulettes de certaines attaques complètement over-the-top. Esquiver les coups devient vite comme une seconde nature et l’on se surprend à enchaîner roulade-coup de shotgun-roulade, sans même y penser. Ce sera justement lorsque vous cogiterez un peu trop que le trépas vous cueillera : l’hésitation se payant aussi cher que les points de vie sont rares.

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Spegunky

Il est évident que dans un jeu appelé Enter the Gungeon, on ne passera pas le plus clair de son temps à baguenauder dans les décors et qu’il faudra tôt ou tard faire parler la poudre. Et de ce point de vue, le jeu ne se montre pas avare en instruments de mort, puisqu’il en propose plus d’une centaine, tous plus farfelus les uns que les autres : du classique revolver en passant par l’inévitable fusil laser, on trouve également des armes exotiques comme le lance-glaçons, la ruche (?!) ou le lance-t-shirts, parfait pour ralentir les ennemis. La variété ne manque pas, mais on est tributaire de l’aléatoire pour trouver ces armes, ce qui peut rendre certaines parties frustrantes si le destin ne joue pas en notre faveur.

Le feeling des armes est absolument fabuleux, chaque flingue ayant son petit sound-design dédié et un rythme d’attaque propre : ainsi, certaines armes tapent fort mais sont extrêmement lentes (le lance-boîte, par exemple, une horreur), d’autre sont hyper-rapides mais font peu de dégâts, quand d’autres – complètement pétées – permettent « d’annuler » les tirs ennemis, tout en touchant leur cible (le lance-glaçons, parmi mes préférées !). Bref, le soin maniaque apporté à ce feeling rend le titre de Dodge Roll Games immédiatement fun et jouissif, à la façon du Nuclear Throne de Vlambeer. De plus, il faut prendre en compte la contenance du chargeur de chaque arme pour ne pas se retrouver sans munitions pendant quelques précieuses secondes : il faut donc mettre en place une chorégraphie où chaque pas correspondrait à une roulade, un tir, un changement d’arme ou le rechargement de celle-ci. Une fois la gymnastique assimilée, le sentiment de puissance est grisant.

Un marchand sera présent à chaque niveau (sur cinq) pour vous permettre de dépenser votre argent durement acquis : ses marchandises ne sont toutefois pas données et il ne sera pas rare d’hésiter de longues minutes entre acheter un point de vie supplémentaire ou une clé pour ouvrir un coffre, ce dernier pouvant contenir une nouvelle arme, un objet secondaire ou des ressources (PV, argent ou balles à blanc). Les balles à blanc sont la smart bomb d’Enter the Gungeon, une fois déclenchée elle annule tout tir présent à l’écran, en plus de faire quelques dégâts aux ennemis ou d’étourdir les boss. Très efficaces, ces blank shots sont à utiliser avec parcimonie, car on ne les trouve que rarement. Autre petit détail agréable, certaines salles disposent d’un téléporteur, ce qui permet de s’y rendre immédiatement sans avoir à retraverser le niveau en entier : une optimisation qui rend les parties encore plus fluides et nerveuses.

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Gun Souls

Gare au joueur inattentif, car Enter the Gungeon, à l’instar de son lointain cousin Dark Souls, est un jeu exigeant et difficile, requérant une attention de tous les instants, ainsi que des nerfs en acier trempé. Que ce soit lors des combats de boss où les boulettes pleuvent ou dans les salles « normales » où des ennemis peuvent apparaître subitement en plein combat, chaque run de EtG mettra votre sang froid à rude épreuve, sa nature de rogue-like rendant l’échec d’autant plus cuisant : lorsqu’on meurt, on recommence au premier niveau (à oilpé) avec de nouvelles salles générées aléatoirement. Toutefois, un système d’unlocks permanents permet de se faciliter (un peu) la vie, grâce à des armes plus puissantes que les flingues de base, des améliorations de PV ou des objets secondaires, passifs ou à déclencher, qui viennent contrebalancer un désavantage de prime abord injuste. Il est aussi possible de libérer des personnages prisonniers dans les niveaux qui viendront s’ajouter au roster de base, quand ce ne sont pas des marchands ou des raccourcis vers les niveaux inférieurs du donjon.

Dernier point et non des moindres : l’excellente OST composée par Doseone, musicien de talent qui, une fois de plus, ravira vos oreilles de son habituel mélange entre électro et hip-hop, parfaitement adapté à l’univers déjanté du jeu. Il a même prêté sa voix à un flingue qui émet le son « Bullet » à chaque coup tiré. Étrange de prime abord, puis l’on se surprend à essayer de caler ses tirs, juste pour coller au rythme de la musique. À noter que le jeu dispose d’un mode coop’ en local, mais que pour des raisons matérielles, je n’ai pas pu le tester : rassurez-vous, BigLova en avait parlé dans son article précédent !

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Grâce à un contenu à s’en faire péter la panse, Enter the Gungeon s’impose comme le parfait mélange entre Isaac et Dark Souls, tout en proposant une identité et des idées foncièrement originales : son design choupignon© où tout, des PV aux ennemis, est inspiré par des balles, conviendra certainement plus à ceux qui s’étaient trouvés rebutés par l’univers cracra et glauque d’Isaac. Toutefois, la difficulté est clairement au rendez-vous, voire plus que dans le jeu de McMillen ! La prise en main est immédiate (surtout au combo clavier-souris) et on s’amuse dès les premières secondes grâce au soin maniaque apporté aux armes et aux petits détails qui fourmillent dans les décors. En un mot comme en cent, si vous aimez les shooters nerveux et exigeants : foncez !

Go-Ichi

Points forts :
– Une prise en main et un fun immédiats.
– La difficulté est là !

– Une direction artistique et une OST au top !
– Des armes et des objets par centaines.

Points faibles :
La difficulté est là !
– Plus répétitif que Isaac.

La Note : 18/20

Développeur : Dodge Roll Games
Éditeur : Devolver Digital
Genre : Rogue-like/Shoot’em up
Date de sortie : 05 avril 2016
Supports : PC (Windows, Mac, SteamOS), PS4

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