Test : Dropsy (PC)
Dropsy le clown n’est qu’amour. Oui, il n’a pas une tronche de porte-bonheur, sa dentition laisse à désirer et ses bras en guimauve évoquent plus le hentai que cette douce sucrerie. Certes. Mais Dropsy est la créature la plus adorable au monde et tout ce qu’il souhaite – en bon clown – c’est rendre les gens heureux à grands renforts de câlins. Aaaaaw…
Free Hugs
Malheureusement, et en partie à cause de son apparence repoussante, les gens n’aiment pas Dropsy. Ils se dérobent à lui quand il essaie de les hugger, lui crient dessus quand il essaie de communiquer (Dropsy ne parle pas), bref la vie de Dropsy, c’est pas de la tarte. Tellement pas de la tarte que le jeu débute en nous apprenant que sa mère a péri lors de l’incendie du cirque et qu’on accuse Dropsy d’en être le responsable. Pas glop.
Qu’à cela ne tienne, Dropsy (le jeu, c’est pour ça qu’il est écrit en gras) vous demandera de faire la lumière sur cette tragédie tout en rendant service aux habitants que vous croiserez sur votre chemin et ce, parce que l’amour. Oui, l’amour. Ou la bonté, c’est comme vous voulez. Car les trois-quart de ces habitants ne consisteront qu’en des quêtes secondaires totalement optionnelles pour venir à bout du titre et qu’il faudrait vraiment être un monstre sans cœur pour ne pas leur filer un petit coup de main en passant. Ne serait-ce que pour la satisfaction de voir le mur de notre chambre se garnir de dessins à l’effigie des personnages ainsi aidés ou la petite animation de hug trop choupie quand ils se laissent enfin câliner.
Dropsy est l’un des point’n’click les plus reposants qu’il m’ait été donné de faire ces dernières années. Malgré son look déjanté, son absence de dialogues compensée par des pictogrammes à déchiffrer et son univers absurde évoquant les productions LucasArts, Dropsy maintient une cohérence de tous les instants dans ses énigmes et ne vous bloque jamais bêtement dans un écran : si l’accès à un lieu vous est refusé, vous pouvez être certain qu’il sera accessible plus tard, si vous suivez le fil rouge. De plus, sa structure en monde ouvert (un petit monde, certes, mais ouvert) fait que vous aurez toujours un petit truc à faire avant de poursuivre l’histoire principale, ce qui vous donnera parfois des indices sur la suite des évènements.
Love is Hugs
Et il vaudrait mieux profiter de ces petits à-côtés car si vous vous contentez de la trame centrale, vous risquez la déception : bout à bout, le scénario ne vous occuperait à peine plus de deux heures, si les développeurs n’avaient pas eu une astuce pour éviter cette catastrophe. En effet, le jeu vous lâche la bride dès les premiers instants et la toute première énigme est volontairement complexe : cela est évidemment pensé pour vous pousser à aller explorer la ville et ses environs, vous familiariser avec les PNJ et leurs besoins et découvrir que le jeu propose un cycle jour-nuit. Loin d’être uniquement cosmétique, cette feature impacte directement la position des personnages : ainsi la gamine qui joue dans le parc ne sera présente que pendant la journée, certains magasins n’ouvrent que la nuit, etc.
Au cours de votre aventure, vous allez également avoir des compagnons de voyage aux capacités différentes : un chien et une souris qui peuvent s’introduire dans endroits autrement inaccessibles à votre baudruche de clown, et un poussin qui peut voler pour attraper des objets hors de portée. Il faudra donc souvent revisiter un écran pour tenter une nouvelle approche, avec un personnage différent. Un point qui me permet d’aborder l’autre défaut du jeu : les incessants allers-retours entre les tableaux.
Comme il s’agit d’aider des personnages répartis sur la map, il est évident que l’on va devoir parcourir de long en large la cinquantaine d’écrans qui la compose pour trouver l’objet nécessaire à la résolution d’une énigme avant de l’apporter à son destinataire. On finira par débloquer une voiture qui permettra d’effectuer un « voyage rapide » entre deux lieux, mais cela ne changera rien au côté fastidieux des allers-retours. Cela dit, le monde du jeu n’est pas immense, Dropsy se déplace à une vitesse agréable et le jeu n’est pas bien long : autant d’arguments pour éviter une lassitude dans ces errances qui auraient flingué un titre plus long.
Malgré sa tronche pas possible, Dropsy est un grand point’n’click qui réussit à dire énormément avec une économie de moyens incroyable. Le langage en pictogrammes est complexe juste comme il faut pour ne pas rendre les énigmes trop évidentes et ces dernières sont relativement logiques, compte tenu de l’univers foutraque du titre. La musique est aussi exceptionnelle, instaurant parfaitement un mélange de malaise et de mignonceté tout au long de l’aventure.
On regrettera cependant la brièveté de l’histoire, même si l’intérêt premier du titre réside dans ses multiples quêtes secondaires et l’exploration d’un monde ouvert minutieusement créé. Et puis, bon sang, un jeu où le but est de faire des câlins ne peut pas être foncièrement mauvais !
Go-Ichi
Points forts :
- Faire des câlins !
- Un monde ouvert à la taille parfaite
- Des énigmes bien pensées
- C.Â.L.I.N.S.
- Les multiples personnages jouables
Points faibles :
- Du pixel-art qui ne plaira pas à tout le monde
- Beaucoup d’allers-retours
- Un poil court en ligne droite (mais à ne pas appréhender comme ça)
La Note gamingway : 18/20
La Note gamingway : 18/20
Développeur : A Jolly Corpse/Tendershoot
Éditeur : Devolver Digital
Supports : Windows, Mac, SteamOS
Date de sortie : 10 septembre 2015