Test : Cloudpunk (mise à jour) (PC)

À trop se focaliser sur la sortie lointaine de Cyberpunk 2077, on en oublierait presque que d’autres maîtrisent le genre et qu’ils peuvent nous mettre de grosses claques avec une poignée de voxels.

Il y a des nuits que l’on oublie pas, de celles qui apportent leur lot d’aventures et de surprises diverses, des nuits qui peuvent changer une vie. C’est d’ailleurs peut-être ce que tout le monde cherche en ce moment, changer de vie, rencontrer des gens, sortir dans les rues, même si c’est pour y respirer un air pollué. Je ne crois pas qu’être livreur aujourd’hui à Paris soit très enviable, mais ici, entre les gratte-ciels interminables et les voies express, on ressent parfois, de façon fugace, le souffle de la liberté.

[Mise à jour du 05/11/20]

Nous revenons rarement sur des titres déjà critiqués mais l’update en question changeant beaucoup le gameplay, il semblait important d’apporter quelques ajouts. En effet, depuis le 27 octobre 2020, Cloudpunk propose de nouvelles fonctionnalités qui peuvent paraitre mineures au premier abord mais modifient considérablement l’expérience du joueur.
Le studio Ion Lands avait annoncé depuis un moment qu’il travaillait sur une vue à la première personne et la voici intégrée. Ce point de vue de l’habitacle ajoute énormément à l’immersion, déjà l’un des gros points forts du titre, et implique une approche différente des mécaniques de jeu pour ceux qui souhaitent explorer la ville intégralement sous cet angle. La conduite en devient autrement plus ardue d’autant que les dégats du véhicule peuvent maintenant être retranscrits par des lézardes du pare-brise. Mais ces nouvelles options ne sont pas uniquement limitées à votre HOVA, il est également possible d’opter pour une caméra à la première ou à la troisième personne lors des phases pédestres. Cet apport permet de supprimer l’un des principaux défauts du jeu lié aux changements de d’angles un peu abruptes. Quel plaisir de redécouvrir Nivalis de cette façon, une excellente occasion de relancer une partie ou, pour ceux qui ne s’y sont pas encore essayés, tenter l’aventure.

The sound of music

Mon blaze, c’est Rania. Je viens de débarquer à Nivalis pour trouver du boulot, obligée de fuir la péninsule orientale pour échapper aux corpos de recouvrement qui m’ont dépouillée de tout. Il ne m’aura pas fallu longtemps avant de trouver un job alimentaire, pas de ceux qui paient le mieux, mais qui permettent néanmoins de crécher dans un appartement propre, du côté de Little China. J’ai même un balcon, ce ne sont pas les pauvres hères de la Moelle qui peuvent en dire autant. J’étais musicienne et me voilà coursière pour Cloudpunk, la société qui livre à n’importe qui et n’importe quelle heure sans poser de questions. Je vous avoue que c’est peut-être ça qui va être le plus difficile pour moi, ne rien demander, parce que des questions j’en ai plein la tête et que je ne compte nullement m’écraser devant qui que ce soit.

Nightcall

C’est triste à dire, mais j’ai vite assimilé la routine du boulot. Contrôle m’appelle pour me filer les infos sur la prochaine course, livrer un colis du point A au point B en espérant ne pas se faire serrer par la CorpSec, tout en priant pour que mon vieil HOVA ne tombe pas en rade. Ce n’est pas avec ces maigres gains que je vais pouvoir m’acheter un modèle de luxe. Entre le prix du carburant et les réparations, je peux tout juste espérer payer de quoi améliorer ses capacités de poussée et m’offrir quelques ajouts cosmétiques. Vu le temps que je passe dans mon véhicule, ce n’est pas déconnant de lui mettre un petit coup de polish ; voler dans une poubelle, ok, mais une poubelle qui pète la classe, c’est nettement mieux. Bon, c’est pas tout ça, mais je bavasse et j’en oublie que les livraisons ne vont pas se faire toutes seules, d’autant que certaines doivent être faites dans un temps imparti si je ne veux pas que la prime me file sous le nez.

Knight Rider

Je vous entend déjà d’ici : « C’est quoi cette pauvre meuf qui arrive de sa campagne pour se plaindre, alors qu’elle, elle, a déjà vu le bleu du ciel et qu’elle n’est pas condamnée à vivre dans les bas fonds des Piles ou pire, dans les Ventz avec les cultivateurs de moisissures ? »
En vérité, je ne me lamente pas tant que ça, j’aime assez me perdre dans cette cité tentaculaire. Malgré l’ambiance étouffante qui y règne, elle offre des panoramas étranges et sublimes à la fois, de ceux qui vous font couper le moteur un instant afin d’accrocher ce tableau quelque part dans le musée de votre mémoire. Et puis je ne me sens pas seule, mon fidèle Camus est là. Même s’il n’a plus d’enveloppe physique, j’ai pu conserver son esprit et lui donner une voix afin qu’il habille l’Automata de mon HOVA. Les I.A. génériques, très peu pour moi, c’est si agréable de se sentir accompagnée d’une présence familière, rassurante. J’espère enfin tenir la promesse, plusieurs fois renouvelée, de lui rendre un corps. En attendant, c’est sa voix et ses conseils plus ou moins avisés qui accompagnent mes voyages.

  

Des visages, des figures

Nivalis est une ville monstre, faite de métal, de plastique mais aussi de chair, celle des âmes perdues qui l’alimentent. On peut y croiser tout le spectre de l’humanité, des plus pauvres aux quelques riches qui narguent le petit peuple du haut de la Flèche. Humains, augmentés, androïdes, tous essaient tant bien que mal d’atteindre les hauteurs, espérant apercevoir, même pour un instant, le ciel étoilé ; et s’il faut perdre en chemin ce qui leur reste d’humanité pour ça, tant pis. Peut-être que mes origines extérieures à la ville influent sur mon comportement, mais malgré mes airs fermés et une froideur apparente, j’aime rencontrer ces êtres. Oui, je les déteste parfois, mais certains parviennent à me toucher et me feraient presque oublier mes objectifs. Lorsque cela arrive, je dévie de ma route pour rendre service, changer la vie de quelques uns, comme je me plais à le croire. Attention, ne vous y trompez pas, je ne perds pas le nord, tout se paie et même si votre situation m’émeut l’espace d’un instant, la course ne vous sera pas offerte pour autant. Parce que ce n’est pas en ramassant tous les objets qui traînent dans Nivalis que je vais pouvoir améliorer ma street cred. C’est qu’il n’y a pas que mon véhicule qui coûte cher ; vous connaissez le prix d’un frigo ? Quand on ne veut pas passer son temps à manger des sushis recomposés chez le vendeur du coin de la rue, il faut investir. Et puis ces fringues qui me donnent un air de hacker low cost… Il me faut du cash.

C’est beau une ville la nuit

Allez, je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps avec mes histoires, je me livre rarement autant et je suis certaine que vous aussi vous avez des crédits à ramasser, des placards à remplir, refaire vos stock de papier toilette. Je me suis un peu répandue, mais je crois que j’avais besoin de parler. Cette nuit a été longue, pleine de choix difficiles dont il n’est pas toujours simple d’évaluer les conséquences. Quoi qu’il en soit, j’en garderai des souvenirs indescriptibles, des rencontres inoubliables, des émotions intenses, du rire et des larmes. La beauté de la ville sombrant doucement dans les eaux froides de l’océan. Mon service est terminé, maintenant c’est à vous de prendre le volant et d’aller effectuer quelques improbables livraisons aux quatre coins de la cité.

Allo, Contrôle ?
Vous me recevez ?

Over.

 

Ominae

Points forts :

  • Jamais un monde de voxels n’a été aussi sublime
  • L’immersion totale
  • La narration environnementale
  • L’écriture générale
  • Le personnage de Rania
  • Nivalis et ses habitants
  • L’OST envoûtante de Harry Critchley
  • Le jeu des comédiens

Points faibles :

  • Les temps de chargement parfois longuets
  • La répétitivité inhérente au concept
  • Quelques bugs dans les scripts des dialogues

La note : 19/20

Développeur : ION LANDS
Éditeur :
ION LANDS, Maple Whispering Limited
Genre :
RPG, Aventure narrative
Support :
PC, Switch, Xbox One, PS4
Date de sortie :
23 avril 2020 (sur PC et plus tard dans l’année pour les autres supports)

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