Test : Ary et le secret des saisons (PS4)

Fan de jeux d’aventure à la Zelda agrémentés de plateforme, voici une nouvelle qui devrait vous faire plaisir. Les studios bruxellois Exiin et Fishing Cactus nous proposent Ary et le secret des saisons. Ce jeu, repéré depuis le début par l’éditeur américain Modus, se révélait, d’après ses premières images, très prometteur. Avec des décors colorés et des personnages très dessins animés, ce jeu est plutôt réservé à un public jeune, mais ne vous y trompez pas, le jeu est truffé de bonnes idées qui raviront également les plus âgés. Alors, est-ce qu’Ary et le secret des saisons tient ses promesses d’exploration et d’aventure dans des mondes poétiques ? La réponse dans les lignes ci-dessous.

Une Histoire simple mais agréable

Le monde de Valdi vit dans un équilibre des saisons et de la magie qui en découlent. Il y a bien longtemps, un mage ambitieux voulu s’emparer des pouvoirs des quatre saisons pour lui seul et régner sur le monde. Heureusement, un guerrier légendaire réussit à arrêter ses sombres desseins. Le récit d’Ary et le secret des saisons se passe des siècles plus tard. L’héroïne, Aryelle, est la jeune fille du gardien de la saison de l’hiver qui vit au village de Yule. Cadette de la famille, elle vit avec sa mère, son père et son frère Flynn, paisiblement, tout en rêvant du héros légendaire qui a, dans le passé, sauvé le monde et qui reviendra à chaque fois que le monde sera en danger. Malheureusement, Flynn, qui doit être le digne successeur en tant que gardien de l’hiver, a disparu et n’est pas rentré depuis plusieurs jours. Le père est dévasté et reste effondré de douleur à son bureau. Un jour, d’étranges cristaux rouges géants tombent du ciel et viennent bouleverser le climat local et déséquilibrer l’harmonie des saisons. Du coup, le Conseil des quatre saisons doit se réunir et convoque tous les gardiens pour essayer de comprendre et protéger le monde. Malheureusement, avec un père effondré et un frère disparu, personne ne sera capable de représenter l’hiver. C’est pourquoi Aryelle, bravant l’interdiction de sa mère, décide de se couper les cheveux et de partir pour représenter le gardien de l’hiver. Cela donne un petit côté « Mulan » à l’histoire qui ne nous déplait pas. Et là, l’aventure pour la nouvellement nommée « Ary » commence. Sans trop spoiler le récit, Ary devra déjouer un complot pour s’emparer de tous les pouvoirs des saisons et fera renaitre le mythe du guerrier légendaire.

 

L’histoire est certes très peu révolutionnaire et très prévisible, mais elle est plutôt bien construite et plaisante. Elle évolue au fur et à mesure de l’aventure et a quelques rebondissements. certes, elle garde une certaine touche de naïveté, mais reste suffisamment efficace pour donner l’envie de continuer jusqu’au bout et connaître son dénouement. Et pour couronner le tout, elle se termine sur une ouverture laissant percevoir une suite à cette aventure.


Un concept de jeu classique, mais avec une touche personnelle vraiment réussie

Ary et le secret des saisons se présente comme un jeu d’aventure à la 3e personne, dans l’esprit Zelda. Bon, certes, on est loin d’un Breath of the Wild, mais il faut tout de même explorer les différents mondes afin de discuter avec tous les habitants du monde Valdi. Certains vous donneront des détails sur l’histoire de leur région, mais d’autres vous confieront des mini-quêtes qui, une fois remplies, vous gratifieront d’objets ou d’espèces sonnantes et trébuchantes. Les objets vous serviront en général pour remplir d’autres quêtes, et l’argent vous permettra de vous acheter des améliorations de compétences, des armes ou des tenues. Hélas, on sent que les développeurs ont eu une tonne d’idées, mais qu’ils n’ont pas eu le temps de les finaliser. En effet, on remarque qu’il est possible d’acheter des armes. Par contre, il est plutôt difficile de voir une différence majeure entre elles, d’autant plus qu’aucune statistique n’est disponible. Les descriptions sont très sommaires et on ne peut pas vraiment conclure sur l’intérêt d’une arme par rapport à une autre. On se doute bien qu’un gourdin est moins puissant que l’épée légendaire, mais franchement, les combats sont tellement peu techniques et intéressants, que l’importance de l’arme est presque inexistante. Il est également possible d’acheter des tonnes de tenues différentes, mais je n’ai personnellement pas vraiment trouvé l’intérêt de changer de tenue, lesquelles sont très chères tandis que l’argent est très rare. De même pour les pouvoirs, il est possible d’en acheter ou d’améliorer ceux que l’on possède déjà, mais ces pouvoirs ne sont pas vraiment déterminant pour avancer dans l’aventure, par rapport aux pouvoirs des saisons.

 

Les différents mondes traversés sont remplis de monstres et vous aurez le choix de les combattre et remporter de temps en temps des bonus ou de les contourner. Clairement, cet côté Beat ’em up dAry et le secret des saisons n’est pas vraiment une référence. En effet, les monstres sont très peu variés et vous foncent bêtement dessus pour la plupart. Et en ce qui vous concerne, vous vous contenterez de frapper dans le temps sans vraiment réfléchir à une tactique de combat. De temps à autre, vous pourrez parer une attaque, ce qui vous permettra de réaliser une contre-attaque, mais cette technique est loin d’être un must à maîtriser pour finir le jeu. Éventuellement, les boss vous poseront un peu plus de problèmes, mais ces passages ne vous laisseront clairement pas un souvenir impérissable. La récompense est, en général, juste un accès plus tranquille à la zone. Pendant la première heure de jeu, vous combattrez avec hargne pour nettoyer la zone, mais très rapidement, vous les contournerez car ils vous feront juste perdre du temps, et ils réapparaissent en permanence.

Un autre aspect omniprésent dans le jeu est le côté jeu de plateforme. En effet, afin d’accéder à la suite des niveaux, dans la plupart des cas, il vous faudra faire preuve d’adresse et d’agilité pour sauter de plateforme en plateforme, tel Mario 3D. Dans certains cas, il vous faudra un peu de persévérance et vous pesterez sur les angles ou les mouvements automatiques de la caméra pas toujours adaptés à la situation. De plus, un point vraiment gênant dans un jeu de plateforme en 3D est le manque d’ombre du personnage qui permet en général de savoir où on va atterrir et viser précisément la plateforme. Ici, pas d’ombre, donc il arrive souvent de louper un saut et de devoir recommencer toute la séance grimpette depuis le début.
Comme dans tout bon jeu d’aventure, Ary et le secret des saisons fait une grande place à l’exploration. Vous devrez fouiller tous les coins et recoins pour trouver tous les coffres cachés. Vous aurez même la possibilité optionnelle de débloquer une épée légendaire en retrouvant les clés cachées et je vous garantis que vous devrez chercher sans relâche, car il n’y a aucun indice pour les débusquer.

 

Pour l’instant, on reste dans le classique du genre. Mais la grande originalité dAry et le secret des saisons et toute sa magie apparaissent avec l’utilisation des pouvoirs des sphères de saisons. En effet, vous obtiendrez pendant votre aventure les pouvoirs des quatre saisons. Ces pouvoirs vous permettront de créer une bulle de plusieurs mètres à un endroit où le climat sera celui que vous aurez choisi. « Mais à quoi cela peut-il servir ? », me direz-vous. Grâce à cette méthode, il vous sera possible de manipuler votre environnement. Plus concrètement, vous entrez dans une région où l’été est reine et vous apercevez un objet inaccessible haut perché, il faut peut-être invoquer une sphère d’hiver qui vous permettra de créer des plateformes de glace. Ou alors, une sphère de printemps qui fera apparaître des lianes pour grimper. Dans d’autres situations, vous aurez à emmener une caisse de l’autre côté d’un étang ! Il vous suffira d’invoquer l’hiver pour geler l’eau puis de passer par-dessus. Une autre illustration des pouvoirs des saisons : un interrupteur permet d’ouvrir une porte de l’autre côté de la salle, mais malheureusement, une fois enclenché, l’interrupteur ne tient pas suffisamment longtemps pour que que vous traversiez la porte. Qu’à cela ne tienne, il vous suffira tout simplement de créer une bulle de glace pour congeler l’interrupteur et ainsi bloquer la porte en position ouverte. En outre, plus tard dans l’aventure, vous débloquerez la possibilité de lancer ces sphères de saison au loin afin de créer ces bulles climatiques à des endroits hors de portée. Grâce à cette idée géniale, les possibilités d’utilisation se multiplient grandement. Et là, apparaît un autre aspect du jeu, les énigmes. Les niveaux en sont truffés. Il vous faudra en permanence chercher comment manipuler les saisons à des endroits déterminés et des situations précises afin de surmonter un piège ou débloquer un passage. Ces énigmes très bien pensées et très réussies sont clairement la signature d’Ary et le secret des saisons. On retrouve le plaisir de se creuser les méninges pour résoudre ces énigmes, tel qu’on l’avait connu dans des jeux comme « Portal« .

 

Ce mélange des genres marche plutôt bien et on prend un vrai plaisir à découvrir le monde d’Ary et le secret des saisons. Même si l’esprit graphique et l’inspiration poétique peuvent faire penser à un jeu pour jeunes enfants, il n’en est rien, car certaines énigmes demanderont pas mal de persévérance.
La construction du monde est assez sommaire. Le monde est divisé en quatre parties représentant le pays de chaque saison. Et dans chaque monde, il y a globalement deux zones principales : la ville très peuplée et parsemée de plusieurs missions à trouver, et les alentours où reposent de nombreux trésors cachés. Ces alentours sont sur le thème de la saison concernée. Ainsi, on se retrouvera à la plage ou dans une forêt, mais malheureusement, ils sont également plutôt vides. Le pompon revient au désert à traverser qui est absolument… euh… désertique ! Bon, certes, les développeurs ont voulu mettre un peu de cohérence, mais le joueur s’ennuie juste à traverser cette zone pendant cinq longues minutes pour ne rien trouver, finalement. Les quatre mondes sont reliés par un bâtiment central qui est le lieu où les gardiens se retrouvent et qui sera votre quartier général. Ce monde de Valdi est donc assez étendu, mais heureusement, un système de téléportation, ou plutôt de taxi porteur, vous permettra de passer d’une zone à l’autre instantanément. Enfin, presque… On regrettera les temps de chargement assez longs lors du changement de zone. Dans chaque partie se trouvent également un donjon rempli de monstres, mais ça vous le découvrirez avec les quêtes.

Une technique légère mais réussie

Sur le plan technique, les paysages d’Ary et le secret des saisons sont vraiment magnifiques. En effet, l’univers est coloré, vraiment mignon et charmant, même s’il est assez sobre et ne fait pas appel à des techniques avancées. Les scènes cinématiques sont de toute beauté et rappelle les grands moments des grands films d’animation. Les villes sont plutôt peuplées, les décors bien travaillés, surtout pour les villes. On tombe tout simplement sous le charme de la création artistique. Tous les éléments principaux sont très jolis et très polissés. À l’inverse, certains éléments secondaires sont très grossiers, à l’instar des monstres champignons ou de certaines textures qui bavent. Même si la PS4 n’est pas à la peine, l’ensemble séduit par son inspiration. Un grand bravo à la direction artistique qui réussit à nous charmer sans pour autant déployer des tonnes d’effets techniques.
La bande-son est plutôt agréable et reste bien dans la thématique de ce jeu. L’ambiance sonore retranscrit bien les atmosphères des différentes saisons et des monstres rencontrés. Certes, les bruitages manquent de variété et les thèmes musicaux ne resteront pas dans l’anthologie de la musique, mais le tout est très cohérent et contribue à l’atmosphère naïve mais charmante.
Néanmoins, il faut avouer que plusieurs petits défauts techniques viennent gâcher ce tableau. En effet, on pestera souvent sur une caméra capricieuse au milieu de sauts qui demandent un peu de précision. Plusieurs fois, des bugs de collision viendront vous poser des soucis dans votre progression, voire même vous suggéreront un passage qui n’en est pas un. Quelques ralentissements incompréhensibles viendront également vous faire manquer un saut critique. Cela dit, si vous arrivez à mettre tous ces soucis en second plan, vous passerez un moment très agréable avec Ary et le secret des saisons.
En ce qui concerne la durée de vie, il vous faudra une grosse dizaine d’heures pour arriver à la conclusion de ce jeu en faisant la plupart des quêtes secondaires, ce qui est un peu juste si on le compare à un Zelda, mais cela reste néanmoins très acceptable, car ce sont dix heures plutôt plaisantes.

 

Pour conclure

Ary et le secret des saisons a tout pour passer un moment agréable. Avec une direction artistique qui nous fait tomber sous le charme et un concept de gestion des saisons original, truffé d’énigmes tordues mais cohérentes, le titre des studios Exiin et Fishing cactus est une bonne dose de fraîcheur dans un monde où les FPS ou jeux d’horreur sont rois. Néanmoins, les petits soucis techniques et le manque de finalisation des aspects de gestion d’objets ou de combat font qu’Ary et le secret des saisons ne laissera pas un souvenir impérissable. Je recommande néanmoins ce jeu au parents qui veulent partager un moment enchanteur avec leur enfants.

Acerico

Points forts

  • Le mécanisme des saisons, le pouvoir de manipuler les saisons
  • Un univers qui a du charme
  • Des énigmes variées dans chaque niveau
  • Le monde de Valdi, tout cartoonesque et coloré
  • Une bonne narration

Points faibles

  • Des bugs par milliers
  • Les combats qui manquent cruellement de technique
  • temps de chargement trop longs et trop nombreux

La Note : 13/20

Éditeur : Modus Game
Développeur : Studio Exiin et Fishing Cactus
Genre : Aventure, Plateforme
Plateforme : Switch, PS4, Xbox One, PC
Date de sortie : 01 septembre 2020

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