Test : 428 Shibuya Scramble (PS4)

Le visual novel est un genre assez populaire depuis quelques années, démocratisé par des titres comme Professeur Layton ou Ace Attorney, même si ce ne sont pas les plus typiques. On pensait avoir fait le tour de ces jeux, au gameplay souvent très simpliste, mais Spike Chunsoft compte bien renouveler le genre avec 428 Shibuya Scramble, qui a fait fureur lors de sa sortie… sur Wii !

Un jeu très réaliste

La grosse nouveauté, c’est d’utiliser des acteurs dans des décors réels. Le quartier de Shibuya est célèbre dans le monde entier et attire de nombreux touristes. Sa gare a été rendue célèbre par le chien Hatchiko, qu’on retrouve dans des films (dont Hatchi avec Richard Gere) et le quartier est même fidèlement modélisé dans plusieurs jeux vidéo (Tokyo Mirage Sessions #FE et Persona 5, notamment). Mais c’est la première fois qu’un jeu utilise des prises de vues réelles et de véritables acteurs. Pour augmenter l’immersion, on nous explique même les habitudes des habitants du quartier, les lieux les plus populaires, le fonctionnement des institutions, etc. Bref, tout ce qu’il faut savoir des us et coutumes des Japonais pour bien comprendre le jeu. On a rarement poussé le réalisme à ce point dans un jeu vidéo, et cela rend tout de suite le titre très intéressant.

Un visual novel mature

Dans 428 Shibuya Scramble, le joueur incarne 5 personnages, tous liés à une affaire d’enlèvement avec demande de rançon. On commence par Kano, un jeune détective idéaliste qui surveille le lieu du rendez-vous. La sœur jumelle de la victime doit livrer la rançon à un inconnu, en pleine journée, dans un quartier qui fourmille de passants. La tension monte rapidement, mais chaque personne qui aborde la jeune fille n’est pas forcément un délinquant. Il faut donc faire attention à ce qu’on fait pour ne pas attirer l’attention. Surtout que les ravisseurs ne plaisantent pas et n’hésiteront pas à abattre froidement tous les gêneurs ! On se retrouve donc embarqué dans une aventure loin d’être légère, où des vies humaines sont en jeu, et où le moindre faux pas peut être fatal. Une sorte de roman policier interactif situé dans le Japon contemporain. Parfois, ce jeu me fait penser aux livres dont on est le héros. Vous savez, ces livres où on doit lancer un dé et, selon le résultat, aller voir à telle page ce qui va se passer, puis revenir en arrière pour vérifier les autres choix si besoin. Non seulement le jeu surprend par ses visuels, mais aussi par son gameplay.

Un gameplay novateur

D’habitude, dans les visual novels, on croule sous les textes et dialogues souvent interminables. Ce n’est pas le cas ici ! Les textes sont assez courts, avec parfois des mots et expressions colorés. En bleu, on aura des informations touristiques ou culturelles pour mieux comprendre le jeu. En rouge, on pourra faire des « sauts » et changer de personnage pour tenter d’avancer dans l’histoire. Il faut donc être assez attentif aux mots-clés pour prendre les bonnes décisions. Car on tombe de temps en temps sur des embranchements : le jeu nous demande alors de faire un choix, et ce choix pourra avoir des répercussions plus ou moins importantes sur les vies des autres personnages, même s’il paraît anodin. Heureusement, le jeu sauvegarde automatiquement la partie, ce qui permet de reprendre là on on s’était arrêté en cas de mauvais choix.

D’ailleurs, le jeu est basé sur un système temporel (time chart) : en appuyant sur triangle, on peut afficher les lignes temporelles de tous les personnages et choisir de rejouer un moment précis afin de faire un autre choix. Il y a de très nombreuses fins, presque toutes mauvaises. Mais certaines sont presque inévitables. Il faut alors remonter le temps pour faire d’autres choix et/ou changer de personnage afin d’éviter la catastrophe, permettant ainsi de faire progresser l’histoire. Ce système est prenant et assez pratique aussi, car on peut reprendre vraiment librement presque là où on veut. On peut aussi faire défiler les textes déjà lus plus rapidement et même les faire défiler en avant ou en arrière, comme si on tournait les pages d’un livre dans un sens ou dans l’autre. C’est assez agréable et permet d’avoir un contrôle total sur l’aventure, même si cela n’empêche pas de réfléchir.

Ainsi, 428 Shibuya Scramble impose de remonter régulièrement le temps et de changer souvent de personnage pour faire basculer la situation à notre avantage. On ne vit donc pas toujours les mêmes événements, car chaque choix va faire évoluer le scénario.

Un livre interactif assez motivant

Si les textes s’affichent sur des images fixes ou légèrement animées, un peu comme un roman photo, l’immersion est vraiment excellente grâce au côté très réaliste du titre. Les acteurs sont très expressifs, même s’ils ne parlent pas. Les musiques sont très bonnes et s’adaptent à la situation : douce quand on observe calmement, plus rythmée quand l’action s’emballe ou que la tension monte. Le concept peut paraître simple en apparence, mais est très bien pensé et le scénario extrêmement bien ficelé. On vit une journée d’un quartier des animes à travers 5 personnages très différents, mais dont les destins sont étroitement liés et dont chaque action peut avoir d’énormes conséquences sur les autres. On déplore grandement l’absence de version française, car c’est une expérience qu’un maximum de joueurs devrait tenter.

Entre roman photo et guide touristique et culturel, 428 Shibuya Scramble est une plongée inoubliable dans un quartier incroyable. On apprend énormément de choses sur le Japon grâce à ce jeu. Les fans de visual novels doivent impérativement l’essayer !

Enguy

Points forts :

– Système temporel simple et efficace
– 50 fins différentes
– 5 personnages très différents
– Réaliste, mature, prenant et superbement écrit/structuré

Points faibles :

– Pas de version française
– Il faut aimer les livres interactifs
– On est parfois un peu perdu

La note : 18/20

Éditeur / développeur : Spike Chunsoft / Chunsoft
Genre : visual novel
Plateforme : PS4, PC
Date de sortie : 4 septembre 2018

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *