Interview : Amidos, créateur de jeux

ahmed-abdel-samea-amidos-portrait-01J’avais prévenu lors de ma news que j’allais prochainement vous en apprendre davantage sur le jeu RPSwipe, ainsi que sur son créateur Ahmed Abdel Samea dit Amidos. Cela sera chose faite par l’entrevue avec ce dernier et par la même occasion, c’est l’Afrique qui est enfin représentée dans mes interviews. L’Antarctique est donc le dernier Continent me manquant, alors si vous y êtes ou si vous connaissez quelqu’un…

Gamingway : Salut Ahmed ! Démarrons avec une présentation de toi-même, avec ton parcours, ton lancement en tant que développeur indépendant, tes jeux jusqu’ici…

Ahmed Abdel Samea/Amidos : J’ai démarré la création de jeux vidéo car j’étais un mauvais gamer, mais j’adorais ça et aussi regarder quelqu’un jouer. Donc quand j’avais 13 ans je me suis servi d’un logiciel pour développer des jeux et j’en ai réalisé un nommé Kanfooz, un jeu d’aventure avec Sonic comportant énormément de mécaniques de jeu et de combats contre des boss. Après l’avoir terminé, personne ne m’a soutenu (ni ma famille, ni mes amis) et aucun ne pensait que j’avais fait quoi que ce soit, j’ai donc arrêté la conception de jeux durant cinq ans.
Mais j’ai toujours souhaité y retourner, je me suis relancé dedans plus tard en fabriquant des jeux avec un petit objectif. Donc je n’étais plus déçu, jusqu’à ce que je reconnaisse que je ne pouvais pas faire quelque chose d’autre et n’étais capable de m’exprimer autrement que par le biais d’un jeu. J’ai alors débuté à en vivre en fabriquant des logiciels en flash et en essayant de les sponsoriser, puis d’aller sur mobiles et tenter d’être bon à ça.

J’ai sorti quatre jeux mobiles, deux en flash, un sur PC et plus de trente prototypes différents. Tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant je le dois aux Game Jams, elles m’ont donné l’impulsion de reprendre, de faire quelque chose et d’avoir une chance que des tas de gens y jouent et rendent leurs impressions.

Gamingway : Ton autre nom est Amidos, pourquoi ? Est-ce une contraction entre Amiga et DOS ?

Pas du tout (sourire). Lorsque j’étais enfant, Eidos était l’une des plus célèbres sociétés, à cette époque je désirais un nom pour ma future compagnie de jeu vidéo, j’ai alors pensé qu’il pourrait avoir la même sonorité qu’Eidos. J’ai donc choisi Amidos, le A pour mon prénom Ahmed. Mais un jour, toujours quand j’étais enfant, j’ai commencé à analyser ce travail et me suis dit qu’il pourrait combiner Aimer, le verbe français pour Love, et DOS que j’apprécie énormément parce que j’étais le seul enfant capable de bosser avec DOS à mon école. Donc je l’adorais car il me rendait unique et me faisait passer pour plus intelligent que n’importe qui d’autre. Mais à la base c’est juste un dérivé d’Eidos.

Gamingway : Récemment tu as sorti RPSwipe. Pourquoi avoir choisi ce jeu éternel qu’est Pierre, Papier, Ciseaux ?

Je jouais à Threes et j’ai songé : au lieu des numéros, pourquoi ne pas mettre deux équipes et chaque carreau représenterait un différent type de soldats, comme le lancier tue le cavalier, le cavalier tue l’épéiste et l’épéiste tue le lancier. J’ai réfléchi à propos des divers types et mages et chaque carreau possédait un pouvoir spécial et d’autres éléments. Mais j’ai pensé que c’était trop compliqué et me suis demandé comment le simplifier et par le système précédemment cité, je me suis souvenu du jeu Pierre, Papier, Ciseaux. Sachant que chacun connait ses règles, cela simplifierait la compréhension pour les gens. J’ai donc commencé le jeu avec deux équipes, rouge et bleu, avec des carreaux sans numéros mais je l’ai trouvé trop facile. C’est pourquoi j’ai ajouté des carreaux avec pouvoirs et ai un peu joué avec, afin d’obtenir la meilleure solution possible et puis RPSwipe est sorti.

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Gamingway : Quelle est la chose unique apportée par RPSwipe, afin d’accrocher plus qu’un classique jeu vidéo de Pierre, Papier, Ciseaux ?

Lorsque j’ai conçu le jeu, je n’ai pas réfléchi à ce qu’il pourrait apporter. J’essaie constamment des choses, parfois c’est juste sympa à jouer et parfois j’exprime les sentiments que je ressens. Le développement et le design sont des moyens d’expression  pour moi, mon énergie et ma force passant au travers d’eux. Donc si j’exprime quelque chose méritant d’être partagé, je le fais. Et j’adorerais rendre tous mes jeux gratuits, mais en même temps j’ai besoin d’un peu d’argent pour vivre normalement.

Gamingway : Le jeu possède des graphismes pixel art/8 bits. Pourquoi ce choix ?

Car c’est ce que je sais très bien faire, je suis meilleur en pixel qu’en vector one et en plus j’adore le pixel art. J’avais envie de me démarquer de Threes et de ce à quoi il ressemble. Tout comme je ne voulais pas que qui que ce soit déclare qu’il s’agisse d’une version de Threes avec un aspect différent. Cela m’est arrivé en sortant Clean’Em Up, comme c’était un jeu de tir employant le Neon Art, ils m’ont accusé d’avoir cloné Geometry Wars, juste à cause de la direction artistique.

Gamingway : RPSwipe est déjà sur Android et iOS. Penses-tu le sortir sur d’autres plateformes ?

Peut-être vais-je sortir une version en flash gratuite sur le web, afin d’obtenir davantage de trafic vers celles mobiles et comme stratégie marketing. Je comptais le sortir payant sur navigateur, mais je ne pense pas qu’il marcherait, donc je devrais le rendre disponible gratuitement.

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Gamingway : En France, personne ne parle de la scène vidéo-ludique égyptienne. Peux-tu nous l’évoquer ? Les jeux, la manière de penser, de travailler… Peut-être les joueurs également.

Rien ne va pour la scène de développement en Egypte, tout le monde s’en fiche. Si tu dis à un égyptien que tu es développeur ou designer, il répondra que c’est puéril et que tu devrais faire quelque chose de plus utile que créer des jeux, c’est déprimant d’une certaine manière.

Les développeurs ici sont divisés en trois parties, ceux voyant le jeu seulement par la future génération de Call of Duty et pensant qu’ils gagneront des millions de dollars avec. Une autre qui veut en faire juste pour remporter beaucoup d’argent avec des jeux mobiles comme Angry Birds. Et enfin ceux concevant des jeux et expérimentant des idées car c’est ce qu’ils ont envie de faire. La dernière catégorie est très petite, probablement moins de cent égyptiens en son sein, ce qui est déprimant car ils sont éparpillés dans tout le pays, donc il est rare d’en rencontrer.

En ce qui concerne les joueurs il y en a deux types, les enfants jouant à Farmville et à d’autres softs similaires et les hardcore gamers qui ont besoin des prochains Call of Duty et Halo. Même s’il y a une autre frange, les midcore gamers, mais tu ne peux pas espérer d’argent d’eux car c’est un tout petit groupe. Donc les ajouts ne fonctionneront pas et tous les égyptiens ont la philosophie de ne jamais payer dans les jeux, donc tu ne peux ni te servir d’un modèle freemium, ni d’un modèle premium. Mais si tu réalises un jeu comme Farmville ou Call of Duty, tu peux obtenir quelques revenus aussi bien par les ajouts, que par les ventes.

Gamingway : D’autres projets pour toi dans les tuyaux, en tant qu’Amidos et/ou avec d’autres personnes, sociétés… ?

Il y en a beaucoup :

Random RPG : un puzzle à carreaux basé sur les jeux de rôle roguelike
Repeating : une version time step de Blek le célèbre puzzle iOS
DivCircle : un jeu expérimental sur le fait d’être différent et comment les communautés te forcent toujours à te cacher et à te fondre avec eux, même si ça te blesse et te tue
Crappy Dreams : jeu expérimental avec un style à la WarioWare à propos de véritables rêves que j’ai fait et je l’ai appelé Crappy Dreams car mes rêves sont vraiment nuls
Alone in the Park 2 : en collaboration avec un développeur italien, un jeu de rôle et de tir en vue descendante (suite d’un vieux jeu sur lequel nous avions travaillé ensemble)
Je bosse également sur quelques célèbres prototypes, afin de réaliser une version mobile étendue (Robotic Arm, Snazzle, Explode).

Gamingway : Merci Ahmed d’avoir répondu à mes questions. As-tu quelque chose à ajouter à propos d’Amidos, RPSwipe ou/et un message pour les lectrices et lecteurs de Gamingway ?

Peut-être puis-je partager quelques leçons que j’ai appris à propos de RPSwipe. La première est de toujours réaliser une nouvelle direction artistique très soignée et la seconde, toujours tenter de concevoir les règles les plus simples et le tutoriel le plus court, car les joueurs sur mobiles s’énervent et s’ennuient très rapidement. Merci pour l’interview.

Interview réalisée par Inod – septembre 2014 (par e-mail)

Site d’Amidos

  • Twinsunnien18/09/2014 à 21:12Permalink
    Pas la peine de dire que l’interview est bonne, vu que c’est une habitude avec Inod.
    Une chose m’a violemment marqué, le terme « Midcore gamer », purée, voilà ce que je suis, pas un hardcore qui veut la dernière nouveauté, ni un casual qui joue à Candy crush, non, Midcore, voilà. Je sais que nous sommes nombreux à être de cette catégorie en France (plus qu’en Egypte en tout cas), mais je suis content de lire ce terme, pour la première fois en plus.
    Il est intéressant de voir qu’une personne jouant mal, peut faire de jeux et aimer ça.

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