Test : World of Final Fantasy (PS4)
Alors que de nombreux fans attendent avec impatience Final Fantasy XV, Square-Enix propose de les faire patienter grâce à un spin-off très orienté Pokémon. Après Dragon Quest, Final Fantasy peut-il reprendre la formule sans plagiat ? La réponse sans plus attendre.
Une nouvelle quête épique
Ce qu’on aime dans Final Fantasy, c’est la banalité du quotidien qui bascule d’un coup pour embarquer une bande de jeunes gens dans une grande aventure. World of Final Fantasy n’échappe pas à la règle : les jumeaux Reynn et Lann pensaient mener une vie tranquille au Coteau des Neuf-Fresnaies quand ils remarquent que les gens semblent avoir disparu. La ville et le café dans lequel ils travaillent sont déserts. Seule une unique cliente, inconnue, est là. Mais la jeune femme leur révèle qu’ils doivent partir à la chasse aux myrages, des créatures étranges plutôt puissantes. Les jumeaux semblaient exceller dans cette activité, héritée de leur mère disparue, mais ils ont perdu la mémoire. Sans trop comprendre pourquoi, Reynn et Lann vont partir à l’aventure et explorer de nombreux univers pour dénicher un maximum de créatures, tout en essayant de comprendre ce qui leur est arrivé et, accessoirement, sauver le monde de Grimoire.
Le secret de la pyramide
Si Reynn et Lann doivent partir chasser de mignonnes petites bêtes pour ensuite les entraîner et les faire combattre, World of Final Fantasy n’est pas un simple clone de Pokémon, même si les capacités spéciales de certaines créatures vont aider les jumeaux à progresser sur la carte en coupant ou brûlant les obstacles, par exemple. Pour ne pas être un simple copié-collé des aventures de Pikachu, World of Final Fantasy propose un système de pyramide très original.
Le joueur incarnant à la fois Reynn et Lann, il doit choisir quel myrage attribuer à chacun. C’est là que le jeu devient tactique et passionnant, car il faut créer un empilement de 3 êtres, Reynn et Lann devant obligatoirement faire partie de la pyramide. Chaque pyramide est appelée « formation » et peut être modifiée à tout moment. Quand on capture un myrage, une lettre majuscule vient signaler s’il est petit (P), moyen (M) ou grand (G). Sa taille conditionne sa position dans la pyramide, car un myrage doit toujours être placé sur une créature plus grande que lui. Le choix des myrages dans une pyramide n’est pas anodin, car les points de vie, de magie, les compétences, les résistances et les faiblesses sont partagés par toute la formation : si les résistances se cumulent, les faiblesses aussi ! Il faut donc veiller à créer des pyramides équilibrées, tout en gardant en tête que si on combine des créatures qui ont les mêmes compétences, elles donneront accès à des sorts encore plus puissants. Ce système intéressant, complexe et profond, est rapidement perturbé par l’évolution des myrages : quand ils gagnent en niveaux, ils peuvent se métamorphoser en créatures plus puissantes, mais leur taille peut changer, modifiant la formation. Pour étoffer un peu l’affaire, on a également le choix entre jouer avec Lann et Reynn en mode gigantus ou « normal », donc il faut créer 2 formations pour chacun des jumeaux.
Un J-RPG à la fois moderne et ancien
Si l’histoire et l’ambiance de World of Final Fantasy ressemblent aux anciens jeux, avec des visuels rappelant fortement les cinématiques des jeux PS1, le jeu tire profit de ce qui fait fureur au Japon actuellement. La mode est au super-deformed (grosse tête sur petit corps) et tous les personnages et myrages sont sur ce modèle, dans un mode très coloré pour un résultat super kawaii. C’est pour le côté moderne du jeu, tandis que la système de combat lorgne plus du côté des anciens J-RPG. En effet, les combats se déroulent dans une sorte de tour par tour : en bas à gauche, il y a une barre d’action sur laquelle les alliés et les ennemis bougent. Quand un personnage atteint le haut de la barre, il peut agir (attaquer, utiliser un objet, défendre, utiliser un sort, etc.) en fonction des points d’action dont il dispose, ce qui a pour effet d’arrêter le temps afin de laisser le joueur réfléchir à sa stratégie. Puis, il retourne en bas de la barre et doit tout remonter. Bien entendu, chaque monstre et allié va à son rythme. Pour accélérer les choses, on peut heureusement faire passer le temps plus vite afin de rendre les combats plus dynamiques. Pour aller encore plus vite, on peut même définir des raccourcis pour les sorts et attaques qu’on préfère et régler les options pour que le temps ne soit plus figé quand on navigue dans les menus en plein combat, comme ça ceux qui aiment l’action pure et dure sans temps mort y trouvent aussi leur compte.
Les développeurs ont aussi voulu faire plaisir aux fans de la première heure : attendez-vous à croiser de nombreux monstres et personnages issus des anciens jeux, du simple Mog aux invocations, en passant par les pampas et autres créatures mythiques. Vous allez aussi revivre des scènes devenues cultes, mais en version SD (super-deformed). Un petit côté nostalgie qui fait mouche !
Exit les eons, bienvenue aux sauveurs !
Maintenant que le bestiaire de Final Fantasy a été transformé en myrages, on pourrait penser que les invocations/eons ont disparu. En réalité, pas vraiment. En avançant dans l’histoire, on rencontre des personnages un peu particuliers : des Aspirants. C’est une référence au mythe des Guerriers de la Lumière et chaque Aspirant est un Sauveur à éveiller afin de pouvoir utiliser ses talents plus tard. Tout d’abord, on croise un Aspirant. Ensuite, on fait une quête annexe pour lui venir en aide, ce qui permet d’obtenir son âme à l’achat. Après, on équipe les âmes des sauveurs qu’on souhaite utiliser (jusqu’à 3 à la fois) et on peut les utiliser en combat un peu de la même façon qu’on utilisait les invocations dans les anciens jeux. C’est une excellente idée qui fait plaisir aux anciens joueurs et qui est également un prétexte à de nombreuses quêtes annexes, augmentant ainsi la durée de vie du jeu.
l’art délicat du sphérier
Élever des myrages est un art compliqué : déjà, il faut les capturer, ce qui n’est pas toujours facile. Comme dans Pokémon, il faut les affaiblir en les blessant, mais cela ne suffit pas toujours. Parfois, des conditions spéciales sont requises, comme éliminer tous les autres myrages d’abord ou lui redonner des points de vie. Ensuite, il faut lui faire gagner de l’expérience pour qu’il monte en niveau. À chaque niveau, le myrage va gagner un point de compétence qu’on peut ensuite utiliser pour débloquer des cases du sphérier. Bien entendu, chaque myrage dispose d’un sphérier propre avec plus ou moins d’embranchements et un nombre plus ou moins important de métamorphoses à débloquer.
L’avantage du sphérier, c’est qu’on peut personnaliser ses myrages en débloquant les compétences et bonus dans l’ordre qu’on souhaite. Un myrage et ses métamorphoses partagent tous le même sphérier, donc les bonus se cumulent : par exemple, quand le bébé Chocobo évolue en Chocobo, ce dernier conserve tous les bonus de son ancienne forme, ce qui est très pratique. On peut également passer d’une forme à une autre à volonté : à l’inverse de Pokémon, une évolution n’est pas définitive, puisqu’on peut revenir à l’état initial quand on le souhaite, ce qui est bien pratique si on a des problèmes avec sa formation après évolution.
Des donjons bien pensés
Pour sauver Grimoire, il va falloir explorer de nombreuses contrées aux paysages variés : plaines, forêts, villes, cavernes de glace, etc. C’est joli et les thèmes musicaux qui accompagnent le joueur sont magnifiques. À ce propos, d’ailleurs, le thème du Chocobo est toujours présent quand on s’en sert comme monture.
Les niveaux, en plus de regorger de myrages, réservent quelques surprises : par endroit, il faudra utiliser des compétences spéciales pour débloquer l’accès à certains coffres ou à des myrages puissants à capturer plus tard, obligeant le joueur à revenir. À d’autres moments, ce sont de véritables énigmes qui attendent le joueur, mettant à contribution ou non les myrages. Certains interrupteurs ne peuvent être activés qu’en plaçant dessus les myrages adéquats. On peut également tomber sur un bloc réclamant un objet spécifique pour libérer le chemin. Tout ceci vient casser la monotonie et donne un jeu complexe, riche, varié et très bien pensé. Si tout avait pu être aussi bien planifié, on serait aux anges !
Un fan service à moitié fait
Si World of Final Fantasy est un excellent J-RPG reprenant de belle manière la recette de Pokémon, tout en proposant une énorme dose de nouveauté et d’originalité, on est surpris de constater que les doublages japonais ne fonctionnent pas. L’option est pourtant bien présente, mais impossible de mettre les voix japonaises. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles ne sont téléchargeables qu’avec l’édition limitée du jeu ou pour ceux qui l’ont précommandé. C’est très cruel pour les fans qui se précipitent sur cette option, heureux comme tout, mais déchantent vite quand ils s’aperçoivent que rien ne se passe. C’est un peu aussi leur envoyer un message négatif, comme si on leur signifiait qu’ils ne sont pas assez fans puisqu’ils n’ont pas dépensé plus pour s’offrir les voix japonaises. Un choix incompréhensible et cruel à la fois, qui vient déprécier grandement le jeu, car c’est vraiment un défaut.
Un autre point peu agréable du jeu est le mode multijoueur : si le Colisée permet de jouer contre d’autres joueurs, avec des petites variantes (victoire par KO ou aux points), l’expérience se révèle assez poussive, car on ne peut pas accélérer le temps pendant les combats et les animations sont nombreuses, rendant les affrontements assez longs et ennuyeux, ne donnant pas trop envie de passer du temps dans ce mode. Un autre petit aspect négatif est le cross-save : si c’est une bonne idée de commencer sa partie sur PS4 et de la continuer sur PS Vita (ou inversement), en revanche quand on active cette option, les sauvegardes prennent beaucoup plus de temps, si bien qu’on regrette presque de l’avoir activée !
En conclusion, World of Final Fantasy est un spin-off de qualité qui essaie de faire plaisir aux anciens joueurs comme aux nouveaux, mais qui ne va pas encore tout à fait au fond des choses pour satisfaire tout le monde, malgré les nombreux efforts pour proposer un gameplay original et profond, mélange d’ancien et de nouveau. De quoi passer le temps en attendant Final Fantasy XV !
Enguy
Points forts :
– Toutes les créatures mythiques de Final Fantasy
– Des personnages, des musiques et des scènes cultes
– Un gameplay original mélangeant ancienne et nouvelle recette
– Bien plus qu’un clone de Pokémon
– Monde en SD kawaii à souhait
Points faibles :
– Il faut aimer le style SD
– Le cross-save ralentit beaucoup les sauvegardes
– Multijoueur poussif
– Voix japonaises à télécharger sous condition
LA NOTE : 16/20
LA NOTE : 16/20
Éditeur : Square-Enix
Genre : J-RPG
Supports : PS4, PS Vita
Date de sortie : 28 octobre 2016