Test : Stranger of Sword City (PS Vita)
NIS America a l’habitude d’éditer chez nous des jeux de niche, souvent exclusifs aux consoles Sony. C’est sur PS Vita qu’on peut retrouver Stranger of Sword City, un dungeon RPG issu de l’imagination du personnel d’Experience Inc. et qui se veut plus compliqué que les autres titres du genre. Ce jeu parvient-il à tenir ses promesses ? Des éléments de réponse tout de suite !
Des étrangers envahissent le monde
C’est un point de départ assez classique pour un RPG d’heroic fantasy, mais cette fois l’étranger c’est le joueur ! Individu banal à la vie sans histoire, il suffit d’un stupide accident d’avion pour se retrouver échoué à Escario, dans un monde parallèle, au milieu des débris d’autres appareils, sans savoir ce qui s’est passé. Très vite, une lycéenne en uniforme (non, ça ne fait pas cliché du tout dans un RPG japonais !) vient lui prêter main forte, car l’endroit grouille de créatures peu fréquentables. Petit problème : il n’y a pas beaucoup d’êtres humains ici, mais des races légendaires comme des elfes, des nains et plus encore. Autre problème : dans ce monde étrange, les êtres venant de la Terre sont tous dotés de capacités nettement supérieures aux peuples locaux, faisant d’eux des « élus » très respectés et qui doivent protéger la ville de Sword City. Cette dernière abrite tous les élus et leur fournit gîte, missions et équipement grâce à ses marchands. Cela ne serait pas aussi terrible si les autres élus n’avaient pas décelé en notre pauvre naufragé des pouvoirs extraordinaires que peu de gens possèdent : la faculté de récupérer des cristaux de sang sur les « lineage », les monstres les plus forts. Ces cristaux doivent ensuite être donnés à des personnages spécifiques en lien avec les dieux du coin, le choix de la personne à qui on donne ces cristaux étant libre, mais influant quand même sur la fin du jeu. C’est donc par la force des choses qu’il faut s’embarquer dans des missions en tout genre pour venir en aide à la population locale, tout en essayant de récolter le plus de cristaux et de trouver un moyen de rentrer à la maison.
Un dungeon crawler pas si classique
Fier représentant d’un genre un peu particulier, Stranger of Sword City compte bien s’imposer en apportant un peu de nouveauté. On y retrouve donc un tas de donjons formés de couloirs étroits en 3D qu’il faut explorer à la première personne, en comptant beaucoup sur la carte (qui se complète au fil de l’exploration) pour s’orienter. Chemin faisant, des combats se déclenchent, permettant de gagner expérience, argent, objet et… moral ! L’innovation, ici, c’est d’utiliser au mieux cette jauge de moral qui se remplit en tuant des monstres. Un moral élevé permet de déclencher des sorts puissants mais surtout, et le jeu insiste beaucoup là-dessus, de tendre des embuscades. En parcourant un donjon, on peut tomber sur des salles spéciales permettant de se cacher en sacrifiant des points de moral. Une fois invisible, et si on ne bouge plus, on peut voir des tas de monstres passer. Certains portent des coffres transportant un précieux équipement. Le joueur peut donc tenter sa chance et abattre le groupe entier avant que le leader ne s’enfuit avec son butin. Bon, cela oblige à perdre un peu de temps à attendre qu’un groupe intéressant passe, mais la récompense vaut bien l’attente ! Cependant, ne croyez pas que les monstres seront faciles à tuer, loin de là !
Ce petit plus tranche avec les autres dungeon RPG et fait partie intégrante du gameplay : les joueurs refusant de sacrifier du temps aux embuscades s’en mordront les doigts, le jeu devenant très vite difficile sans l’équipement récupéré ainsi.
L’autre aspect permettant de différencier Stranger of Sword City des autres jeux est le système de création et de gestion de l’équipe. Dès le début, on a droit au classique éditeur de personnage, avec un nombre suffisant de races (humain, elfe, nain, migmy et ney) et de classes (chevalier, guerrier, sorcier, prêtre, archer, ninja, samourai, danseur), chacune ayant des statistiques et des talents propres. Si le personnage principal peut mourir à volonté, en revanche les autres membres de l’équipe ont un nombre de vies limité (1 à 3) qui dépend uniquement de l’âge du personnage créé : plus il est jeune, plus il a de vie. Mais la fougue de la jeunesse l’empêche alors d’avoir un nombre élevé de points bonus à répartir sur ses statistiques. Il faut donc faire un choix ou alors tenter sa chance : une fois la fiche validée, on peut tirer au hasard le nombre de points bonus en croisant les doigts pour obtenir un score élevé, sinon on tire à nouveau tant qu’on n’est pas satisfait. Bien entendu, plus le personnage est âgé et plus il obtient un nombre de départ élevé, mais quoi qu’il arrive, il y a très peu de chance de faire un gros score, même en recommençant un grand nombre de fois. Faites comme moi, contentez-vous d’un personnage d’âge mûr (mais pas pourri) et d’un nombre de point bonus raisonnable pour ne pas passer des heures à créer votre équipe.
La récolte des cristaux de sang n’est pas anodine : en les donnant à l’une des trois personnes adéquates, on peut débloquer de nouveaux pouvoirs, même si la fin du jeu dépend des personnes choisies. Pour finir, le joueur peut changer librement de classe jusqu’à cinq fois par personnage afin de débloquer des capacités spécifiques, mais dans ce cas il perd la moitié de ces niveaux et doit attendre d’avoir retrouvé son niveau de départ pour continuer à évoluer « normalement ». Là encore, c’est un choix à la fois tactique et qui force le joueur à passer du temps à combattre des monstres, histoire d’augmenter un peu la durée de vie.
À part ces deux aspects, on y retrouve les mécanismes classiques des dungeon crawler : les donjons se remplissent très vite de faux murs, portes invisibles, cases étourdissantes, téléporteurs et autres pièges dignes d’un Demon Gaze pour les connaisseurs. Les combats se déroulent au tour-par-tour à la manière d’un Etrian Odyssey : l’équipe est divisée en deux rangées de trois personnages, la première ligne étant idéale pour les guerriers lourdement protégés et la deuxième réservée aux mages, soigneurs ou possesseurs d’armes à longue distance. Il en va de même pour les ennemis. Un peu de stratégie dans un monde de brutes, ça ne fait pas de mal.
Un jeu de niche réussi
Stranger of Sword City est effectivement plus difficile que la moyenne, notamment en raison du nombre de vies limité des personnages de l’équipe. Mais il est possible de contourner cette difficulté en faisant se reposer fréquemment les personnages pour regagner les vies perdues ou en utilisant des objets. De même, une pratique régulière de l’art de l’embuscade permet de récupérer les pièces d’équipement nécessaires qui rendent les combats moins compliqués, tout comme le bon usage des points de moral pour déclencher des sorts vitaux. Cependant, cela oblige à faire des allers-retours réguliers entre les donjons et Sword City, où règne le quartier général des élus. Cela risque d’énerver un peu les moins persévérants, mais il faut garder en tête que c’est un titre que les développeurs d’Experience Inc. destinent aux habitués que ce genre de chose n’effraye pas. Comme d’habitude dans les dungeon RPG, le scénario n’est pas le point fort. Comme souvent, les graphismes sont assez simples lors de l’exploration, et très agréables lors des cinématiques et des scènes fixes. Malgré tout, Stranger of Sword City est plus original que les autres à ce niveau, mais c’est surtout la variété des environnements qu’on va saluer ici, car elle est plus élevée qu’ailleurs. Au niveau des défauts, on retiendra surtout la possibilité de croiser des monstres vraiment très puissants, capables d’anéantir l’équipe en un clin d’œil, à tout moment.
Ainsi donc, si vous aimez courir partout et explorer des donjons glauques pour tuer des monstres terrifiants dans un univers d’heroic fantasy, ne boudez pas votre plaisir. Le monde d’Escario, très sombre et assez gothique, parfois même steampunk, est très attirant. Jeu de niche par excellence, on sent que les développeurs ont eu à cœur d’apporter les petits plus qui le démarquent de la concurrence. Si le doublage est convaincant, dommage de ne pas avoir traduit le jeu en français, même si le public visé n’est clairement par rebuté par ce choix.
Enguy
Points forts :
– Les embuscades
– La jauge de moral
– Environnements variés
– Univers à la fois gothique, steam punk et fantaisiste
Points faibles :
– Allers-retours incessants
– Rencontres aléatoires parfois fatales
– Pas de sous-titres français
LA NOTE : 15/20
LA NOTE : 15/20
Développeur : Experience Inc.
Éditeur : NIS AMerica
Genre : dungeon RPG
Supports : PS Vita
Date de sortie : 29 avril 2016 (PS Vita), 6 juin 2016 (Steam)
Commentaires