Test : Shadows of the Damned (PS3)

Imaginez un instant que les pères de Resident Evil et de No More Heroes mettent en commun leurs savoir-faire pour concevoir un jeu vidéo ? Le rêve dites-vous ? Eh bien, sachez que ce songe pourrait devenir une réalité puisque Shinji Mikami et Suda 51 ont bel bien uni leurs compétences pour accoucher de Shadows of the Damned, un survival-horror à l’ambiance survitaminée. Cependant, si le titre s’annonce d’ores et déjà comme une tuerie sur le papier, nous sommes en droit de nous demander s’il est aussi bon que ça en pratique ? Réponse dans ces lignes …

Ca claque dès le départ

Dès le début en tout cas, le jeu annonce la couleur : rock’n roll et démons ! En effet, suite à une courte cinématique qui vous (enfin pas exactement vous, plutôt Garcia Hotspur, le latino que vous incarnez) place dans une sombre ruelle au sein de laquelle git, à vos pieds, un démon ensanglanté, le jeu vous propulse directement au cœur d’une scène jouable qui donne le ton. Celle-ci se déroule dans une pièce au centre de laquelle la femme de notre chasseur de démons, Laura, est pendue. Guet-apens en forme d’illusion dont profite une bande d’êtres déchus pour vous attaquer. A peine débarrassé de cette vermine que Fleming, le chef de cette horde démoniaque, emporte votre promise dans le monde des ombres. Notre héros ne perd alors pas une seconde pour lui emboîter le pas. Tout ceci se termine sur le menu principal à partir duquel commence votre quête dans le royaume des ténèbres. Ce dernier se présente comme une sorte de ville délabrée dont l’univers se trouve sur la tangente entre électro-gothique et Far-West horrifique …

Le gamplay du soft est très dynamique et tire plus sur un No More Heroes (on pourrait même y voir un petit côté Devil May Cry) que sur un Resident Evil. On déplore cependant un personnage assez rigide qui peine à s’en sortir lorsque les ennemis sont trop proches (ceci est également dû à une caméra bien capricieuse). De plus, cette rigidité du chasseur de démons entraîne inexorablement quelques difficultés à gérer la visée avec votre arme lors des phases de tir. Votre arsenal quant à lui se résume à Johnson, un crane flottant et flamboyant qui vous accompagne tout au long de l’aventure. Le plus souvent sous forme de torche, il se transformera au besoin en flingue, le BONER, ou en tout autre équipement utile pour buter du démon.

Mais la botte secrète de Johnson (ce qui nous ramène au côté survival-horror du titre de Grasshopper) est le Tir de Lumière. En effet, à l’instar d’un Silent Hill Shattered Memories, vous êtes régulièrement amenés à fuir afin de trouver la clarté lorsque les ombres envahissent l’écran. Il vous faut alors soit trouver un refuge lumineux soit tirer avec le « Lightshot » sur une sorte d’interrupteur en forme de tête de chèvre afin de stopper les ténèbres. Bien évidemment, lors de ces moments où la noirceur s’insinue dans le décor, de nombreux ennemis viennent vous barrer la route. Pour cela, avant même de les dégommer, il vous faut les asperger de lumières à l’aide du Tir de Lumière afin qu’ils prennent une apparence moins sombre .… Sans parler de plagiat, on peut toutefois y voir une forte référence à Alan Wake, dans lequel il vous faut arroser vos ennemis à la lumière de votre torche avant de pouvoir les tuer avec une arme plus traditionnelle.

Une direction artistique surprenante

Mais la comparaison avec SIlent Hill ou Alan Wake s’arrête là. Garcia Hotspur ne se la joue pas spécialement psychologique et profond. Latino au sang chaud, il dispose d’un charisme assez fort et ne se prend pas réellement au sérieux. Le « décalé » est d’ailleurs le maître mot de l’ambiance du jeu. Ainsi, même dans les situations les plus dramatiques, Garcia et Johnson n’hésitent pas à dispenser un humour qui, même s’il s’avère parfois bien placé et bien pensé, ne dépasse rarement un niveau situé bien en dessous de la ceinture. Cette touche humoristique n’est donc pas toujours la bienvenue mais si l’on recherche plutôt un univers fun (et donc pas forcément sérieux) et que l’on est fan du style Suda 51, il est alors fort possible d’apprécier le ton particulier du soft.

L’autre point sur lequel le titre d’Electronic Arts se distingue des survivals « plus classiques » est la direction artistique un « poil barrée » donnée à l’ensemble du jeu. Par exemple (on aurait très bien pu reparler ici des interrupteurs en forme de tête de chèvre mentionnés plus haut), votre chemin sera truffé d’embuches dont les premières sont des portes (si si des vrais en fer forgé et tout …). Mais ces dernières, à l’allure si commune, porte en leur sein une tête de bébé pleurnichard. Afin de franchir ces barrières, il vous faut donc chercher l’un des objets demandés par le nourrisson. Sans aller plus loin, on conçoit fort bien que le fait de placer une tête d’enfant en bas âge sur une grille est déjà d’un goût douteux. Mais si l’on ajoute à cela le fait qu’il ne faut pas chercher bien loin (le parcours est très linéaire et cloisonné) pour trouver ce qu’il vous faut, le franchissement des portes n’apporte donc rien de plus à l’aventure. Il demeure même plutôt dissonant avec l’ambiance générale du jeu, à moins que vous ne vouliez y voir une touche loufoque de plus … mais là à chacun son point de vue.

Finissons ce chapitre sur l’univers du jeu en disant que, malgré ces fausses notes, Shinji Mikami et Goichi Suda ponctuent leur aventure d’un nombre conséquent de boss véritablement sympa à affronter. Les situations sont en effet variées et les monstres que l’on a face à soi sont réellement imposant voire flippant pour certains. Ils rehaussent ainsi la touche gore et morbide du soft. De plus, les musiques d’Akira Yamaoka (Silent Hill) sont également incroyablement réussies et collent parfaitement à l’ambiance du jeu. Elles sont en effet à la limite entre l’angoissant et le bizarre. Le compositeur nous montre ainsi (une fois de plus) toute l’étendue de son talent.

Des défauts qui font tâche …

D’un point de vue général donc, le soft estampillé Electronic Arts se montre plutôt efficace, à condition de ne pas y chercher  un survival-horror sérieux et profond. Cependant, si l’on regarde vers l’aspect technique de Shadows of the Damned, on se rend compte que malgré le casting de rêve, le jeu enchaîne les bourdes.

Graphiquement tout d’abord, le titre des pères de Resident Evil et No More Heroes est carrément à la ramasse ! Les textures sont moyennes et les chevauchements (ennemis qui se traversent ou qui passent à travers les murs) sont nombreux. De plus, les effets de lumières, pourtant primordiaux dans un univers où ombre et clarté se côtoient et s’affrontent, ne sont pas jolis du tout. Le pire arrive lorsque les ténèbres envahissent l’écran. Les textures (ennemis et décors) se mélangent dans un marasme au sein duquel il est difficile d’y voir grand-chose. Dommage …

Dans la durée de vie ensuite, il faut admettre que Shadows of the Damned n’offre pas un temps illimité de jeu. Comptez seulement six à sept heures pour finir l’aventure. Si l’on ajoute à cela que le titre ne possède pas une grande rejouabilité, Ii faut donc vous attendre à le remettre assez rapidement dans votre ludothèque, là où il accumulera bien sagement la poussière.

Un peu particulier au début, Shadows of the Damned dévoile son efficacité au fur et à mesure que l’on y goûte, grâce notamment à un gameplay efficace, des boss sympas et une ambiance sonore hors norme. Il est vrai que l’humour asséné tout au long du titre aurait pu être plus plaisant s’il ne se situait pas si bas, bien en dessous de la ceinture. De plus, malgré un casting de rêve, il faut admettre que la réalisation technique demeure déplorable. Le titre d’Electronic Arts n’en reste pas moins un soft fun qui bouscule l’archétype des survivals-horrors habituels, avec leurs scenarii sérieux, et qui a au moins le mérite de proposer une expérience de jeu originale, quoi qu’imparfaite …

Yōkai

Les points forts

Un rythme assez dynamique dans l’ensemble

L’ambiance sonore orchestrée par Yamaoka

Les boss

Garcia Hotspur, quel charisme

Les points faibles

Techniquement dépassé

C’est court (6-7 heures environ)

On s’attendait à mieux avec un tel casting

L’humour particulier voire douteux

La Note Le Mag Jeu Video : 15/20

Editeur : Electronic Arts

Genre : Survival-horror

Support : PS3

Date de sortie : 23 Juin 2011

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