Test : Nobody Wants to Die (PS5)
Amateur de films policiers, le studio Critical Hit Games édité par Plaion a décidé de vous faire plaisir avec une aventure dans une atmosphère polar des années 50 avec une touche de science-fiction à la Bioshock.
Les développeurs ont réussi la prouesse de combiner tous ces éléments en y ajoutant un concept de retour dans le temps bien original. Avec ce titre indépendant à l’esthétique rétro-futuriste, Nobody Wants to Die crée une véritable surprise et nous plonge dans un univers aussi envoûtant qu’intriguant.
Ce mélange des genres, assez audacieux, propose une enquête palpitante dans une ambiance lourde et oppressante, typique des polars noirs. Plongeons dans les détails pour voir si ce titre tient toutes ses promesses pour séduire les amateurs d’enquêtes complexes et d’univers atypiques !
Quand Gabin rencontre la science-fiction
Dans un New York futur et dystopique, la mort a presque été domptée. En effet, une fois quelqu’un décédé, il est possible de récupérer sa conscience et de la réimplanter dans le corps d’un pauvre désespéré, moyennant finance.
Cette pseudo-immortalité est devenue une réalité mais est, bien sûr, réservée aux riches, sous le contrôle de politiciens corrompus par des lobbys égoïstes et avides d’argent. Par contre, le meurtre reste possible si le tueur détruit la partie du cerveau qui conserve la conscience.
C’est dans ce monde sombre qu’intervient le héros, le détective James Karra, déchu de la police, qui se retrouve plongé dans une enquête où le passé et les valeurs morales s’entremêlent.
Une série de meurtres sordides et mystérieux se produit et le détective désabusé au passé trouble se retrouve au cœur d’une conspiration qui remet en question les fondements de cette société gangrénée par la corruption et la mafia. Guidé par la voix de votre officier de liaison, Sara Kai, vous devrez tenter de résoudre ces affaires où la frontière entre rêve et réalité est brouillée et où les interrogations fusent au fil de l’histoire.
La relation entre Sara, un peu naïve au début, mais qui se rallie peu à peu aux désillusions du détective, et de James, flic plein d’expérience mais aigri par son passé, joue un rôle phare très important dans la narration. Les différents protagonistes de l’histoire sont tous plus complexes les uns que les autres, et leurs liens avec le héros donnent une profondeur rarement égalée à l’intrigue.
Cela donne un scénario extrêmement bien construit, tenant le joueur en haleine du début à la fin et avec des rebondissements inattendus qui entretiennent l’intérêt tout au long de l’aventure.
Les dialogues sont soignés et les thèmes abordés, tels que le sens de la vie et les valeurs morales, créent vraiment la sensation d’avoir un roman sous les yeux. Un vrai chef d’œuvre d’écriture.
Jeu ou Roman
Mais voyons plutôt en quoi Nobody Wants to Die est un jeu unique en son genre. Il s’agit, comme vous l’avez compris, d’un jeu d’enquête. Bon, pour l’instant rien d’original. Mais la grosse particularité qui apporte une personnalité unique à Nobody Wants to Die, c’est la possibilité de revenir dans le temps pour retracer les évènements et résoudre les affaires.
Tout d’abord, vous découvrez la scène de crime, puis en examinant plus en détail le (ou les) cadavres, vous découvrirez des indices. Grâce à ceux-ci, vous pourrez remonter le temps pour recréer les événements qui se sont déroulés puis retrouver d’autres indices pour continuer cette investigation jusqu’à reconstituer toute la chaine qui a amené au meurtre. Pour y arriver, vous aurez accès à toute une suite d’outils pour repérer et identifier les indices, comme une lampe UV pour tracer le sang, des rayons X pour voir des objets cachés derrière une cloison, etc.
Voyons cela avec un exemple plus concret. Votre enquête vous amène à un cadavre. La première chose est d’aller l’examiner. Vous trouverez la cause de la mort, par exemple, une blessure par balle, puis en rembobinant le temps, vous pourrez retrouver la trajectoire de la balle pour remonter jusqu’à la position du tireur. À cet endroit, il faudra rechercher d’autres éléments, comme des traces de pas, pour trouver d’où il venait, puis remonter encore plus avant dans le temps pour comprendre comment il est arrivé là. Autre exemple, grâce aux rayon X, on pourra suivre un câble dans un mur pour comprendre pourquoi la personne est allé activer un mécanisme, par exemple, et ainsi de suite… Il vous faudra donc enquêter et utiliser le voyage temporel jusqu’à ce que toute la séquence du crime soit reconstituée.
Cette mécanique du jeu, en plus d’être très originale, est vraiment une réussite. Elle pousse le joueur à chercher à revivre en direct les événements et cette idée est complètement addictive. À chaque affaire, je ne pouvais pas m’arrêter de jouer avant d’avoir reconstitué toute la chaine d’événements.
Ce concept de jeu est déjà une vraie innovation mais ce n’est pas tout. La scénarisation est une pure merveille. Les affaires sont complexes et viennent s’enchevêtrer des manipulations politiques, des conflits d’intérêt, du trafic d’influence et j’en passe. Vous résoudrez les différentes enquêtes une par une, tel un détective tiré d’un polar des années 50 avec des rebondissements incessants. Le tout est renforcé par la relation que développe James et Sara dans leurs dialogues très convaincants tout au long des enquêtes. Cela intensifie énormément l’immersion dans le jeu.
Néanmoins, tout n’est pas rose dans Nobody Wants to Die. En effet, ce qui fait la force d’un jeu d’enquête est la recherche d’indices et l’analyse des situations. Malheureusement, ici, si vous espériez chercher dans tous les recoins le moindre indice ou alors vous creuser le méninges en conjectures pour comprendre le pourquoi du comment, vous allez être déçu. Le jeu nous prend trop par la main. Les indices sont mis en évidence par une couleur différente, une boite de dialogue explique quand et quels outils il faut utiliser et le retour dans le temps est également accompagné d’un marqueur temporel pour indiquer au joueur quand la séquence doit être arrêtée pour chercher un autre indice. Et il n’est pas possible de désactiver ces aides. Résultat, le joueur devient un exécutant des tâches à réaliser. C’est certes plus facile et le joueur n’est jamais ainsi bloqué, mais cela retire tous le côté investigation, recherche et analyse et surtout toute la satisfaction de dénicher des indices et de résoudre une affaire. Une option d’activer ou de désactiver ces aides auraient été la bienvenue pour que Nobody Wants to Die soit un vrai jeu d’enquête et pas seulement un jeu narratif. On peut peut-être espérer cette évolution dans une mise à jour future.
Ensuite, après avoir enquêté sur le lieu du crime, l’étape suivante est de faire une carte des indices et d’en tirer des conclusions à la manière des tableaux plein de punaises et de fils reliés entre eux qu’on voit dans tous les films policiers. Ici, c’est le même principe : on reprend tous les indices trouvés et on les relie entre eux pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants du crime et en tirer des conclusions. Concrètement, à chaque indice, une question se pose. Puis, il faut y répondre en le reliant à un autre indice pour en tirer une piste à suivre. Cette étape est plutôt intéressante car elle permet de remettre en place ses idées et de vraiment faire progresser l’histoire.
Là encore, le joueur est très, voire, trop assisté. Il est impossible de se tromper de piste. À chaque indice, si on se trompe dans le lien avec un autre indice, le jeu nous le signale tout de suite. Du coup, en essayant toutes les combinaisons, il est possible de trouver la bonne conclusion sans vraiment y réfléchir et déterminer le véritable lien. C’est dommage, car cela enlève toute la réflexion qu’un détective devrait avoir et là encore, le joueur ne devient qu’un exécutant qui est poussé vers la solution par le jeu. Il aurait été peu être plus judicieux de laisser le joueur partir vers de fausses pistes qui l’aurait amené à des conclusions contradictoires ou des pistes sans issues.
De temps à autre, vous aurez à choisir entre plusieurs réponses dans un dialogue. Ces décisions influeront sur la conclusion des enquêtes et du jeu, résultat, il sera possible d’avoir plusieurs fins. Ce qui permet au jeu d’être rejouable pour les personnes qui auront vraiment accroché sur le scénario et l’ambiance sombre et oppressante.
Parmi les jeux les plus magnifiques de 2024
Dans Nobody Wants to Die, le moteur Unreal Engine 5 fait des miracles avec des environnements visuellement impressionnants et une direction artistique ultra-soignée. Il suffit de voir ce New York revisité depuis l’escalier extérieur de l’appartement de James Karra pour comprendre et admirer la minutie des développeurs. Les textures sont très détaillées et on se surprend à observer et admirer cette ville gigantesque. Les panoramas de cette mégalopole sont magnifiques avec une profondeur de champs qui semble infinie, et les effets de lumière sont à couper le souffle. Résultat, l’immersion dans une atmosphère sombre du jeu est renforcée et on se sent rapidement oppressé.
La bande-son est également un coup de maître, avec un doublage anglais excellent, aussi bien pour James Karra que pour Sara Kai, car on ressent la naissance d’une certaine complicité entre les enquêteurs. Les effets sonores sont convaincants sans être envahissants et les musiques envoûtantes, très « polar des années 50 », créent une atmosphère à la fois futuriste et nostalgique. Le tout contribue parfaitement à l’ambiance et l’atmosphère noire du jeu, ce qui accentue l’immersion. Attention, néanmoins, il n’y a pas de doublage en français.
La durée de vie de Nobody Wants to Die est de l’ordre de 8 heures pour terminer la première fois l’aventure. Mais l’existence de plusieurs fins liées à vos décisions vous motivera à retenter l’expérience pour connaître les différentes conclusions de l’histoire. Néanmoins, la rejouabilité reste limitée, car les énigmes et les actions resteront les mêmes.
De plus, l’assistance imposée du jeu transforme l’expérience en jeu narratif, ce qui ne plaira pas à tout le monde.
Le livre incontournable des vacances d’été
Nobody Wants to Die est une véritable pépite qui nous envoute par son ambiance polar noir rétro. Le mélange de genres, le scénario captivant et une direction artistique totalement maîtrisée en font une expérience vidéoludique unique digne des meilleurs romans d’enquête. Néanmoins, l’assistance imposée et un peu trop dirigiste transforme l’expérience en un jeu narratif et laisse de côté l’aspect recherche, investigation et analyse que tout enquêteur adore. Le titre est donc plutôt pour les personnes facilement captivées par les intrigues et qui se laisseront mener dans cette enquête narrative. L’ensemble reste néanmoins une réussite qui mérite amplement le détour. Personnellement, j’ai adoré Nobody Wants to Die et je l’ai vécu comme un livre que j’aurais dévoré. J’étais littéralement scotché à l’intrigue, incapable de lâcher le joypad avant d’avoir la conclusion de cette histoire.
Acerico
Points forts
- Des graphismes magnifiques, les plus beaux de 2024
- Une atmosphère polar des années 50 fidèle
- Un chef-d’œuvre d’écriture qui rend le jeu addictif
Points faibles
- Une assistance trop poussée qui enlève l’aspect investigation
- Une aide à l’analyse qui enlève l’aspect enquête et conclusion
La Note : 14/20
Éditeur : Plaion
Développeur : Critical Hit Games
Genre : Enquête ou plutôt jeu narratif
Plateformes : testé sur PlayStation 5 / Existe en version Xbox Series X et PC Steam
Date de sortie : 17 juillet 2024