Test : Mount & Blade Warband (PS4)
En 2008, TaleWorlds sortait sur PC un jeu d’action/stratégie/gestion assez réaliste : Mount & Blade. Malgré son niveau technique un peu faible, ce titre a connu un beau succès, grâce aux nombreuses possibilités et une certaine sensation de liberté que procure le jeu. Les joueurs consoles peuvent maintenant mettre la main sur une version améliorée de la première version, intitulée Mount & Blade : Warband. Peut-on s’attendre à la même surprise qu’à ses débuts ? La réponse dans quelques instants.
Un conte de fée médiéval
Dans Mount & Blade : Warband, le joueur doit conquérir le monde de Calradia, même si ce n’est pas explicitement demandé. Pour cela, on dispose d’une liberté d’action totale : soit on va aider le roi d’une des régions du monde à éliminer ses rivaux, soit on va monter petit à petit une armée énorme pour renverser tous les royaumes. Comme dans Fable, le joueur est amené à faire de nombreux choix qui vont influencer ses relations avec les villageois et les autres personnages. Cependant, ici, pas de créature mythologique ou de sort à balancer sur les ennemis : on se bat à pied ou à cheval, seul ou en bande, à coups d’épée, dague, hache, javelot, arc ou arbalète. Le réalisme est de rigueur, et c’est ce qui rend le jeu intéressant. Le joueur se sent d’autant plus valorisé en accomplissant des actions héroïques en comptant uniquement sur ses qualités physiques et tactiques.
Un tutoriel repoussant
S’il faut bien passer par la case tutoriel pour apprendre les bases du maniement des différentes armes et du combat, en revanche l’exercice est délicat. Le gameplay est original : au corps-à-corps, il faut choisir la direction dans laquelle on va portée le coup (haut, bas, droite ou gauche). Le personnage agressé peut tenter de parer en choisissant la même direction, sinon il se prend des dégâts. De même, en défense, il faut veiller à orienter son arme ou bouclier dans la bonne direction. Avec des armes à distance (javelot, arc ou arbalète), il faut veiller que le réticule soit le plus grand possible et penser à recharger son arbalète avant de tirer à nouveau. On peut combattre à pied comme à cheval, ce qui est beaucoup plus amusant, mais le tutoriel dévoile d’entrée de jeu les limites techniques du soft.
Car il faut bien avouer que Mount & Blade : Warband est loin d’être une merveille. Les graphismes sont dignes d’un jeu PS3, le cheval arrive à se coincer, même dans des endroits assez larges et la gestion des collisions semble parfois hasardeuse. Malgré tout, il faut vraiment passer sur cet aspect technique rebutant et progresser dans le jeu pour découvrir son énorme potentiel.
Une énorme liberté d’action
Après avoir créé son personnage, étape qui, comme dans tout bon RPG peut demander du temps, on se lance dans l’aventure, mais sans directive. Pas de quête principale à proprement parler, à part la volonté de se faire un nom et de régner sur la région. D’ailleurs, la création du personnage est loin d’être anodine, car en plus de déterminer le physique du personnage, on définit ses origines, ce qui équivaut à choisir le niveau de difficulté. En effet, par souci de réalisme, si le personnage créé est un homme, il aura plus de facilité à s’en sortir qu’une femme. Au Moyen-Age, les femmes n’avaient pas énormément de droits. De même, il sera plus facile de se faire écouter si on a de nobles origines que si on est un roturier. Il existe un tas d’autres choix à faire pour affiner tout ça, et c’est ce qui fait la force de ce Mount & Blade : Warband.
Ensuite, le joueur se voit confier une première quête qui fait toujours office de tutoriel, afin d’apprendre à recruter des villageois pour montrer un petit groupe de combattants capables de repousser des bandits. C’est le seul moment où le joueur est plus ou moins pris par la main pour avancer dans l’aventure. Ensuite, il est totalement livré à lui-même et libre d’explorer tranquillement la vaste carte du monde pour vivre ses propres aventures.
Dans chaque ville, on peut tenter de recruter des villageois, acheter ou vendre des objets et de l’équipement, parler aux passants pour découvrir des informations importantes, accepter des quêtes, participer à des combats d’arènes ou des tournois, visiter les prisons… Un nombre important d’actions qui augmente encore dans les nombreux châteaux : dans ces derniers, on peut croiser les seigneurs locaux et leurs dames, leur proposer de les aider, former des alliances, les conseiller et plus encore. Mais pour attirer l’attention des nobles, il va falloir se faire un nom. Pour cela, rien de mieux que de remporter quelques batailles. Gagner en renommée est la clé pour participer aux banquets et courtiser les gentes dames célibataires afin de trouver une épouse parfaite pour créer des alliances avec de puissants seigneurs. Mélange d’action, de RPG, de stratégie et de gestion, Mount & Blade : Warband se révèle complet et profond, d’où une durée de vie excellente.
Une carte bien vivante
Parcourir le monde s’effectue facilement juste en cliquant sur un point de la carte. Il y a plusieurs grandes régions qui peuvent présenter un climat spécifique (neige, désert, etc.) et être caractérisées par un style architectural propre. Cette immense carte du monde est pleine de surprises : en chemin, on peut croiser des caravanes, des villageois, les armées des autres seigneurs, mais aussi des bandits en tout genre. On peut attaquer ou se rendre, piller villages et forteresses ou participer à leur défense. Le monde de Mount & Blade : Warband est loin d’être figé et le danger peut même venir de la mer. Les bandits établissent des camps provisoires qui disparaissent au bout d’un certain nombre de jours, ce qui rappelle au joueur que le temps est compté. Chaque quête dispose d’un nombre maximum de jours pour l’accomplir, une fois ce délai expiré la quête est échouée. Or, il ne suffit pas de trouver la bonne destination au bon moment : quand on doit récolter l’impôt d’un village, si ce dernier a été pillé, il sera impossible d’y entrer pendant plusieurs jours. La gestion du temps est donc importante.
Quand on se déplace sur la carte, le jour et la nuit s’alternent, ce qui influe également sur les actions disponibles. De nuit, on croise moins de gens dans les rues, mais il sera peut-être plus facile de faire s’échapper des prisonniers.
Des batailles épiques
Le plus jouissif dans Mount & Blade : Warband, ce sont les combats. Seul ou avec sa troupe, à pied ou à cheval, au corps-à-corps ou à distance, chaque affrontement est un grand moment. En cas de victoire, on gagne de l’expérience, de l’or et de l’équipement. En cas de défaite, on peut tenter à nouveau sa chance ou fuir, voire sacrifier un soldat pour protéger la retraite des survivants. Quand tout le groupe a été vaincu, pas de panique, ce n’est pas le « GAME OVER » : notre personnage est fait prisonnier et parvient à s’échapper quelques jours après, à un autre endroit sur la carte. Si on avait réussi à recruter des héros, il faut alors partir à leur recherche pour les recruter à nouveau. Ces derniers ont un caractère indépendant et ne seront pas toujours d’accord avec nos choix, mais peuvent aussi vouloir quitter le groupe pour plaider notre cause auprès des autres seigneurs.
En dehors de la campagne solo, il y a aussi les modes multijoueurs qui permettent des affrontements gigantesques impliquant de nombreux joueurs. On peut donc faire revivre les batailles énormes dont on a souvent entendu parler pendant les cours d’histoire, pour notre plus grand plaisir. En plus, la durée du vie du jeu, déjà grande, se voit renforcée.
Ne pas juger un livre sur sa couverture
Mount & Blade : Warband est un parfait exemple du jeu qu’il ne faut pas juger trop vite. Si les premières minutes de jeu s’avèrent quelque peu affolantes, montrant un titre d’un niveau technique affreusement bas et peu maniable avec quelques bogues désagréables, il serait dommage de s’arrêter là. En persistant, on découvre un jeu rempli de bonnes surprises, permettant de progresser au rythme qu’on souhaite et de se forger le destin qu’on souhaite. Va-t-on trahir son roi ou l’aider ? Faut-il piller les villages ou les défendre ? Quelle dame vaut-il mieux épouser ? Allons-nous garder nos fidèles compagnons à nos côtés ou les laisser convaincre les seigneurs de se joindre à nous ? Autant de choix subtiles qui permettent de personnaliser chaque partie. Notre héros dispose d’attributs et de compétences qu’on développe comme on le désire, certaines compétences pouvant même se répercuter sur tout le groupe. Les quêtes annexes sont nombreuses et il existe de multiples façons de se faire un nom, même en pariant sur soi lors d’un tournoi. Le côté réaliste du titre est également l’un des éléments les plus appréciables, et si les graphismes sont décevants, les musiques, en revanche; sont très agréables. En plus, le jeu a été intégralement traduit en français.
Mount & Blade : Warband a su trouver le bon équilibre entre action-RPG, stratégie et gestion. Il faut faire attention à son argent, car entretenir une armée nécessite des ressources conséquentes, mais aussi au temps, aux relations avec les combattants recrutés, à la diplomatie. On peut choisir de devenir un héros bienveillant ou un véritable tyran, prouver qu’une femme peut unifier un pays, mais surtout, on s’amuse à vivre de palpitantes aventures dans un univers médiéval plutôt bien retranscrit. Et quand on s’estime en manque d’action, rien n’empêche de déclencher de véritables guerres sanglantes en multijoueurs. On espère juste que les prochains titres de la série auront un niveau technique plus à la hauteur des consoles actuelles et là, on tiendra un jeu réellement impressionnant à tous les niveaux.
Enguy
Points forts :
– Liberté immense accordée au joueur
– Un vaste monde vivant
– Bande son de qualité
– Nombreuses quêtes
– Version française intégrale
– Combats épiques
Points faibles :
– Graphiquement dépassé
– On reste coincé pour un rien, surtout à cheval
– Objectifs de quêtes pas toujours faciles à trouver
– Armes à distance difficiles à maîtriser
LA NOTE : 15/20
LA NOTE : 15/20
Développeur : TalesWorlds
Genre : action RPG / stratégie / gestion
Supports : PC, PS4, XBOX ONE
Date de sortie : 16 septembre 2016 (PS4 et XBOX ONE), 30 mars 2010 (PC)