Test : Monark (Switch)
Créé par des vétérans des anciens jeux Shin Megami Tensei et Persona, Monark embarque le joueur dans une aventure surnaturelle au style très gothique. Simple redite ou nouvelle expérience intéressante ? La réponse, sans tarder.
Un amnésique dans une école coupée du reste du monde
Le joueur incarne un élève de la Shin Mikado Academy qui vient à peine d’être retrouvé en bonne santé au milieu de la brume qui a presque tout envahit. Le seul problème, c’est qu’il est amnésique. Il ignore même comment il a fait pour ne pas être affecté par cette brume qui rend fous tous ceux qui la respirent trop longtemps et que les rares élèves « survivants » appellent « Unsettled ». On apprend ainsi que toute l’école est enfermée sous un dôme et que rien ne peut entrer ou sortir. La brume mystérieuse cherche à tout envahir et provient d’un monde parallèle, le « Otherworld« , qui abrite de nombreux démons. Parmi eux, un groupe de sept démons vraiment plus puissants que les autres et capables de se lier avec les êtres humains qui partagent les mêmes sentiments qu’eux. Ces démons sont des « Monarks » et chacun d’eux a une forte affinité avec l’un des sept péchés capitaux. Pour mettre un terme à cette folie, il va falloir trouver les humains qui ont lié un pacte avec des Monarks.
La chasse aux Monarks peut commencer
Contre des démons, un simple être humain n’a aucune chance. Heureusement, le héros croise le chemin d’une huitième Monark, Vanitas, qui lui confère des pouvoirs suffisants pour mener à bien sa mission. Le héros se lie aussi petit à petit d’amitié avec les survivants, qu’il peut ensuite intégrer à son équipe pour explorer l’école. Mais on ne peut choisir qu’un partenaire à la fois. Néanmoins, lors des combats, le héros peut également invoquer des démons qui l’aident à combattre. Comme les joueurs, ces créatures peuvent monter en niveau et équiper un tas d’accessoires pour devenir plus puissantes.
Ainsi, Monark embarque le joueur dans une boucle de gameplay assez classique et un peu répétitive : on explore une section de l’académie à la recherche d’indices qui conduisent à l’être lié à un Monark, on combat les démons pour briser le pacte et libérer la section explorée puis on passe à la suivante. Si l’exploration n’est pas des plus palpitantes, les combats sont vraiment bien pensés.
À bas l’exploration, vive les combats !
Quand on explore les salles et les couloirs envahis par la brume, on doit faire attention à la jauge de folie : cette dernière augmente régulièrement au fur et à mesure que le temps passe et si elle atteint 100%, c’est le « Game Over » assuré. On peut utiliser des objets pour la faire diminuer, mais le stress est bien présent. On s’assure de fouiller partout pour ne manquer aucun indice ou objet, d’éviter les Unsettled qui trainent et de résoudre quelques énigmes. Au début, c’est plaisant, mais on s’aperçoit rapidement que les salles et les couloirs sont tous les mêmes, avec toujours les mêmes chaises, bureaux et casiers qui se répètent partout, ce qui finit par lasser. En même temps, dans une école, on n’est pas censé trouver des identités visuelles fortes et différentes à chaque étage ou dans chaque bâtiment !
En revanche, quand on reçoit un appel sur son smartphone, l’équipe est automatiquement envoyée dans l’Otherworld et un combat commence. Là, le jeu prend une dimension tactique intéressante. Tout d’abord, on prend le temps de placer convenablement les membres de l’équipe sur la carte. Ensuite, on lance le combat. Le jeu se déroule au tour par tour. On déplace un membre de l’équipe, on lui assigne une action (attaquer, défendre, utiliser un objet, utiliser une action spéciale) puis quand toute l’équipe a joué, vient le tour des ennemis. S’il n’y a pas de grille sur laquelle se déplacer, des cercles indiquent le périmètre des déplacements et la portée des attaques. On veillera à attaquer par derrière pour infliger plus de dégâts ainsi qu’à se placer assez près de nos équipiers pour déclencher des attaques supplémentaires. Mais attention : les ennemis pourront en faire autant à leur prochain tour ! Il faut donc planifier soigneusement ses déplacements et ses actions, comme aux échecs.
Monark utilise un système de combat qui force le joueur à prendre des risques. Dans l’Otherworld, la jauge de folie de l’équipe peut également augmenter. Mais ce n’est pas forcément dramatique : plus elle est élevée, plus certaines actions spéciales seront puissantes. La jauge de folie augmente en utilisant certains arts : il faut donc veiller à ne pas en abuser pour ne pas atteindre les 100%. Car un personnage qui devient fou se mettra à attaquer les autres membres de l’équipe. Néanmoins, cet état peut être transcendé et permettre au joueur fou de devenir très puissant, ce qui peut s’avérer très efficace pour mettre fin rapidement au combat et gagner le meilleur rang. Car un classement est attribué au joueur après chaque combat : plus il est élevé, meilleures sont les récompenses. Pas de panique : on peut toujours recommencer les combats plus tard avec une autre équipe ou des personnages de plus haut niveau pour améliorer son classement. Monark favorise donc une certaine rejouabilité.
Pour résumer, les combats au tour par tour sont vraiment très tactiques et représentent un bon challenge. La stratégie est de mise et de nombreuses possibilités sont offertes aux joueurs, surtout à ceux qui aiment prendre des risques et flirter avec le danger !
Un niveau technique faible
Si le chara design est très influencé par le style gothique japonais, toujours plaisant, il n’en est pas de même au niveau général du jeu. Globalement, c’est assez faible et peu flatteur, même si ce n’est pas le plus important dans le jeu. Que ce soit en mode portable ou docké, on est loin des standards habituels des jeux Switch. Ce défaut est accentué pour la réutilisation à outrance de nombreux éléments du décor, tous identiques, qui produit en plus une certaine lassitude.
Outre les défauts techniques, Monark ne brille pas par sa narration. Les dialogues restent, dans l’ensemble, assez convenus mais l’histoire se suit avec intérêt et maintient le joueur en haleine. On reste cependant dans une narration assez classique, servie par des personnages eux aussi très classiques et pas forcément charismatiques, donc cela ne pose pas de problème, mais Monark ne se démarque en rien des autres jeux. C’est peut-être moi, mais Vanitas me fait un peu penser à Monokuma, en moins sadique et déjanté.
Un bon J-RPG qui aurait tout d’un grand
Monark est un jeu d’aventure et un J-RPG au tour par tour doté d’un système de combat merveilleux. On apprécie la direction artistique gothique, surtout en ce qui concerne les personnages. On aime moins le niveau technique, plutôt faible, et les séquences d’exploration assez répétitives et lassantes. On apprécie les voix anglaises et japonaises, de bonne qualité. On regrette l’absence de sous-titres français qui va décourager de nombreux joueurs, car le jeu ne propose que des textes en anglais.
Néanmoins, on sent les influences des anciens d’Atlus qui ont travaillé sur les premiers jeux Shin Megami Tensei : on retrouve une structure similaire dans Monark, ainsi que des thèmes communs à la célèbre série d’Atlus. Ainsi, malgré ses faiblesses, Monark est un bon J-RPG qui aurait pu devenir excellent avec quelques efforts de plus. On note cependant de grosses avancées par rapport au précédent jeux de FuRyu, The Caligula Effect: Overdose.
Si vous aimez les atmosphères sombres, les histoires de démons asiatiques et les univers gothiques, alors Monark est fait pour vous. Son système de combat au tour par tour fait des merveilles et compte parmi les meilleurs, mais cette qualité indiscutable est plombée par un niveau technique faible et une absence de version française. Au final, on a un très bon J-RPG qui aurait pu devenir une référence avec plus de finition !
Enguy
Points forts :
– Combats très tactiques et plein de possibilités
– Chara design gothique plaisant
– Histoire agréable
– Voix japonaises et anglaises de bonne facture
Points faibles :
– Pas de version française
– Séquences d’exploration répétitives et lassantes
– Niveau technique très faible
LA NOTE : 15/20
LA NOTE : 15/20
Développeur / Éditeur : Lancarse / FuRyu
Genre : RPG, aventure, stratégie
Supports : PC (Steam), PS5, PS4, Switch
Date de sortie : 22 février 2022