Test : Decay : The Mare (PC – Steam)
Après les sorties des 2 premiers épisode de Decay sur X-Box Live, Android, originellement développé par Shining Games, voici que « Decay : The Mare » sort sur PC et Mac grâce au studio Deadalic. Ce jeu est en fait la compilation de 3 épisodes de Decay, les 2 déjà sortis et un troisième qui fait office de conclusion.
Pour ceux qui connaissent cette série, nous avons affaire à un jeu Point’n Click à la mode Myst où l’ambiance malsaine et lourde règne. Fortement inspiré de l’ambiance dérangeante de Phantasmagoria d’après les développeurs, ce jeu d’horreur réussira-t-il à devenir une nouvelle référence de jeux d’énigme horrifique ?
Un peu d’histoire
Mmmmhh…difficile de vous parler du scénario sans vous spoiler l’histoire car, ici, le jeu commence avec très peu d’éléments et le scénario se découvre au fur et à mesure. Mais bon, je vais quand même essayer d’attiser votre intérêt avec quelques éléments. Vous jouez Sam, un ancien junkie souhaitant sortir de la drogue. Vous intégrez donc une maison de désintoxication pour vous aider dans cette épreuve. Cette maison n’est pas tout à fait un grand hôpital comme on pourrait s’y attendre, mais plutôt une petite institution ne pouvant accueillir que quelques personnes. Mais, tout ne se passe pas exactement comme on pourrait le croire et, très vite, cauchemar et réalité se mélangent. En effet, un jour, après avoir pris ses pilules, le héros se réveille dans sa chambre et découvre une institution délabrée, abandonné et en ruine. A vous de découvrir la dure réalité qui se cache derrière. Le contexte est plutôt bien installé et piquera la curiosité et l’envie du joueur.
Mais la conclusion de l’intrigue m’a, malheureusement, déçue. Pourtant, pendant tout le jeu, très peu d’indications sont données pour comprendre ce qui se passe, et en découvrant les quelques indices de part et d’autre, l’imagination du joueur s’emballe et de multiples scénarios inondent son esprit. J’avoue avoir inventé plusieurs fins possibles, aussi bien surnaturelles à la Silent Hill, que psychologiques à la Shutter Island avec une chute progressive dans la folie du héros. Mais, l’explication finale, qui n’est révélée que dans les dernières minutes, est beaucoup plus terre à terre et du coup, quelques peu incongrue compte tenu du reste du titre.
Une ambiance malsaine.
Bien sûr, dans ce type de jeu, l’ambiance est primordiale pour plonger le joueur dans ce monde d’horreur, et là, il faut avouer que c’est un très gros point fort de « Decay : The Mare ». En effet, l’atmosphère pesante est bien là et on retrouve la mise en scène classique, mais néanmoins très efficaces de ce genre de titre. Vous aurez droit à une luminosité sombre, des lampes clignotantes, une incohérence d’éclairage qui vire sur le rouge, et surtout le décor est très réaliste. En effet, la demeure dans laquelle vous évoluez est très délabrée, mais aussi torturée que peut l’être le jeu. Les différents environements contribuent également énormément au sentiment de malaise que peut ressentir le joueur. Ainsi, on trouve des tableaux illustrant des visages inquiétants, des statues difformes et torturées, en gros, ce n’est clairement pas un endroit où vous irez passer vos vacances.
Malheureusement, si l’environnement contribue avec succès à l’atmosphère malsaine, la mise en scène est bien trop monotone pour maintenir une tension et un stress sur le joueur. Résultat, la façon d’évoluer dans le jeu inhibe complètement le sentiment de peur du joueur et, finalement, l’horreur n’est pas au rendez-vous. Vous aurez certes quelques scènes plutôt bien placées qui provoquent un sursaut et qui, personnellement, m’ont bien fait sauté au plafond. Par exemple, un monstre qui passe devant la fenêtre à un moment totalement inattendu, ou alors, ce même monstre qui apparaît juste devant vous à un endroit où pourtant vous étiez passé quelques minutes plus tôt sans problème. Mais, ces apparitions sont trop rares pour que le joueur conserve un état d’anxiété et de tension, et surtout ils n’ont aucune conséquence ni suite. Résultat, l’effet d’horreur est fortement diminué.
Le Gameplay
Je vous ai un peu fait languir en faisant passer en priorité le scénario et l’ambiance, mais il est vrai que pour un point’n click, ce sont des éléments majeurs. Donc, oui, nous avons affaire à un point’n click, mais pas à la sauce Monkey Island. Ici, on se retrouve plutôt devant un « escape room », genre qui a un moment inondé nos tablettes. Pour ceux qui ne connaissent pas, un « escape room » est un jeu où il faut récupérer des objets trouvés dans les différents décors afin de les combiner et de les utiliser, dans le but de résoudre des mini énigmes et de sortir du lieu clos dans lequel le héros se trouve. La particularité de ce type de gameplay est que l’endroit qui l’emprisonne se compose d’une suite d’écrans figés. Dans chacun de « ces paysages », la difficulté réside souvent dans le fait de trouver tous les objets utiles qui sont souvent dissimulés, de les combiner avec une logique particulière, et de trouver où les utiliser. Pour la réussite de ce type de jeu, toute la subtilité se trouve dans l’équilibre entre les objets utiles et les fausses routes, l’intelligence des combinaisons d’objets et la justesse des énigmes qui ne doivent pas être trop compliquées, mais qui ne doivent pas être évidentes pour autant.
Dans « Decay : The mare », ces 3 considérations sans avoir été complètement négligées n’ont, à mon avis, pas eu toute l’attention requise pour que ce jeu devienne une référence en la matière. Et oui, ici, tous les objets sont utiles, il n’y a pas de fausses piste. Et tous les objets ne s’utilisent qu’une seule fois. Résultat, il est très aisé de comprendre l’intérêt des différents objets trouvés et de les trier.
De même, les combinaisons d’objets sont rares et juste évidente. Par exemple, on va trouver une lame de couteau et un manche, il ne faut pas beaucoup réfléchir pour comprendre qu’il faut les combiner ensemble. En revanche, les énigmes sont plutôt bien réussies et dosent correctement la difficulté en fonction des indices trouvés. Mais hélas, elles restent rares et nous laissent sur notre faim. En effet, à un moment du jeu, il faut trouver des balles de couleurs et les disposer dans le bon ordre pour accéder à la suite du jeu. Mais, là où le bât blesse, c’est que les balles apparaissent sans qu’on comprenne vraiment pourquoi… C’est en repassant plusieurs fois au même endroit que tout à coup, une animation est apparue pour faire apparaître une balle. Je n’ai personnellement pas compris ce qui a déclenché cet événement ce qui est plutôt frustrant. De plus, le nombre de combinaisons différentes de l’énigme est tellement faibles, qu’en essayant toutes les combinaisons, la solution apparaît en 2 minutes, ce qui ne motive pas à comprendre la subtilité du puzzle.
Un peu de technique
En ce qui concerne les graphismes de « Decay : The Mare », nous avons affaire à un portage des versions « tablette ». Alors, certes sur un écran 10 » c’est peut être beau, mais sur un écran 21 » qui est maintenant le standard sur PC, on ne peut pas trop s’enthousiasmer. Les textures sont plutôt simples et les couleurs bavent un peu. Ce n’est pas foncièrement mauvais, mais on ne peut s’empêcher de penser que les graphismes datent d’une autre époque. L’ambiance sonore et la musique se font plutôt rares ce qui est un peu dommage car elles auraient fortement contribuées à maintenir un niveau de tension sur le joueur.
L’interface utilisateur est un modèle de simplicité ce qui facilite énormément l’immersion car cela permet de se concentrer sur l’ambiance et l’histoire, sans passer un temps fou à apprendre à la maîtriser. Elle est même peut être un peu trop simplifiée car le pointeur de la souris se transforme en loupe quand il y a une action à réaliser et il suffit de cliquer sur les flèches lorsqu’elles sont présentent pour se tourner. Résultat, on trouve très, trop, rapidement les objets à dénicher dans le décor.
On en vient à la durée de vie, où là clairement le jeu déçoit. En effet, même si cette version PC regroupe les 3 épisodes de la série Decay, il ne vous faudra que 3h maximum pour terminer le jeu en débloquant l’ensemble des trophées. Le jeu est en effet beaucoup trop facile : il n’y a pas de pièges, pas de fausses routes, le lien entre les objets trouvés et l’énigme est bien trop évident et surtout, le jeu est court. C’est dommage, car comme énoncé plus haut, l’imagination du joueur s’emballe au fur et à mesure des indices, et on se met à rêver d’une monté en crescendo vers une fin grandiose, et malheureusement, la conclusion de l’histoire tombe un peu brusquement et trop rapidement.
De plus, de façon surprenant, les développeurs ont même ajouté une icône d’aide pour les joueurs perdus pour expliquer où aller et confirmant qu’un objet ou une action sont à réaliser. Je vous conseille largement de ne pas utiliser cette icône qui, soit ne vous apportera aucune aide, par exemple lorsque le joueur bloque sur une énigme, savoir qu’il y a une action à réaliser n’aidera pas; soit vous gâchera le jeu en vous avouant qu’il reste un objet à trouver dans la pièce.
Pour conclure,
« Decay : The mare » est donc un point’n click horrifique de type « escape room » plutôt plaisant et correctement rendu en terme d’ambiance stressante sans pour autant devenir une référence en la matière. Il est bourré de bonnes idées avec des énigmes plutôt réussies, mais qui, malheureusement, ne sont pas exploitées jusqu’au bout ce qui nous laisse sur notre faim. De plus, la durée de vie trop courte et la fin sans éclat frustre un peu le joueur. Finalement, « Decay : The Mare » reste un jeu correct qui ne chamboule pas les standards du genre.
Si vous êtes débutant dans les « escape room » horrifique, ce jeu est une très bonne introduction en la matière, pour les habitués, vous ne trouverez pas de grand challenge.
Acerico
Points Forts
- Une ambiance réussie avec des décors malsains
- Une histoire qui monte en crescendo
- De bonnes idées
Points Faibles
- Durée de vie trop courte
- Manque d’ambition sur la conclusion de l’histoire
- Trop facile
La note Gamingway : 12/20
La note Gamingway : 12/20
Éditeur : Shining Gate Software
Développeur : Daedalic Entertainment
Genre : Point’n Click horrifique
Plateforme : PC (Steam), Mac (Steam), Xbox (Live)
Date de sortie : Janvier 2015 sur PC, Mac et Xbox