L’App’éro #12
Après une pause estivale plus longue que prévue, l’App’éro revient avec trois titres auxquels il fallait avoir joué cet été pour être le cool-kid de la plage : Alphabear, Fallout Shelter et Lifeline !
Alphabear est développé par Spryfox (déjà responsable de l’indispensable Triple Town), petit studio indé adepte du proverbe « easy to play, hard to master« . En effet, ne vous fiez pas à la bouille toute mimi de leurs productions, ce sont des puzzle-games redoutables à la difficulté violemment exponentielle.
Et ce nouveau titre ne déroge pas à la règle : tout en proposant une esthétique complètement choupi-trognon, Alphabear est puzzle-game littéraire des plus ardus. Gros écueil pour beaucoup de joueurs, le jeu est intégralement en anglais et ne reconnait donc que des mots dans la belle langue de ces perfides Britons. Si votre vocabulaire comprend des mots de plus de quatre lettres, vous pouvez foncer, c’est de la bonne. Le but est donc de former des mots avec des lettres placées sur des grilles à géométrie variable : plus le mot compte de lettres, plus il rapporte des points, c’est évident. Toutefois, pour ne pas limiter leur concept à un bête Scrabble, Spryfox a ajouté l’utilisation de « bears » (des ours, quoi) qui octroient des bonus de points si vous les « équipez » avant de lancer une partie.
Une grande partie du charme de ce titre réside dans cette ribambelle d’ursidés à débloquer en réalisant des highscores sur les défis proposés : chaque bear a son look personnalisé et des bonus en accord avec leur apparence, que ce soit des points supplémentaires lors de l’utilisation de certaines lettres ou une majoration en fin de partie. Chaque mot que vous composez fait disparaître les lettres de la grille et un petit ours prendre leur place, ces derniers fusionnent entre eux s’ils sont adjacents et plus gros est l’ours plus il vaudra de points en fin de partie !
Chaque jour, un défi est créé avec des règles spécifiques et la possibilité de débloquer des bears plus ou moins rares en cas de « gropoints » : suppression de certaines lettres, limite de temps, taille de la grille… les variantes ne manquent pas pour apporter un peu de diversité à chaque partie. Je passe volontairement sous silence certaines petites mécaniques et défis dont je vous laisse la primeur de découvrir en jeu…
Au rang des bémols, le jeu est gratuit mais limite votre nombre de parties façon Candy Crush, avec de l’énergie à dépenser pour lancer un tableau : comme dans tout bon free-to-play qui respecte ses joueurs, il est possible de payer une bonne fois pour toutes afin de retirer cette barrière et jouer autant que l’on souhaite (comptez 5€, ce qui n’est pas si énorme vue la durée de vie du titre). Cependant, un autre timer vient entraver votre progression sans qu’aucun achat ne permette de le retirer : après avoir été utilisés, les ours passent en hibernation pendant une durée qui peut aller d’une minute à douze heures, selon l’efficacité dudit ours.
Il est un peu frustrant de devoir attendre que ses meilleurs ours se soient reposés pour être utilisés car une fois un certain niveau atteint, il devient impossible d’atteindre le highscore demandé sans ces ours (seul moyen pour débloquer d’autres niveaux). De plus, le jeu n’est jouable que lorsque vous êtes connecté à Internet, la seule façon que les développeurs ont trouvé pour « renouveler les défis quotidiennement et permettre la sauvegarde en ligne » -sic.
Passés ces quelques défauts, le jeu est sacrément addictif, le temps d’hibernation des ours étant parfait pour faire une pause ou jouer à autre chose. Comme Fallout Shelter, par exemple ?
► Alphabear est développé par Spryfox et il est disponible gratuitement (5€ pour la version « semi-complète) sur l’AppStore et le Google Play Store.
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C’est sur cette transition complètement fofolle que je passe maintenant à l’autre free-to-play de cet été : l’incontournable Fallout Shelter ! Vous en avez sûrement entendu parler lors de l’E3 dernier, lors d’une annonce qui a fait grand bruit (mais pas pour les bonnes raisons – dans un premier temps, du moins) : pour patienter avant la sortie du quatrième épisode de la licence, Bethesda balance un os à ronger aux fans de Fallout avec ce Shelter qui s’apparente finalement plus à un idle-game (ces jeux à la Cookie Clicker qui ne demande que peu d’attention de la part du joueur) qu’à un jeu de gestion/stratégie.
Nonobstant (+400 points de street cred pour avoir réussi à le placer correctement) cet état de fait, Fallout Shelter fait complètement le job et ce, sans venir vous enquiquiner toutes les deux minutes avec des achats in-app aux tarifs absurdes ou des jauges d’énergies qui se vident dès que vous avez fait trois actions. Le jeu peut se pratiquer sans dépenser le moindre euro et venant d’un éditeur AAA comme Bethesda, c’est foutrement rafraîchissant. Il y a bien une monnaie in-game que l’on peut acheter avec des euros mais, une fois de plus, on peut très bien jouer sans (ARRÊTEZ DE DÉPENSER DE L’ARGENT DANS DES FREE TO PLAY !)
En tant que démiurge… ahem, Administrateur de l’Abri, il vous revient la lourde tâche de veiller au bonheur de vos résidents. Rien de plus simple, en fait : il suffit de les mettre au turbin en continu et ce sans leur verser de salaire. De les envoyer à la mort dans le Wasteland pour qu’ils ramènent des armes et équipements. De les forcer à se reproduire (parfois entre membres de la même famille) pour repeupler ce monde détruit par une apocalypse nucléaire. Bref, c’est la fin du monde, et celle-ci justifie complètement les moyens (surtout les plus scabreux).
Il faut donc prendre en compte les besoins de l’Abri (électricité) et ceux des résidents (nourriture et eau) pour que tout roule comme sur des roulettes. A l’exception des raids occasionnels de pillards et autres invasions de radcafards qui viennent foutre le bordel dans petit paradis artificiel si vos péons ne sont pas équipés comme il faut.
Avec votre population toujours grandissante, vous débloquerez de nouvelles salles à construire qui permettront de recruter de nouveaux résidents, d’améliorer les caractéristiques de ceux-ci (on retrouve le système S.P.E.C.I.A.L. de la série), éduquer les enfants, produire des medkits et antirads… Et donc de participer à l’expansion perpétuelle de votre abri et au maintien du bonheur de vos résidents. I don’t want to set the world on fiiiiire…
► Fallout Shelter est développé par Bethesda et il est disponible gratuitement sur l’App Store et le Google Play Store.
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Lifeline est probablement ce qui est arrivé de mieux à l’Apple Watch depuis… euh, depuis la sortie du bouzin, tout bien considéré. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il est toujours inutile d’acheter cette daube et ce, même pour jouer à Lifeline ! Ce qui tombe très bien puisque le jeu de 3 Minutes Games est également dispo sur mobiles.
Lifeline est une fiction interactive dans sa forme la plus épurée : on y suit les aventures de Taylor, un.e astronaute (magie des prénoms unisexes !) dont le vaisseau s’est écrasé sur une lune proche de Tau Ceti et le titre nous propose régulièrement de faire des choix binaires qui influeront sur le déroulement de la narration : est-ce que Taylor doit aller explorer le reste de la carcasse de son vaisseau ou faire un tour des environs ? Vaut-il mieux dormir à la belle étoile ou près du réacteur, dont la chaleur radioactive risque de nous tuer ? Evidemment, en cas de game over (et ils sont nombreux), il suffit de choisir l’autre option disponible pour continuer l’aventure.
La véritable originalité du titre (et son intérêt sur Apple Watch) est de fonctionner entièrement grâce aux notifications : il n’est pas nécessaire de lancer l’application pour lire le déroulé des événements ou faire les choix, tout est consigné dans de courts paragraphes parfaitement adaptés à un petit écran. Cela dit, côté iPhone, il faudra disposer d’une machine avec iOS 8 sans quoi il sera impossible d’acheter l’application : en effet, les notifications interactives sont un ajout exclusif à cette mise-à-jour.
Cette narration par notifications est justifiée par le fait que tout se déroule en (semi) temps réel : Taylor s’adresse à vous directement pour l’aider dans son périple sur cette lune hostile mais chaque action que le personnage entreprend dure un certain temps… et pour vous également ! D’où l’intérêt de ces notifications qui viennent vous rappeler l’avancée de Taylor, son trépas ou sa victoire contre les éléments.
Côté histoire, on nage en pleine SF à la Alien avec un équipage massacré, de curieuses lumières vertes et des présences menaçantes dans l’obscurité. Écrit par Dave Justus (scénariste de Fables : The Wolf Among Us), ce récit fonctionne d’autant plus que la relation qui s’établit entre Taylor et le joueur est véritablement organique : faites-lui prendre une mauvaise décision et il.elle vous en voudra; au fil de nos choix, le lien entre Taylor et nous se densifie à chaque décision, Taylor nous demande souvent notre avis sur des choses anodines, si bien que l’on se surprend à s’inquiéter pour cet.te astronaute esseulé.e sur la lune de Tau Ceti à chaque notification reçue. Assurément l’un des must-read de la fiction interactive (sur iOS, il existe une traduction française mais pas sur Android, curieusement).
► Lifeline est développé par 3 Minutes Games et il est disponible pour environ 3€ sur l’App Store et le Google Play Store.
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A dans quinze jours !
Go-Ichi