Ceci n’est pas un Test : The Beginner’s Guide (PC)

beginners-guide-0Sorti de nulle part, seulement deux jours après avoir été annoncé, The Beginner’s Guide de Davey Wreden (sous l’entité Everything Unlimited) est donc disponible sur tous les stores en ligne pour un peu moins de 9€. Que faut-il en penser ? Comment le critiquer ? Autant de questions auxquelles ce non-test ne répondra pas, puisqu’à l’instar du précédent The Stanley ParableTBG échappe à tout carcan ludique, à tout format préétabli et propose une nouvelle voie impossible à envisager sous l’angle, forcément réducteur, d’un test.

La seule question qui mérite d’être posée est « doit-on jouer à The Beginner’s Guide ? » et la réponse est un oui, franc et sans ambages, et ce, quel que soit votre « profil ». Sachez seulement qu’il vaut mieux y jouer en n’en sachant rien, vierge de tout a priori ou avis extérieur : cela inclut évidemment la lecture de cet article, bien qu’il ne contienne aucun spoiler.

Car cette expérience ludique n’a pas de public-cible, a contrario d’un J-RPG qui s’adresse un public (trop) spécifique tout en étant à des kilomètres de celui d’un FIFA. The Beginner’s Guide a pour ambition de s’adresser à tout le monde, non pas uniquement aux joueurs, mais à tout un chacun, pour peu que les questions de doute, d’admiration, de dépression et d’amitié à sens-unique soient des choses qui nous habitent tous à un moment ou à un autre.

Dans le même temps, du fait de cette orientation introspective, ce nouvel OLNI (1) de Wreden ne s’adresse finalement qu’à une petite frange de joueurs, avides d’expériences autres, mystiques et sensorielles, avant d’être clairement ludiques ou identifiées par un gameplay évident au premier clic. Que cela ne vous empêche pas de tenter l’aventure, toutefois.

Mais aussi, d’une certaine façon, TBG ne s’adresse à personne. C’est une production autiste, complètement refermée sur elle-même et son créateur : le joueur qui s’y essaierait ne ferait que tenir une chandelle virtuelle entre l’émetteur et le destinataire du jeu ; dans les deux cas, Wreden lui-même.

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De ce constat contradictoire et pourtant cohérent, on réalise que, peut-être, le véritable but de TBG est de nous faire écrire des articles abscons, serpentant absurdement pour éviter un spoil somme toute dérisoire. Avec pour conséquence directe de nous piéger nous-mêmes dans la sur-analyse futile et masturbatoire d’un titre, dont le sens véritable n’appartient au final qu’à son créateur – une pratique que le jeu semble par ailleurs dénoncer vertement.

Ainsi, il est tout à fait concevable que TBG soit une attaque déguisée contre tous les journalistes/bloggers/critiques qui ne vivent qu’au travers des créations d’autrui, se complaisent dans l’analyse capillotractée de détails microscopiques (pourtant dépourvus de sens pour le créateur) et qui se servent desdites créations pour flatter leur propre intellect, et donc leur ego.

Cela dit, il se peut tout aussi bien que The Beginner’s Guide soit une démonstration éminemment mégalo et égocentrique de Wreden, auto-persuadé de son propre génie et encouragé par son entourage. Une hypothèse tout à fait plausible et qui n’exclut en rien toutes les précédentes, vous noterez.

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TBG ne ressemble à rien de connu. Certes, dans la forme comme le fond, il partage des similarités avec The Stanley Parable (de Wreden également), voire Gone Home ou Dear Esther, pour ne citer que les plus célèbres représentants du « genre » first-person-walker.

Si du premier, on en retrouve la voix-off et les environnements dépourvus – ou presque – d’autres personnages, il n’en possède ni l’humour, ni le jeu permanent entre narration et gameplay. Et encore moins le questionnement de notre position de joueur, avec la liberté (illusoire) de contrevenir aux règles énoncées par la voix-off/le jeu. The Beginner’s Guide est une expérience courte et strictement linéaire, dépourvue de choix, d’embranchements narratifs : en cela, c’est une expérience pure, qui va à l’essentiel, sans dévier ni créer de diversion inutile à son propos. Elle garde cependant toute l’éloquence méta de son aîné, signature de la personnalité de Wreden.

Si du second, il en reprend l’idée d’exploration de l’intime via l’exploration, littérale, d’un environnement, il ne propose aucun élément optionnel, aucune mécanique ou enrobage superflu, à l’instar de l’aspect pseudo-horrifique du jeu de Fullbright.

Et enfin, soyez rassurés, The Beginner’s Guide n’a pas la dimension auteurisante, ampoulée et ronflante du Dear Esther de The Chinese Room dont la narration inutilement absconse et cryptique desservait tout le concept ludique, au demeurant passionnant et foncièrement original.

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The Beginner’s Guide est à la fois tout ceci, rien de tout cela et bien d’autres choses encore. Le jeu de Wreden acquiert une résonance propre à chacun et la seule façon de la découvrir est de s’essayer au titre.

Il se peut que vous le rejetiez en bloc, il se peut que vous le trouviez absolument brillant (c’est mon cas), il se peut qu’il vous remue au plus profond de vos tripes (idem) ou qu’il ne vous en touche une sans faire bouger l’autre, mais une chose est absolument certaine : vous n’avez jamais joué et vous ne jouerez probablement plus jamais à quelque chose de similaire. Saisissez cette occasion.

Vous pouvez, ou non, regarder le trailer ci-dessous qui, à l’instar de cet article, ne dit absolument rien sur le jeu et qui pourtant, en dévoile tout.

The Beginner’s Guide est développé par Davey Wreden et il est disponible pour environ 9€ sur Steam et le Humble Store.

(1) OLNI : Objet Ludique Non-Identifié.

Go-Ichi

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