Aperçu : Deadlock (Steam)
Vous connaissez les MOBA ? Vous connaissez League of Legends ? Bon, alors vous savez tout ce qu’il y a à savoir… Ou alors peut-être que c’est un peu plus compliqué que ça. On en cause ?
Avant de rentrer dans le dur, il faut commencer par parler du projet Deadlock lui-même. Des rumeurs parlent du jeu depuis fort longtemps et les beta fermées secrètes démarrées il y a quelques mois étaient un secret de polichinelle. Une communication au premier abord très mal maitrisée mais qui pourrait en fait être un vrai calcul stratégique de la part de Valve, une façon un peu tordue de faire parler du jeu.
Ainsi, les premières images sont issues de leaks ou de NDA enfreintes parce que mal fichues, mais aucune vraie annonce jusqu’à ce jour. À l’instant où j’écris cet article, il y 44 000 joueurs en ligne et un pic indiqué à 133 000 alors que le titre est toujours en beta fermée, sans la moindre communication et n’ouvre ses serveurs que par zones géographiques suivant les horaires.
Il se classe dans les 15 jeux les plus populaires sur Steam, c’est assez fou quand on y pense. Actuellement, pour y participer il faut être invité par un joueur ayant déjà accès aux phases de playtest.
Bref, tout ceci pour démarrer en expliquant en quoi ce jeu est déjà une curiosité à la base.
La tarte à tout
Deux équipes de 6 joueurs s’affrontent dans une ville traversée par 4 lanes (axes principaux), doivent détruire les gardiens adverses pour finir par tuer le boss dans la base opposée. Définir Deadlock est simple et compliqué à la fois. Au premier abord, il s’agit d’un MOBA (Multiplayer Online Battle Arena) en mode TPS, à la manière d’un Smite (dont la suite vient juste de sortir, mauvais timing). Maintenant que l’on a dit ça, il est important d’ajouter que le jeu lorgne, dans ses mécaniques de combat, du côté du Hero Shooter et propose un feeling assez proche de celui d’un Overwatch. Ajouté à cela, une mobilité très permissive avec beaucoup de verticalité et on obtient un cocktail bien plus original que ce que le concept laisse entrevoir.
Don’t look up
S’il y a bien une chose sur laquelle s’accorde tous les joueurs de Deadlock, c’est sur l’aspect grisant de la mobilité offerte par le titre. Dans les autres jeux du genre, en dehors de personnages doté de pouvoir de vol, on reste généralement collé au sol mais pas dans Deadlock. On zigzague de droite à gauche dans les premiers temps, puis on se rend vite compte que de nombreux moyens existent afin d’atteindre les sommets de la ville, rendant les affrontements plus nerveux et les embuscades plus sauvages. Il ne faut pas seulement regarder dans la périphérie directe de notre avatar mais également scruter les hauteurs à la recherche du moindre ennemi embusqué. Qu’il ait une aptitude aérienne ou pas, notre personnage ne sera jamais scotché au bitume, c’est la fête des options de déplacement. On peut, sans ordre particulier, sauter, double sauter, esquiver, dasher, glisser, enchainer tous ces mouvements (sous réserve qu’il nous reste de la stamina). C’est un vrai délice, mais c’est surtout une obligation d’en maitriser les bases si l’on veut survivre lors des affrontements qui peuvent rapidement se révéler fatals.
L’une des grandes innovations du titre, allant elle aussi dans la sens de cette mobilité, est la présence de tyroliennes sur chaque lane, permettant de faire des aller-retours « rapides » entre les zones d’escarmouche et la base de départ tout en offrant d’autres opportunités acrobatiques.
Need a hero
Au nombre de 21 pour le moment, chaque héros possède un kit de sorts et un arsenal personnalisé. On ne va pas se mentir, en dehors de quelques sorts originaux, l’écrasante majorité des skills proposés ont déjà été vus ailleurs (ce qui ne les empêche pas d’être convaincants). Deadlock étant toujours en phase de test et donc d’équilibrage, il n’est pas rare de trouver que tel ou tel personnage est bien trop puissant par rapport au reste du cast, mais les synergies entre héros sont déjà bien pensées, pouvant facilement renverser le cours d’un affrontement.
Bien que ce ne soit pas ce qui intéresse le plus les clients du genre, il est opportun d’évoquer, au travers des avatars, la direction artistique du jeu. Très orienté littérature pulp années 30, l’univers du titre évoque un mélange d’histoires de gangsters et de mysticisme, dans la droite lignée des Dick Tracy ou autre Mandrake le magicien. Un style qui ne fonctionnera clairement pas sur tout le monde mais qui saura trouver nombre d’adeptes (moi compris).
Shop suée
Ce qui caractérise les MOBA, en plus de leur structure en arène, c’est l’importance des objets à acheter en magasin, modifiant grandement le build de votre avatar. On va évidemment retrouver ce principe dans Deadlock avec une masse déjà conséquente d’objets à acheter et, avant tout, à connaitre. Certains proposent un ou plusieurs avantages passifs généraux, d’autres peuvent être appliqués à l’une des aptitudes du personnage et les derniers, actifs, prennent place en tant que skill/sort supplémentaires. Ils sont classés en 3 familles dans le magasin : Armes, Vitalité, Esprit. Construire un build, c’est orienter son personnage dans une direction, mais c’est également se prémunir des builds adverses. Certaines attaques causent des dégâts balistiques classiques, alors que d’autres font des dégâts mystiques. Une mauvaise gestion des objets peut être cause de décès en boucle, sans possibilité de se défendre.
L’avantage, c’est que tout objet acheté peut être revendu et remplacé, de façon à ne jamais se sentir bloqué.
Pour le moment, c’est d’ailleurs l’une des faiblesses qui ressort des playtests, l’aspect un peu « placeholder » des objets qui manquent de lisibilité au premier abord. Il y aura probablement un boulot d’affinage du design à venir pour améliorer les choses.
Les bons comptes font les bons ennemis
De la même façon que dans un League of Legends ou un Defense of the Ancients, il faut farmer pour gagner de quoi acheter les objets. Ici il ne s’agit pas de golds mais d’âmes que l’on peut récupérer en éliminant les minions adverses, les gardiens (équivalent des tours sur les lanes) ainsi que les joueurs adverses. Là où Deadlock se différencie, c’est dans son système de deny des âmes. Lorsque l’on élimine un minion adverse, on gagne directement un montant d’âmes, mais une bulle s’échappe immédiatement de la dépouille emportant le reste des âmes avec elle. Si elle finit sa course en l’air tranquillement, le montant nous revient mais si l’adversaire tire dedans, il en récupère le contenu, nous refusant (deny) ainsi une partie des âmes gagnées. Il faut donc s’évertuer à les abattre nous-même lorsqu’elles s’envolent. À noter qu’éliminer avec une attaque au corps à corps permet de récupérer toutes les âmes d’un coup sans qu’aucune bulle ne s’échappe. Ces mécaniques ajoutent une grosse tension durant les phases de lane initiales.
Here comes a new challenger
Depuis quelques années, le secteur du jeu multi compétitif semble relativement figé. Chaque genre à son champion indétrônable et quelques challengers qui ramassent les miettes (qui sont parfois bien grosses). Entre LoL, Counter Strike, Valorant, Overwatch et Fortnite, il est difficile de débarquer en pensant faire son trou. Chez Sony, Concord en a récemment fait les frais.
Pour percer il faut une formule efficace, un modèle économique intelligent, une bonne communication et un sacré alignement des astres. S’il est difficile de se prononcer sur la question astrologique, pour le reste Deadlock semble remplir les critères. La formule réunit le meilleur de ce qui se fait ailleurs, est (pour le moment) gratuite et jouit d’une excellente dynamique de bouche à oreille. Il est évidemment impossible de dire si le jeu fonctionnera dans le temps, s’il saura fédérer une grosse communauté, mais ce qui est certain c’est qu’il a absolument tout pour réussir.
Ominae
Développeur : Valve
Éditeur : Valve
Genre : MOBA, Hero Shooter
Support : PC (Steam)
Date de sortie : NC