Test : Trailblazers (Switch)

Petit soft de course d’un nouveau développeur se révélant être fort divertissant, original et doté d’une bande-son éclectique, recherche désespérément joueurs et joueuses pour passer du bon temps et plus si affinités.

 

Trailblazers est loin d’être connu. Une recherche internet vous redirigera volontiers vers une équipe de basket de Portland ou un jeu Amiga des années 80. Et pourtant, les jeunes développeurs de supergonk ont réussi un miracle avec leur nouveau-né. Ça ne joue pas totalement dans la cour des grands, mais on s’en rapproche fortement à tous les niveaux. Let’s get funky!

 

Une volonté honnête

Les premières minutes de Trailblazers sont assez déroutantes, car étonnamment simplistes. Le véhicule de ce jeu de course futuriste peut avancer, freiner et envoyer de la « peinture » devant ou derrière lui. Point de dérapages ou figures à l’horizon, on est face aux contrôles les plus simples du monde. C’est alors que quelque chose clique, fait mouche. Le jeu n’essaye pas de se conformer à nos attentes, mais à un idéal nostalgique modernisé : l’époque Dreamcast.

Comme pour toute œuvre, la lecture et l’analyse que l’on peut en faire sont régulièrement éloignées des intentions de son ou ses auteur.s, mais il est difficile de ne pas avoir ici des flashbacks honnêtes et sincères d’un jeu de course qui aurait partager l’ADN de Jet Set Radio. Contrairement à Hover, qui crie et hurle son inspiration pour s’assurer qu’on ne manque pas la référence (c’est plus fort que lui), Trailblazers se débrouille tout seul, sans esbroufes ou tremplin du compositeur de JSR Hideki Naganuma, pour nous donner naturellement l’impression d’un titre qui serait passé par une version arcade NAOMI avant de finir sur la dernière console de SEGA.

Vroum Vroum !

Contrôles simplistes donc, mais on ne peut pas se plaindre, tant vos réflexes et une sur-précision de vos mouvements sont déjà constamment requis. Un bouton de plus et ça en aurait été la guerre (des boutons). Le titre se complait dans la simplicité de ses mécaniques pour mieux laisser la place à notre instinct de joueuses et de joueurs, ce qui a exactement fait la popularité des titres d’arcade d’antan, à commencer par les plus grands succès 3D de SEGA. Dans ce futur probablement lointain, les courses se passent en coopération sur des pistes composées d’une matière aimantée pouvant se colorer. Inutile d’essayer de repeindre la verdure, Splatoon est là pour ça. Les motifs hexagonaux que vous laissez un peu partout ont la particularité d’accélérer encore plus la vitesse de votre véhicule déjà rapide ou bien de ralentir un adversaire si vous l’atteignez en le jetant devant vous. Plus vous restez sur vos traces ou celles de vos camarades et plus le niveau de boost augmente. La rumeur veut que le dernier, le trois, fasse directement souffler le vent à travers l’écran, tant la vitesse est phénoménale.

Vous et vos partenaires aurez donc pour but d’imposer votre couleur sur la piste afin de profiter d’une vitesse accrue quasi-constante, mais aussi pour empêcher vos concurrents de faire la même chose. Le résultat est loin d’être aussi chaotique qu’on pourrait l’imaginer, c’est juste rempli de couleurs dans tous les sens. On espère que vous maîtrisez à la perfection votre stick analogique, car il vous faudra sans cesse zigzaguer pour tenter de rester sur le chemin magnétique créé par votre épique, tout en repeignant par-dessus ceux des adversaires.

Sauf que voilà : Joy-Con de la Switch, je te déteste. La sur-sensibilité des outils proposés par Nintendo atteint ici ses limites, ainsi que ma patience. Le véhicule se retrouve rapidement à foncer dans les murs, avec pour effet, choisi par les développeurs, un gros rebond qui vous met en sens inverse. La manette Pro change tout, mais dans les transports c’est pas le plus pratique. Face à la précision demandée par le jeu, on comprend alors pourquoi les mécaniques restent si simples et arcade : contrairement aux autres jeux de course du marché, les trajectoires empruntées ne sont pas forcément les plus courtes, mais celles où votre couleur se trouve. Le principe est direct, sans fioritures, exactement ce qu’on aurait trouvé sur une borne NAOMI de la fin du siècle dernier, précédant un portage en trombe sur Dreamcast. C’est original, ça marche très bien, mais la Switch ne facilite pas les choses…

Understand the Concept of Love

La bande-son et l’esthétique particulières de Trailblazers sont d’autres éléments qui le rapprochent d’autant plus de la belle époque de SEGA. Les couleurs dynamiques et vibrantes sont un rappel direct au fameux susnommé Jet Set Radio, sans pour autant le singer dans ses moindres détails. Le jeu est beau, détaillé et frais et a son identité propre… Trop détaillé peut-être, la console atteignant difficilement les 30 images par seconde en mode portable. On est plus proches de 20-25 en général, et les plus migraineux d’entre vous auront du mal à suivre ce qu’il se passe sans intraveineuse d’Ibuprofène. Sur télévision, l’animation reste en contrepartie fluide, mais la vitesse est telle qu’on aurait vraiment apprécié atteindre quelque chose de plus proche des fameux 60 fps habituels des jeux si rapides.

Le mode portable de Trailblazers se retrouve donc en partie sur la touche, de par son absence de fluidité et ses contrôles capricieux. Heureusement que les différentes pistes musicales, semblant tout droit sorties du jeu Dreamcast, nous gardent dans l’ambiance en toutes circonstances. Faire du Hideki Naganuma sans le maître lui-même est un challenge que le studio anglais supergonk a réussi avec brio. On est pris de court face à un hommage aussi pur et honnête à l’un des grands classiques de l’histoire du jeu vidéo.

Je me sens un peu seule quand même

Heureusement qu’une pléthore de mode solitaires et hors-ligne sont à la disposition du joueur, car les serveurs sont, eux, pas aussi dynamiques qu’ils pourraient l’être, même sur sa version PC. Une option cross-play est disponible, magie de la technologie moderne, et on ne peut qu’espérer que les gens se pousseront pour s’asperger en ligne rapidement. En attendant, un mode histoire à objectifs particulièrement comiques et des championnats rempliront votre temps seul pendant que les très nombreux modes multijoueur vous permettront de réunir un maximum d’amis ensemble. On peut même jouer à quatre sur une même machine sur internet contre d’autres pilotes. Du jamais vu, même dans Mario Kart.

La grande question reste alors si nous recommandons Trailblazers sur Switch, et la réponse est indéniablement OUI, avec chacune des trois lettres en majuscules. Il est vraiment dommage que la fluidité ne soit pas au rendez-vous en mode portable, mais les nombreuses options solitaires et multijoueur, sa bande-son de qualité, son charme, sa personnalité, cette lettre d’amour moderne à la belle époque de SEGA… Tout est fait pour que vous y jetiez un œil et enchaîniez les courses seul ou avec vos amis. Un indispensable à petit prix, pour des après-midis et des soirées colorés entre amis !

Marynou

 

Points forts :

– Beau et coloré
– Un mode solo comique
– Un concept original
– Une bande-son d’exception
– De nombreux modes multijoueur

Points faibles :

– Fluidité instable en mode portable
– Contrôles capricieux avec les Joy-Con
– Peu de courses (10)
– Temps de chargement un peu longs

La note : 16/20

Éditeur / développeur : Red Rising Star / supergonk
Genre : Course futuriste
Plateforme : Switch (PS4, Xbox One, PC)
Date de sortie : 15 novembre 2018

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