Test : The Witch and the Hundred Knight (PS3)
Devenu l’une des valeurs sûres, non pas du mais des RPG, Nippon Ichi Software possède une solide réputation notamment grâce à sa série Disgaea, évoluant dans un univers de jeu de rôle tactique. Et bien justement, le studio a décidé de continuer à bousculer les codes, en explorant un aspect différent, l’action RPG, par une nouvelle licence, The Witch and the Hundred Knight.
The craft
Il aura suffit que deux sorcières, celle de la Forêt et celle du Marécage, luttent durant cent ans l’une contre l’autre, pour que la seconde, Metallia, cherche le moyen de parvenir à ses fins, à savoir éliminer sa rivale. Elle semble l’avoir trouvé, en la personne de l’Hundred Knight.
Allégrement déçue par la petitesse de ce chevalier, elle est néanmoins obligée de faire avec et compte bien l’instruire, non sans le remettre en cause systématiquement, pour étendre son emprise sur les terres de Madea. Et oui, pas de gentille sorcière, ni de héros au grand cœur ici, on nous propose d’incarner un méchant, un vrai et rien que cela, ça nous plait déjà.
Knight of the microbe republic
Notre chevalier sans nom, que l’on pourrait renommer K100, et oui, K pour Knight et 100 pour Hundred comme K2000 ou bien encore KIOH, pour Knight Industries One Hundred, toujours à l’instar de KITT, s’en va donc parcourir le chemin des contrées de Medea.
Le but de ce voyage fixé par Metallia étant de vaincre Malia, la fameuse sorcière de la forêt, mais également de battre sa pire ennemie : Malia ! On peut dire qu’elle a de la suite dans les idées.
Etendre son empire marécageux fait tout autant partie du programme. Il faudra pour cela exploser des colonnes organiques, transformant alors les alentours en marais et donnant davantage de pouvoir à votre « chef ». Cela ne sera bien sûr pas de tout repos, puisque des gardiens vous barreront la route. Il sera nécessaire d’en venir à bout, car vous êtes un méchant et non un gentil concluant un affrontement par une nouvelle chance dans la vie laissée à son adversaire.
D’autres créatures et personnages jalonneront votre parcours et vos réactions à leurs égards vous feront basculer d’un côté ou de l’autre de la for… enfin vous avez compris.
La bagarre typée Hack’n Slash sera probablement le premier choix, surtout face aux ennemis ne demandant que cela. Mais certains quémanderont de l’aide et là, à vous de voir si vous souhaitez accomplir les missions dont ils vous chargeront ou les tabasser en bonne et due forme. Ces choix influant le devenir du chevalier, comme nous vous le dévoilions précédemment.
Il en va de même avec les villageois, envers qui vous pourrez vous conduire de manière sympathique ou les combattre afin de récolter des biens en s’introduisant dans leurs maisons. D’ailleurs, comme dans « la vraie vie », être gentil ne rapportera guère. On s’en prendra donc volontiers à un autochtone qui aura éconduit notre preux chevalier.
Armé et mignon
Pour survivre dans ce monde de brutes, vous ne serez pas lâchés avec votre baguette et votre couteau.
Ce bout de chou de chevalier pouvant s’équiper de cinq classes d’armes très distinctes :
– L’épée, rapide, à portée moyenne et ratissant assez large.
– Le marteau, lourd, à portée courte et terriblement puissant.
– La lance, dévastatrice, bonne portée mais ne touchant que dans un périmètre restreint.
– Le bâton, divers pouvoirs magiques pouvant cibler le ou les ennemis, idéal à distance.
– Le harpon, attaque tournoyante pour faire face aux encerclements, avec possibilité de lames avant et arrière.
Chacune de ces catégories permet une évolution conséquente des armes tout au long de l’aventure. Tout faire monter en niveau et donc tout obtenir prend énormément de temps, ce qui peut s’avérer frustrant, mais c’est là le lot des RPG ne faisant pas dans la facilité. A ce propos, The Witch and the Hundred Knight peut vite s’avérer punitif, l’obtention d’objets et d’expérience devant être validée par un retour chez Metallia. L’envie de continuer plus longtemps dans un niveau se fait régulièrement sentir, mais si votre chute survient, alors ces bonus s’envoleront.
L’impossibilité de rester longtemps dans un même lieu donné, scénaristiquement parlant, vous aidera sur ce point. En se disant que l’on sera probablement bientôt forcé à retourner à la maison, pourquoi ne pas le faire le ventre bien dodu. Le plus ennuyeux étant le retour de tous les ennemis, dès notre prochaine visite dans une contrée, afin d’en découvrir plus. Les allers-retours sont fréquents et les quartiers vraiment mal famés.
Parmi les items à récupérer, on retiendra particulièrement les « facets », changeant l’aspect physique du chevalier, mais pas uniquement, ses capacités se différenciant alors elles aussi.
On distingue les facets de :
– La Forteresse De Puissance, rendant plus fort physiquement et au corps à corps, mais faible face à la magie.
– Le Lanceur De Sorts, facette taillée pour la magie.
– Le Shinobi Assassin, capable de survivre plus longtemps, mais faible défensivement et surtout bénéficiant de la coolitude d’un ninja.
J’ai une bonne blague
Ce qui rend l’univers de The Witch and the Hundred Knight plus intéressant qu’un autre, c’est son humour. Feature rarement présente dans les jeux vidéo ou bien de manière très maladroite, en étant soit enfantin pour ne pas se couper d’un certain public, soit ras des pâquerettes / racoleur pour en attirer un autre. Ici on passe au niveau supérieur avec un humour décalé, par le biais de vannes fusant alors que l’on parle de conquérir le monde.
Votre guide n’hésitant à vous piquer au vif sur votre méconnaissance de l’univers que vous parcourez, alors qu’il semble couler de source que tout le monde le connait sur le bout des doigts.
Le gameplay lui-même bénéficie de cet humour, avec la capacité de notre chevalier à engloutir des ennemis, malgré sa petitesse. On peut à l’occasion se délester des déchets accompagnant ce menu trois étoiles, sans jamais faire dans le vulgaire. Enfin, n’omettons pas que l’on récolte des items en les stockant dans notre estomac.
Des gags récurrents mais non répétitifs sont aussi de la partie. Le premier et peut-être le plus emblématique, étant celui de la prononciation écorchée récurrente de Metallia.
Malheureusement, cette blague précise est touchée de plein fouet par un défaut assez curieux. Le personnage en question, dans les dialogues japonais, décomposant son prénom en hurlant : Metallica ! Et oui, on entend un nom, mais on en lit un autre dans les sous-titres anglais. Etrange choix lors de la localisation, probablement dû à un certain groupe empli de carburant et pour qui rien d’autre n’a d’importance. On se doute que l’éditeur a préféré ne pas prendre de risque, avec un nom identique à une célèbre formation, à plus forte raison en Occident.
Notons qu’il est possible de jouer avec les voix anglaises, mais on y gagne en choisissant les nippones. Ces dernières s’accordant aux graphismes typés animés japonais lors des phases de discussion, sans omettre qu’elles sont d’une grande qualité. On regrette d’ailleurs que ce choix stylistique n’ait pas été étendu aux phases de jeu. Ceux-ci restent sympathiques, avec des univers variés, comme la montagne, le désert, la colline ou encore la très colorée Cité Chocolatta. Certains lieux se ressemblent malheureusement quelque peu, mais à partir du moment où l’on se trouve dans ce type de vue top down et en extérieur, bien que les végétations se renouvellent, on a forcément un peu l’impression d’évoluer au même endroit. Pourtant, ce n’est point le cas, hormis pour les allers-retours dans chacun, ce qui évidemment renforce cette sensation, qui s’évapore tout de même grâce aux nouvelles voies découvertes.
Le jeu est également magnifié par les musiques de quelqu’un que les habitués des productions Nippon Ichi Software connaissent bien, Satō Tenpei. Une certaine féérie se dégage de ses compositions, cela sied évidemment au monde dans lequel notre chevalier évolue, mais pas seulement. On y retrouve aussi une sorte de folklore mystique et aventureux, faisant notamment penser à Alice Au Pays Des Merveilles et quelque part cela s’explique facilement, ces deux univers étant plutôt proches. Mystère, excentricité, surprise à chaque instant, aucun doute !
A l’heure où les suites de suite, notamment de RPG, s’embourbent dans une mélasse en laquelle les joueurs ne se reconnaissent plus, certains développeurs et éditeurs ont l’audace de sortir des sentiers battus. C’est justement ce que viennent de réaliser Nippon Ichi Software et NIS America avec tout d’abord une IP originale, mais surtout de la fraicheur dans son gameplay. Ajoutez un humour omniprésent et de qualité et vous obtenez The Witch and the Hundred Knight, pas le jeu dont on a le plus entendu parler, mais légitimement l’un des plus intéressants.
Inod
Points forts :
– Choix du doublage en japonais ou en anglais
– Bande-son
– Les personnages stylisés animés dans les dialogues
– Importante évolution des armes
– Humour
Points faibles :
– Pas de localisation française pour les sous-titres
– Un peu trop d’allées et venues forcées
La Note Gamingway : 16/20
La Note Gamingway : 16/20
Développeur : Nippon Ichi Software
Editeur : NIS America
Genre : Action / Jeu de rôle
Support : PlayStation 3
Date de sortie : 21 mars 2014