Test : The Technomancer (PS4)
Bien que vu comme appartenant à une nouvelle franchise, The Technomancer reste l’un de ces jeux s’avérant une sorte de suite spirituelle à un autre, en l’occurrence Mars : War Logs, déjà développé par Spiders et édité par Focus Home Interactive. Qu’en est-il alors de cette IP nous faisant repartir sur Mars ?
Au-delà du dôme du tonnerre
La planète rouge a désormais été colonisée depuis fort longtemps par les terriens et regroupe en son sein des humain(ne)s plus ou moins gâtés dans leurs capacités et leur fonction, des corporations sans scrupule, mais également des mutants reclus de la société, qui clairement ne changent pas, avec un peuple ne supportant pas ceux qu’ils considèrent différents de leur propre personne. On y incarne Zachariah Mancer, le bien nommé, car apprenti Technomant, au même titre que notre compagnon Scott Seeker est chercheur. Notre caste possède des pouvoirs électriques grâce à un don inné, cependant ces bien lotis ne sont pas laissés de côté, puisqu’ils sont entrainés alors qu’ils ne sont encore que des enfants et équipés d’implants afin de booster leurs capacités.
Entre les communications avec la Terre ne fonctionnant plus depuis un moment, des ressources limitées et une exposition en extérieur brulant aussitôt quiconque tente d’y pointer le bout de son nez, ça va mal, très mal.
Avec son riche univers, The Technomancer attire et ses créateurs ont le mérite d’avoir véritablement cherché à nous proposer quelque chose d’original, comprenant une grande profondeur. Néanmoins, tout ne tourne pas toujours en la faveur de la crédibilité du scénario, particulièrement au niveau des dialogues. Cela ne l’empêche donc pas d’être amplement supérieur à ces concurrents, qui pour la plupart se moquent de l’histoire ou bien se copient les uns les autres, afin de continuellement nous sortir la même rengaine, les pseudos rebondissements que l’on a deviné avant d’acheter le logiciel…
Ophir maman
The Technomancer nous délivre un univers suffisamment poussé afin que l’on s’y sente libre et non en réalité enfermé dans un seul et unique couloir, comme de nombreux autres mondes ouverts affirmés. On ne se promènera pas non plus au sein de pléthore de décors, mais au moins l’open world est réel. Les lieux rencontrés allant de la Cité des Mutants, à celle de Noctis libérée de toutes les factions, ainsi qu’Ophir, là d’où viennent notamment les Technomants. Notons que les environnements possèdent chacun une identité extrêmement prononcée, ne ressemblant en rien à celle des autres, soit une variété très agréable.
Les autochtones, avec qui plus est pour la mégalopole qu’est Ophir diverses factions, possèdent également des différences dans leur approche de la vie. Il s’agira donc de savoir de quelle manière les appréhender, entre négoces et combats. Pour la première, la grande quantité de dialogues et leur véritable importance influent littéralement sur l’aventure. Vos choix s’avèreront décisifs et vous le sentirez réellement, ce qui reste rare dans le milieu vidéo-ludique.
De l’autre côté, les affrontements qui bénéficient d’un système assez intéressant, permettant de passer d’un style à un autre. En l’occurrence, le Gardien avec une arme massive et un bouclier, le Guerrier avec son bâton et le Roublard capable, lui, de tirer avec son pistolet ou d’empoisonner avec son poignard.
Les batailles en elles-mêmes s’avèreront davantage tournées vers l’esquive et les parades, plutôt que vers l’action de force pure. Foncer dans le tas en matraquant les boutons s’avèrera peine perdue. The Technomancer ne dérive pas non plus vers le faussement difficile, mais l’on ressent bien cette volonté d’une approche plus fine. Ces combats influeront d’ailleurs aussi sur le caractère de votre personnage, de par la possibilité d’achever vos ennemis d’une certaine façon. Cela vous rendant davantage « mauvais », offrant par ce biais une dimension jeu de rôle toujours plus intense, car non cantonnée à l’évolution de son arbre de compétences. Vos décisions sont toutes primordiales et il est nécessaire de le garder à l’esprit afin de le conserver… son esprit.
Life on Mars
Techniquement, on se dit que les développeurs auraient bien fait de demander de l’aide à Zach et ses concitoyen(ne)s. The Technomancer souffrant malheureusement d’une bonne plâtrée de bugs surprenant notre progression. Un patch règlera peut-être tout cela prochainement, néanmoins on ne peut accepter qu’un jeu sorte tel quel, à l’instar de GTA V, les Assassin’s Creed, les jeux Lego… Il est essentiel de le clamer haut et fort à chaque fois, car cela doit arrêter d’être une habitude.
L’ambiance terne au niveau visuel de l’espace de jeu est elle bienvenue, tant elle colle au scénario et aux maux touchant la planète et ses autochtones. Cela ne respire pas la gaieté, tandis que les décors fleurent bon la dévastation et la désolation de par leurs couleurs et leur état. On apprécie cette approche, plutôt que découvrir un énième univers censé être en déliquescence, mais finalement empli de coloris pétaradants et d’effets lumières clinquants là où ils ne devraient pas l’être. Cette volonté d’en mettre plein la vue, alors que l’on devrait y retrouver la souffrance du monde en question, est toujours perturbante et malvenue. D’où le fait que ce choix inverse pour The Technomancer est le bon.
En revanche, concernant la modélisation des visages des personnages on reste perplexe. Là où l’on a l’habitude d’un faible effort sur la masse de gens plus ou moins importants croisés, les protagonistes principaux bénéficient tout de même d’un soin tout autre. Malheureusement, ces derniers sont ici loin d’être convaincants, s’avérant lisses et vides
Il en va de même pour les doublages pas si souvent inspirés, n’aidant évidemment pas tout le monde à se fondre dans l’expérience au niveau scénaristique, à s’attacher aux personnages… Ce qui s’avèrerait dommage par ailleurs.
On note toutefois une grande qualité d’un point de vue sonore lorsque l’on aborde les musiques. Les RPG sachant nous délivrer de très jolies bandes-originales, mais évoluant bien souvent dans les mêmes univers, entre les classiques envolées orchestrales d’un côté et les sonorités J-Pop de l’autre. Olivier Deriviere a, lui, pour The Technomancer, effectué une importante recherche d’un point de vue de l’originalité. Le mérite ne lui revient cependant pas entièrement, puisqu’il s’agit également du travail d’orfèvre de Nicolas Bras de Musique de Nulle Part, qui a créé des instruments de fortune que l’on entendrait sur Mars, si l’histoire du jeu se retrouvait dans notre propre monde. Les morceaux s’avèrent hyper éclectiques et nous font ressentir un côté tribal indéniable et des styles dépareillant les uns des autres selon l’origine. On n’apprécie pas nécessairement les mêmes genres musicaux lorsque l’on est mutant ou technomant.
De par une richesse colossale dans ses dialogues et la répercussion de ses choix, The Technomancer attirera forcément les adeptes de RPG profonds. S’y ajoutent un système de combat et une évolution intéressants, avec leurs petites originalités, sans non plus s’avérer révolutionnaires.
Inod
Points forts :
– Des choix influant vraiment l’expérience
– Univers très travaillé
– Un monde mal en point se remarquant visuellement
– Musiques
Points faibles :
– Caméra durant les affrontements
– Doublages
– Pas mal de bugs
La note : 14/20
La note : 14/20
Développeur : Spiders
Éditeur : Focus Home Interactive
Genre : RPG
Supports : PS4, PC et Xbox One
Date de sortie : 28 juin 2016