Test : The Binding of Isaac – Rebirth (Wii U)

binding-of-isaac-rebirth-1Après le test très complet de la version PC, on en remet une couche avec The Binding of Isaac: Rebirth, cette fois sur Wii U. Mais refaire simplement un test du même jeu n’aurait que très peu d’intérêt, nous allons donc répondre à une question cruciale sur ce jeu : que se passe-t-il quand la manette est tenue pas un gros noob – moi – qui n’a a priori que très peu d’expérience dans les jeux « hardcore » ?! La réponse ici !

Non-spoiler alert

Le premier élément de réponse ne surprendra pas grand monde : même dans le mode de difficulté normale (qui est donc le moins dur des modes de difficultés), « maman » (le boss final du jeu) peut dormir sur ses deux oreilles. Après une bonne cinquantaine de parties, je n’ai réussi à l’atteindre que quatre fois pour zéro victoire. Exit, donc, la deuxième partie du jeu qui se débloque après l’avoir vaincue, je laisse ça aux joueurs, aux vrais ! Pour autant, l’expérience de jeu est-elle quand même intéressante ou est-ce une succession de moments frustrants ayant pour unique but de m’humilier et de faire dire aux lecteurs « quoi ?! on peut tester un jeu tout en étant si nul ?!! » ? Eh bien ouais, on peut.

En réalité, un peu des deux. Intéressante car, pour les mêmes raisons qui font que le jeu a déjà été plus d’une fois acclamé par la critique, j’ai adoré découvrir cet univers très étrange. La mise en scène est fantastique (j’y reviens un peu plus tard), et le gameplay – ce que j’en ai vu en tout cas – est aux petits o(i)gnons ! À la fois simple au départ (on se déplace et on tire sur à peu près tout ce qui bouge), celui-ci devient rapidement très riche, voire très complexe, lorsqu’il s’agit de jouer au mieux avec les différents bonus et malus disponibles. Et c’est de là que vient la plus grande partie de ma frustration. Car si ce que j’ai testé du gameplay est très aguichant, profiter de toutes les subtilités qui font que l’on devient un véritable joueur d’Isaac demande beaucoup, beaucoup trop d’efforts et de temps pour le « zappeur » que je suis. Il est d’ailleurs impossible de décrire ici tous les mécanismes géniaux qui existent dans Isaac tant il y en a, tant certains sont parfois tortueux. Et encore une fois, d’autres l’ont déjà fait bien mieux que moi.

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Le sacrifice d’Isaac

En tant que néophyte (néofyte ? J’y comprends plus rien…), la dimension qui m’a le plus marqué dans The Binding of Isaac: Rebirth, c’est sa mise en scène et la qualité de son scénario. Ce dernier est pourtant exposé de la plus simple des façons au début du jeu, à travers une cinématique de moins de 3 minutes reprenant l’aspect de dessins d’enfants. On y voit le jeune Isaac et sa mère, seuls dans leur petite maison. Alors que son fils joue, sa dévote maman entend Dieu s’adresser à elle, lui demandant de laver son fils de la corruption et de prouver sa fidélité au Seigneur en le sacrifiant. Isaac entend et arrive à s’échapper par une trappe cachée dans sa chambre.

Les références aux épisodes religieux racontés dans les textes sacrés sont évidentes et donnent une dimension blasphématoire très importante au jeu. D’autres signes religieux sont aussi largement présents lors des phases de gameplay (comme la présence du Diable) et sont difficilement interprétables comme une tentative d’évangélisation de l’auteur, bien au contraire ! La mère d’Isaac, aveuglée par son amour de Dieu, prête à tout pour prouver sa bonne foi jusqu’à sacrifier son fils, et qui n’est autre que le boss final du jeu, n’est rien d’autre qu’un moyen – direct et sans demi-mesure, à la Charlie Hebdo – pour mettre en exergue l’absurdité des croyances ou au moins la façon dont on peut se retrouver soumis à celles-ci.

De l’autre côté, il y a Isaac. Tout jeune enfant qui voit arriver sa mère, un couteau de boucher à la main pour le sacrifier et qui arrive à s’échapper par une trappe cachée dans sa chambre. Trappe qu’il n’a probablement jamais vu et qui n’existe sans doute pas, Isaac aura certainement succombé à la folie de sa mère. Mais comme Ofelia (Ophélia ?… Oh et puis zut !) dans le conte le Labyrinthe de Pan, celui-ci se réfugie dans ce qui lui reste, à savoir son imaginaire. À la différence qu’ici, le glauque est poussé plus loin et que même sa tête n’est occupée que par un monde de cauchemars dirigés par « maman ». Il devra alors combattre, jusque dans sa fuite, tous ses cauchemars et vous êtes là pour l’y aider.

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Pourquoi faut-il jouer à Isaac ?

Il faut jouer à Isaac, et j’ai au moins 2 (bonnes ?) raisons pour vous convaincre !

D’abord, pour tout ce que j’ai dit plus haut. Certes, The Binding of Isaac: Rebirth est et restera un jeu qui cible les gros joueurs en quête de challenges. Mais il faut reconnaitre que l’effort a été fait de proposer un niveau de difficulté qui, même s’il offre un challenge largement au-dessus de la moyenne des jeux grands publics, permet au commun des mortels de profiter du superbe gameplay et de l’univers si particulier. Et qui sait, l’addiction peut vite arriver ! Mais aussi parce que The Binding of Isaac: Rebirth n’est pas seulement un jeu où vous devez « tirer sur des cacas » parce que c’est rigolo. Déjà, on ne tire pas dans Isaac, on verse des larmes (ce sont elles qui servent de « munitions »). On ne « tue » pas non plus des monstres aléatoirement, on combat et détruit les cauchemars de notre personnage. Toute la mise en scène et la symbolique utilisée sert le propos de l’auteur et permet d’obtenir ce conte, probablement l’un des plus noirs et plus touchants depuis bien longtemps, pour peu que l’on arrive à s’immerger dans l’univers.

Mais il y a un problème avec ça, c’est que cela dérange. Et pas seulement l’association Familles de France. Nintendo, avant de faire machine arrière pour cette version devant le succès du jeu, avait refusé de le rendre accessible sur ses consoles pour cause de « contenus religieux discutables ». Et maintenant, c’est au tour d’Apple de refuser la création d’une version iOS en raison des « violences et abus envers des enfants ». Donc à l’heure où le puritanisme et la censure s’attaquent à l’art – y compris près de chez nous, il n’y a qu’à regarder les suppressions de visa d’exploitation des films La vie d’Adèle ou de Antechrist – avec en toile de fond, dans le cas des jeux vidéo, le message « il faut protéger nos débiles de joueurs qui ne comprendraient pas les messages de ce jeu », il est important de démontrer le contraire.

Il faut toutefois garder espoir, car « heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux ».

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Je n’arrive pas à trouver de défauts au jeu malgré toutes les misères qu’il m’a fait. C’est sans aucun doute une œuvre majeure du jeu vidéo, et sauf à être complètement réfractaire au genre, il n’y a pas de raisons de passer à côté. Jouez-y, pauvres fous !

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Points forts :

  • Gameplay aux petits o(i)gnons
  • Ambiance glauque
  • Scénario simple mais très riche

Points faibles :

  • Chronophage pour en profiter à fond

La note Gamingway : 20 / 20

Développeur : Edmund McMillen et Nicalis
Éditeur : Nicalis
Genre : Rogue-like
Supports : PC (Win/Mac/Linux), PS4, PSVita, Xbox One, Wii U, 3DS
Date de sortie : 04 novembre 2014, (29 octobre 2015 pour la Wii U)

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