Test : Soul Sacrifice (PS Vita)

soul_sacrifice_boxLa PS Vita compte bien dépoussiérer les jeux d’action avec un projet ambitieux, Soul Sacrifice, du très célèbre producteur Keiji Inafune.  Après avoir travaillé sur de nombreuses grosses licences (Megaman, Onimusha, Dead Rising etc), ce talentueux monsieur veut faire son grand retour avec un jeu original et très inspiré. Faut-il laisser Soul Sacrifice entre toutes les mains ? La réponse un peu plus bas.

La dure vie de sorcier

Le jeu s’ouvre sur une scène de mise à mort brutale et sanglante. Un horrible (dans tous les sens du termes) sorcier, Magusar, abat froidement un jeune homme détenu prisonnier dans un endroit lugubre. Le joueur comprend alors que les jours du personnage qu’il incarne sont comptés. Cette scène agit comme un électrochoc sur le joueur qui tente désespérément de trouver un moyen d’échapper à son triste sort. C’est alors que, sous les restes humains entassés dans sa cage morbide, un livre étrange l’appelle pour lui venir en aide.

Ce livre, le Librom, est à l’image du jeu : difforme et affreux, aux yeux asymétriques et à la bouche ouverte sur des dents pointues, il fait grandement penser au Necronomicon d’Evil Dead. D’ailleurs, l’univers de Soul Sacrifice est assez proche de celui de Sam Raimi. Ce livre maléfique propose à notre héros de revivre le passé de Magusar afin de découvrir ses secrets, de plonger dans sa vie et ses pensées les plus intimes pour trouver un moyen de le vaincre. Chaque page du livre permet donc d’accéder soit à un souvenir de Magusar (qui est, en réalité, un des niveaux du jeu), soit de gérer les sorts, les runes et l’inventaire du personnage. Tout Soul Sacrifice tourne donc autour de ce livre. Pour mieux interagir de façon tactile avec ce dernier, le jeu passe alors à la première personne. Les présentations faites, il faut prendre son courage à deux mains et découvrir la triste réalité du « métier » de sorcier.

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Bien plus qu’un jeu d’action très sombre

Soul Sacrifice est un jeu d’action ou beat’em up à la troisième personne. Chaque niveau permet d’en apprendre d’avantage sur Magusar, ses liens avec les autres sorciers et les événements qui l’ont conduit à sa folie sanguinaire. Chaque souvenir est en réalité une quête avec des ennemis à combattre. Ces derniers sont assez vivaces, toujours monstrueux, et plutôt coriaces. Il va falloir s’équiper de sorts d’attaque, de protection et de soin adéquats pour s’adapter à chaque situation. Les objets, regroupés par palettes de 3, sont associés à un bouton (carré, rond ou croix) ce qui permet de déclencher facilement le sort souhaité. On passe d’une palette à l’autre par une simple pression sur la gâchette R. Une fois activé, chaque sort donne accès à différents coups plus ou moins efficaces, certains demandant quelques secondes avant d’être lancé. Dans le feu de l’action, il faut donc bien penser ses coups car les ennemis attaquent sans relâche. Heureusement, le Librom nous donne la possibilité de faire tous les réglages possibles avant de partir.

Au-delà du simple jeu d’action ou beat’em all, Soul Sacrifice introduit des éléments de stratégie et de RPG. Notre mage ne peut emporter que 6 objets avec lui, chacun ayant un nombre d’utilisations déterminés. En effet, un sorcier ne peut utiliser de magie qu’en sacrifiant un objet et quand le nombre de sorts fournis arrive à zéro, l’objet est détruit. Le choix de l’armement est donc judicieux. Heureusement, notre personnage dispose aussi d’un « troisième oeil » permettant de déceler l’invisible : aussi bien les points faibles des ennemis que les âmes cachées ou les endroits permettant de recharger ses sorts..

Là où Soul Sacrifice se différencie des autres jeux, c’est dans son ambiance. On explore des niveaux très différents mais tristes, lugubres, assez vides malgré des effets de lumière magnifiques. La mort et la folie sont partout présentes et magnifiées par une bande son et un doublage en anglais excellents. Pour enfoncer le clou, le jeu oblige le joueur à faire des choix peu anodins : chaque ennemi vaincu peut-être sacrifié ou épargné. Si la plupart sont des monstres insignifiants, qu’en sera-t-il d’un coéquipier, d’un ami, ou même de soi ?

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Le pouvoir a un prix

C’est sans doute l’aspect le plus intéressant du jeu. Sacrifier ou épargner une créature n’est pas juste faire le choix d’augmenter son attaque ou sa défense, cela peut aussi influencer le scénario. Lors d’un affrontement contre un puissant boss, on peut aussi être bêtement terrassé et choisir de se sacrifier ou d’être ramené à la vie par notre coéquipier. Car un sorcier part rarement seul. De ce fait, il tisse des liens avec les autres et même s’il s’interdit tout sentiment d’amitié, il ne peut s’empêcher d’y penser. Mais on n’acquiert pas de grands pouvoirs sans sacrifier de biens de grande valeur.

Heureusement, certains choix malheureux peuvent être annulés par quelques larmes du Librom, qu’on peut récolter régulièrement. Ainsi, on peut commettre quelques maladresses au début, mais ensuite le coût en larmes est tellement élevé qu’il vaut mieux y réfléchir à deux fois. Soul Sacrifice introduit aussi des éléments de RPG comme la personnalisation du personnage, qui reprend les éditeurs de personnages des meilleurs RPG, où l’amélioration de l’équipement en combinant les objets gagnés lors des quêtes. Le bras de notre héros peut aussi accueillir jusqu’à 6 runes qui boostent ses sorts ou ses compétences. Enfin, en ultime recours, des capacités très spéciales permettent de déclencher un sort dévastateur mais aux conséquences terribles pour son utilisateur. Seules des larmes peuvent en annuler les effets. A la fin de chaque quête, les compétences du joueur sont évaluées par l’attribution d’un score qui conditionne les objets offerts en récompense. Obtenir un gros score permet donc d’accéder à de meilleurs sorts.

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Un jeu très adulte

Si on apprécie le soin apporté à la modélisation des personnages, des monstres et des niveaux, même si ces derniers sont relativement vides, le point fort de Soul Sacrifice est sa narration. Quel délice de tourner les pages sanguinolentes du Librom, d’écouter le narrateur raconter son histoire de sa voix oscillant entre peur et folie, accentuée par une police assez désordonnée. On repense à Sam Raimi, mais également à Eternal Darkness et aux écrits d‘Edgar Allan Poe. Le meilleur de la littérature fantastique semble avoir inspiré ce jeu, même si de nombreux thèmes sont également développés dans des mangas populaires comme Full Metal Alchemist ou Naruto : issus d’influences nombreuses et variées, le jeu en retire le meilleur pour une histoire qui captive complètement.
Soul Sacrifice permet aussi de partir à l’aventure entre amis, mais là le choix entre épargner ou sacrifier sera encore plus cruel. On n’échappe pas à son destin ! Le joueur sera-t-il assez fort pour ne pas se laisser sombrer dans la folie et devenir comme Magusar ? De ce fait, Soul Sacrifice ne se destine pas aux plus jeunes qui ne pourront pas savourer ce jeu à sa juste valeur, d’où son interdiction au moins de 16 ans. Il faut avoir vécu et souffert pour comprendre les méandres tordus de la psyché humaine et apprécier toutes les subtilités du scénario. Doté d’une grande durée de vie en mode solo car on peut refaire à volonté les quêtes pour améliorer son équipement, ce titre bénéficie d’un mode multijoueur incontournable qui augmente encore cette dernière.
Soul Sacrifice ne révolutionne pas le genre, il le rafraîchit et le fait évoluer vers un genre nouveau. Amateurs de récits sombres et matures, ne passez pas à côté de ce jeu qui est l’hybride parfait entre le beat’em all et le RPG.

Enguy

Points forts :

– Narration sublime
– Univers froid, sombre, lugubre et morbide mais captivant
– Doublage en anglais parfait
– Croisement entre beat’em all et RPG
– Durée de vie plus longue

Points faibles :

– Niveaux assez vides et souvent petits
– Combats parfois brouillons
– Pas de voix française

La note Gamingway : 18/20

Editeur : Sony
Genre : Action, beat’em all, RPG
Support : PS Vita

Date de sortie : 1er mai 2013

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