Test : Persona 4 Dancing All Night (PS Vita)
Persona 4 revient en exclusivité sur PS Vita dans un style qui paraît, au premier abord, surprenant pour la série : le célèbre RPG devient un jeu de rythme sobrement intitulé Persona 4 Dancing All Night. Avant de crier au scandale, voyons donc ce que ce titre propose.
Persona 4 s’essaie à tous les styles
Persona 4 Dancing All Night est un jeu de musique scénarisé, se déroulant après les événements du jeu de combat Persona 4 Arena Ultimax, sorti en 2014. Le jeu catapulte les joueurs dans le Midnight Stage et braque les projecteurs sur la méga idole Rise et son groupe : les Kanamin Kitchen. Les membres de ce groupe ont disparu dans le Midnight Stage et c’est à Rise et à l’équipe d’investigation qu’il revient d’aller les sauver. Ils tombent alors nez à nez avec les Shadows, les mêmes créatures obscures que dans le Midnight Channel. Pire encore, leurs pouvoirs ne fonctionnent plus et le seul moyen de vaincre les Shadows consiste à danser. Il ne reste plus aux joueurs qu’une seule solution pour mener à bien leur mission : enchaîner les plus belles chorégraphies !
Un scénario certes surprenant quand on est habitué à la série Persona, mais qui s’inscrit dans la lignée de Persona 4. En effet, on y retrouve les mêmes couleurs flashantes, les mêmes personnages exprimant leurs émotions avec des emoticones ou autres et surtout, des pistes originales basées sur les morceaux du compositeur légendaire de la série Persona, Shôji Meguro. Après avoir vu la série Persona 4 (actuellement diffusée sur la TNT), on s’aperçoit que ce jeu s’inscrit tout à fait dans la lignée des productions liées à Persona 4. Il ne faut donc pas hurler au scandale, car ce jeu respecte parfaitement l’esprit de la série, n’en déplaise à certains.
Persona Night Fever
Comme le logo du jeu le laisse présager, Persona 4 Dancing All Night fait la part belle au style disco et tout y est très « groovy » : les graphismes, les menus, l’habillage général du jeu est un hommage énorme aux années 70 et permet un mélange détonant, car le jeu exploite des outils/techniques modernes au service d’un style très rétro. Il en résulte des personnages et des musiques qui ont la pêche. On est donc très loin des productions japonaises actuelles qui exploitent à outrance les vocaloids. Persona 4 Dancing All Night ne compte donc pas copier ce qui se fait actuellement de mieux, mais bien trouver son propre style, et c’est une initiative très louable. D’ailleurs, chacun des membres de l’équipe semble spécialisé dans un style de danse précis pour des chorégraphies assez différentes les unes des autres.
Persona se prend les pieds dans son gameplay
Si l’ambiance est résolument rétro, fraîche et motivante, le gameplay se veut aussi différent des autres jeux de rythme. Lors des chorégraphies, des symboles apparaissent au centre de l’écran et se dirigent vers l’une des icônes aux bords de l’écran. À droite, on retrouve les boutons classiques (rond, croix, triangle) et à gauche, les flèches directionnelles (de la croix, pas des sticks !). Il faut donc appuyer sur la touche/direction indiquée pile au moment où le symbole passe dessus, ce qui n’est pas vraiment évident. Bien entendu, enchaîner les bonnes manœuvres permet d’augmenter les combos et donc le score. Les boutons « gâchette » sont également utilisés pour scratcher et les sticks pour activer les cercles qui apparaissent parfois. Ces derniers sont assez facultatifs, mais ils peuvent déclencher le mode « Fever » qui rend les chorégraphies totalement endiablées et permet d’exploser le score.
Il faut donc une attention de tous les instants et de bons réflexes pour obtenir un score décent, même en facile, car les symboles s’enchaînent très vite et partent vraiment dans tous les sens. Comme il n’y a pas de repères visuels (dans les autres jeux, ce sont les boutons/touches qui apparaissent à l’écran), on peut moins anticiper les prochains mouvements et un temps d’adaptation est nécessaire. Il en résulte un gameplay un peu moins naturel ou brouillon que les autres jeux de rythme. Pendant que le joueur a l’attention absorbée par les symboles à l’écran pour enchaîner les combos, il ne peut pas admirer les chorégraphies des personnages. Pour pallier ce problème, une fois le niveau terminé, on peut voir nos exploits en « replay » pour ne rien rater. Enfin, aller au bout d’une chanson ne suffit pas pour avancer : les Shadows sont des amateurs de danse et exigent des chorégraphies d’un bon niveau. Il faut donc veiller à réaliser des prouesses pour maintenir l’intérêt de ces étranges spectateurs, symbolisés par des petits personnages en haut de l’écran, pour éviter le game over.
Persona 4 Talking All Night
Du point de vue narratif, le jeu propose une histoire toujours aussi étrange et fantastique, pleine de rebondissements. On y retrouve des éléments fondamentaux de la série : à minuit, une vidéo apparaît sur internet et des personnes disparaissent. Cela rappelle étrangement l’animé, et c’est tant mieux pour les fans. En revanche, le mode histoire est composé d’une succession parfois interminable de dialogues, toujours emprunts d’humour et de fantaisie, mais qui finissent souvent par lasser. Surtout que le jeu propose des voix anglaises uniquement (dommage pour les fans qui préfèrent les voix japonaises) et des sous-titres anglais, ce qui demande quelques efforts pour suivre une histoire de plus de 30 h. Si les doublages sont bons, ils ne sont pas non plus transcendants et le mode histoire paraît un peu long et ennuyeux, même s’il faut reconnaître que, de temps en temps, des cinématiques magnifiques entrecoupent deux scènes. Heureusement, on peut rapidement passer les dialogues pour se concentrer sur les phases de danse.
Persona 4 Dancing All Night permet de ne jouer que les chorégraphies grâce à un mode libre : on choisit son morceau préféré et on tente de réaliser le meilleur score possible. Un mode parfait pour ceux qui aiment les défis et veulent se perfectionner sur des chansons spécifiques, sans avoir à lire des tonnes de dialogues. Enfin, un jukebox permet d’écouter ses morceaux préférés sans avoir à danser. Une bonne idée, car les pistes musicales sont vraiment intéressantes et le jukebox ne s’interrompt pas, même quand la console se met en veille.
Un bilan mitigé
Si Persona 4 Dancing All Night fait tout pour se démarquer des autres jeux de rythme, de par son ambiance toujours cohérente par rapport à la série et sa bande son (en anglais !) éloignée des titres proposés par les autres, son gameplay, en revanche, vient un peu ruiner les efforts pour en faire un jeu totalement à part. Moins naturel et facile à prendre en main que les autres, il est au final un ton en dessous d’un jeu mettant en scène une célèbre diva virtuelle. Par ailleurs, un DLC permet de la voir débarquer dans Persona 4 Dancing All Night pour une chorégraphie qui vaut vraiment le détour pour les fans. Les graphismes sont magnifiques, les animations fluides et la bande son vraiment de qualité, cependant le choix du design de certains personnages n’est pas logique. Ainsi, les puristes auraient certainement aimé voir Naoto adopter un look plus en rapport avec celui du manga.
Si ce jeu musical va presque choquer les fans des RPG Persona, il mérite néanmoins que ces derniers s’y intéressent tant il s’inscrit logiquement dans la continuité de Persona 4. En revanche, les fans de jeu de rythme reconnaîtront qu’il lui manque un petit quelque chose pour se hisser au niveau d’un Project Diva/Hatsune Miku.
Enguy
Points forts :
– Ambiance disco très réussie
– Le charisme de la saga Persona
– 30 titres de qualité
– Mode libre immédiatement accessible
Points faibles :
– Voix et sous titres en anglais
– Trop de dialogues dans le mode histoire
– Gameplay nécessitant un temps d’adaptation
– On préfère quand même Persona en RPG
La note Gamingway : 14/20
La note Gamingway : 14/20
Développeurs : Atlus
Genre : Rythme / Danse
Supports : PS Vita
Date de sortie : 6 novembre 2015