Test : Ori and the blind forest (Xbox One)
L’indé le plus attendu de la Xbox One est enfin là. Souvent comparé à Ghibli pour son visuel, Ori and the blind forest a-t-il droit à sa place au panthéon des petits projets devenus grands ?
Il était une fois…
Alors que la tempête fait rage au cœur de la forêt de Nibel, l’arbre aux esprits perd l’une de ses plus belles feuilles. Faite de lumière, elle attire l’attention d’une grosse bête assise au bord d’une falaise alors qu’elle lui passe au-dessus de la tête avant de disparaître dans les bois. Naru décide d’aller la retrouver et s’enfonce dans la forêt. Sur une racine, la feuille tombée a pris la forme d’un petit être de lumière. Naru le protégera comme son enfant. Mais un jour, l’arbre aux esprits appelle à l’aide, embrasant les cieux. Naru, inquiet pour son petit Ori décide de le mettre en lieu sûr et depuis ce jour la forêt se fane. La famine fait rage… et Naru cède alors sa dernière pomme à Ori dissimulant la faim qui la tiraille. Lorsqu’elle semble s’être endormie, Ori part à son tour à la recherche de vivres. C’est les bras pleins de fruits qu’il retrouve sa mère, mais la vie n’est plus de ce corps… Ori désormais orphelin, cherche alors à retourner à la source jusqu’à ce que, à bout de force, il s’effondre au beau milieu de la forêt son dernier souffle illuminant le sol et recréant le lien perdu avec l’arbre aux esprits. C’est alors qu’il reçoit en retour la force de continuer. Cependant Kuro, la terrible chouette qui déteste tant la lumière, arrache le coeur de l’arbre l’écrase dans ses griffes et le jette au cœur de la forêt.
Sous ce scénario digne d’une fable onirique à la Ghibli, ce cache un jeu diabolique qui va se dévoiler au fur et à mesure, saut après saut, capacité après capacité.
Ori-blement exigeant
Les premières minutes posent l’ambiance et l’état d’esprit dans lequel vous serez pour parcourir cette forêt au bord du désastre. Ori se déplace avec aisance, chaque zone découverte vous en met plein les mirettes et tout est calme. Très vite, vous rencontrerez Seyn (le coeur de l’arbre aux esprits) qui sera votre petit ange gardien et pourra attaquer les ennemis à coup d’étincelles de lumière comme tout bon sidekick qui se respecte.
Alors que les premiers affrontements sont très simples, les choses vont vite se compliquer à mesure que vous progresserez dans l’aventure car chaque pouvoir récupéré auprès des arbres ancestraux disséminés ici-et-là sera tout de suite mis à l’épreuve et rien ne sera mis de côté, le jeu ne cessera d’apporter un nouveau truc tordu pour que ne vous vous sentiez jamais en sécurité.
En ça, le jeu est très bien construit, on suit constamment un cycle d’apprentissage – réutilisation – entorse à la règle. On cumule ainsi de plus en plus de possibilités mais à chaque fois que l’on se dit « peuh! Ca je connais ! » les game designers vous ont préparé un piège auquel vous n’aviez pas pensé. Le seul hic (s’il en est un pour vous) c’est que cette méthode implique souvent un Die and Retry, si bien qu’il arrivera souvent que vous périssiez dans une situation d’urgence parce que vous n’aurez pas eu le temps d’analyser la situation, cependant la frustration n’est jamais là. On est sans arrêt en train de se dire : « ah ! ok ! J’aurais du faire ça ! » et à la manière d’un Super Meat Boy, Ori réapparaît tout de suite et on repart.
Là où le vice commence à s’installer, c’est que les checkpoint ne sont pas automatiques, c’est à vous de décider où et quand sauvegarder, sous condition que ces endroits soient considérés comme « sûrs ». Cela peut paraître anodin mais on ne s’est jamais autant rendu compte de l’aide apportée par la sauvegarde automatique croyez-moi ;-).
Avant d’aller dans le détail parlons un peu de la mécanique du jeu. Ori a donc des cellules de vie et des cellules d’énergie représentés respectivement par de petites billes vertes et bleues. Les cellules d’énergie permettent de faire plusieurs actions et vous aurez le choix de vous en servir, pour créer une explosion d’énergie afin d’infliger des dégâts ou vous ouvrir un passage, de les utiliser pour ouvrir des portes qui en demandent un certain nombre et surtout, ce sont ces énergies qui vous permettront de créer les liens d’âmes (aka vos points de sauvegarde). Hors, cette énergie est une ressource plutôt rare et il ne faudra pas la dépenser n’importe comment sous peine de se retrouver à court et de devoir passer un gros morceau de niveau sans mourir, ce qui vous demandera parfois un sacré sang-froid !
Renouveau permanent
Ces liens d’âmes seront aussi le seul moyen pour vous de dépenser vos points de compétences récupérés sur les monstres et dans les petites cachettes de la forêt.
L’arbre de compétence est formé de trois branches qui sont, pour une fois, un peu plus originales que d’habitude. Si de prime abord on pourrait croire à un simple attaque / soin / renforcement, QUE NENI ! Chaque branche possède des aides bien particulières allant du triple saut à l’augmentation de puissance en passant par « créer un lien d’âme vous soigne d’un point de vie ». Il faudra donc être sûr de ce que l’on choisit d’augmenter d’autant plus que si vous ne fouillez pas complètement la forêt, il sera impossible de remplir les 3 branches. Ceci dit, le jeu se termine très bien sans ça.
Le pouvoir très novateur autour duquel une grande partie du gameplay va s’articuler est la capacité de prendre n’importe quel projectile ou ennemi comme appui pour se propulser. L’objet ciblé sera alors repoussé dans la direction opposée à votre saut et c’est là (entre autres) qu’Ori and the blind forest tire toute sa richesse. Chaque ennemi ou tir ennemi devient alors une plateforme potentielle pour atteindre votre objectif, sachant que vous aurez un créneau de quelques secondes pour orienter votre saute grâce à un petit ralentit au bout duquel Ori partira comme une flèche que vous le vouliez ou non. On peut aussi utiliser ce saut pour renvoyer les projectiles sur les ennemis (méthode particulièrement efficace sur certains monstres).
Planer, s’accrocher aux murs, faire un double ou triple saut, attaquer plusieurs cibles à la fois, sont tout autant de pouvoirs qui se « combotent » parfaitement et ne font qu’enrichir le gameplay sans jamais laisser tomber les techniques apprises lors de vos débuts. On sent alors une forte montée en puissance tout au long du jeu, le tout baignant toujours dans une grâce incroyable entre conte de fée et mise à l’épreuve.
L’équilibre quasi-parfait
Construit comme un Métroid, la forêt est divisée en zones qui seront accessibles au fur et à mesure de l’acquisition de vos pouvoirs, tout comme certains bonus qu’il faudra revenir chercher plus tard. Ces Améliorations sont à récupérer avant la fin du jeu car une fois l’histoire terminée votre partie est tout simplement verrouillée ! Amateurs du 100% vous êtes prévenus. Heureusement 10 sauvegardes sont à votre disposition, de quoi tenter une partie normale, un speedrun, un 100% et que sais-je encore.
Le level design est tout simplement incroyable. Un nouveau pouvoir appelle un nouvel élément de game design et donc un changement de dynamique qui est parfaitement suivi dans la construction des mondes parcourus. Le jeu alterne l’exploration, la plateforme, l’action et les moments poétiques avec beaucoup de finesse, l’animation est d’une grâce rarement vue, dans des décors qui fourmillent de détails, le tout accompagné d’une palette de couleurs chatoyantes qui vous en mettent plein la vue.
Il arrive cependant que certains éléments de décors ne soient pas tout à fait lisibles et seront responsables de votre mort, surtout que le jeu est intransigeant et ne vous laissera souvent pas le temps de respirer entre deux sauts ! Ajoutons à toutes ces bonnes choses des musiques somptueuses (bien que parfois un peu plus en retrait que l’on ne l’aurait imaginé en comparant avec Journey) et vous avez là un véritable cocktail magique, qui allie une narration simple, une intensité permanente et un souffle de vie comme on n’en voit plus de nos jours. Ori and the blind forest est une énorme réussite, les 4 ans de développement n’auront pas été vains et nous ne pouvons qu’être impatient de voir le prochain titre de Moon Studios.
Vous l’aurez compris, c’est un énorme coup de cœur, les 7-8h qui m’auront permis d’en venir à bout semblent peut-être un peu trop courtes mais, quand on aime, on ne compte pas.
Biglova
Points forts :
- La nervosité mélangée au calme
- L’exigence du Gameplay
- L’animation et le visuel de façon générale
- La Bande-son
- Le fait de devoir gérer ses points de sauvegardes
Points faibles :
- Un peu trop d’apprentissage par l’échec
- Parfois dû à un petit manque de lisibilité
- Un petit new game + ?
La Note Gamingway : 19/20
La Note Gamingway : 19/20
Développeur : Moon Studios
Editeur : Microsoft Studios
Genre : Métroidvania / action / plateforme
Support : XboxOne / PC
Date de sortie : 11 mars 2015
Un jeu XBLA certes mais bien soutenu par Microsoft et avec 4 ans de développement tout de même. C’est pas du petit indé pour le coup ^^.
Merci pour le compliment :) et oui il faut le faire absolument !!