Test : Hatsune Miku Project DIVA : Mega Mix (Switch)

La boucle est bouclée, la danseuse dansée, il est temps de jouer avec Miku sur sa Switch, hé !

2020. Le monde succombe à une pandémie pleine de précédents, les guerres de quartier s’enchaînent et le papier toilette est devenu la monnaie d’échange principale. Bien que les joueurs savaient déjà à quoi s’attendre (on a vécu la situation des centaines de fois sur console, après tout), le choc fut brutal. S’ils voulaient survivre, il leur fallait un échappatoire, n’importe quel échappatoire – et c’est sur Hatsune Miku Project DIVA: Mega Mix que les plus érudits jetèrent leur dévolu, pas sur une simulation tendancieusement zoophile. Prends ça, pandémie !

L’arrivée de Miku en Occident

La fin de SEGA en tant que constructeur en 2001 tua dans l’œuf une ère de jeux musicaux révolutionnaires. On pense généralement à Rez et ses remakes ou autres suites spirituelles ainsi qu’à la duologie Samba de Amigo, l’aventure déjantée qui se contrôlait avec une véritable paire de maracas. Mais malgré l’amour profond que je porte à ces deux titres (et que je possède sur bien trop de supports différents) au point d’avoir acheté les manettes de la simulation de danse latino avec ma première paie en 2003, Space Channel 5 est le jeu qui m’a le plus marquée. C’était une autre époque, et SEGA était là pour révolutionner ce qu’on pensait intouchable.

Tout ça pour dire que lorsque mon développeur favori a changé de cap au début du 21e siècle, ils ne pouvaient plus se permettre ce type de prise de risque. S’en est suivi une décennie fadasse où, à l’exception notable de la naissance de Yakuza en 2005, SEGA s’est focalisé sur la multiplication des Sonic façon Jésus sans trop réfléchir au point de lui donner des armes à feu, et le catalogue Dreamcast trouva foyer au sein de toutes les machines existantes. Puis 2008 arriva.

Cette année-là, la firme retroussa ses manches en nous offrant un nouveau tactical-RPG pas piqué des hannetons, ce malgré l’échec de Sakura Wars V en 2005, un soft si novateur qu’il représentait à lui seul l’époque révolue Dreamcast : Valkyria Chronicles. Petit à petit, SEGA s’autorisa de nouveau à sortir des rangs pour prouver au monde entier que non, ils n’étaient pas que les producteurs de pachinko et de jeux de plateforme moyens. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, 2008 fut également marquée par l’annonce de l’acquisition des droits de la licence Vocaloid et de la sortie prochaine d’un jeu musical. Le thème « World if Mine » qui accompagna l’annonce me fit espérer le meilleur : Space Channel 5 est de retour, mais différemment !

Juillet 2009 me prouva combien j’avais tort, mais aussi combien je m’en fichais. Malgré ses nombreux problèmes techniques, en particulier des ralentissements incessants, Project DIVA était un jeu de rythme original à la bande-son qui dépotait sa mémé. CD, Figurines, toutes les suites PSP, PS3 et Vita importées en masse… La folie s’était emparée de mon porte-monnaie et la folle était devenue mon surnom.

L’arrivée occidentale en 2020 de Hatsune Miku Project DIVA: Mega Mix est du pain béni pour les weebs que nous sommes. Jamais la saga n’a été aussi accessible. Pour un prix véritablement dérisoire à la vue du contenu, vous aurez le droit à 101 chansons issues de l’histoire de la diva et ses ami·e·s, des dizaines et des dizaines de costumes, la possibilité de dessiner ses propres motifs de T-shirts, classements en ligne, clips vidéo, mode alternatif de contrôles aux Joy-Con (rigolos mais maladroit)… Seuls manquent la chambre personnalisable des épisodes portables Sony et la création de ses propres rythmes. C’est triste, mais face au reste, j’ai envie de dire : c’est la vie !

Juste un instant, les cœurs à l’unisson

Bien qu’ayant dressé un parallèle entre Project DIVA et Space Channel 5 pendant près de 500 mots, le lien est en fait quasi inexistant. J’aime gâcher le temps des gens comme ça ! Pendant que ce dernier se présente sous la forme d’une aventure scénarisée d’une heure de type « Jacques a dit », le dernier succès musical de SEGA penche plus vers le remake version « sans accessoires » de Dance Dance Revolution ou Elite Beat Agents.

Contre toute attente que j’ai pu avoir il y a plus de dix ans, le concept fonctionne parfaitement. À l’écran apparaissent des motifs esthétiques composés de boutons de la manette qu’il faut presser au rythme de la chanson. Lesdits boutons ont évolué et changé en fonction des différentes versions, introduisant dès le 2nd des flèches (où on doit appuyer sur une direction de la croix en même temps que le bouton de façade correspondant), puis le scratch sur Vita (où il faut frotter l’écran). Finalement, Project DIVA a fini d’évoluer en ne gardant que l’essentiel : quatre boutons et quatre directions fléchées interchangeables, ainsi que deux variantes latérales du scratch utilisables avec les gâchettes ou les sticks.

Cette monture Switch ne tourne pas autour du pot en vous offrant d’office la totalité de la playlist sans devoir, comme avant, débloquer les chansons une à une. 101 pistes, tout de même ! Les nouveaux venus prendront des heures pour découvrir leurs pépites pendant que les anciens, les vrais (l’élitisme c’est mal, les vrais n’existent pas, bienvenue aux nouveaux !), rangeront dans les favoris leurs pistes préférées. En bonus, de nombreux DLC gratuits et payants qui transforment cet épisode en une version portative de Project DIVA: Future Tone, la compilation étrangement similaire de la PS4.

Étonnamment, la Switch semble avoir quelques difficultés à suivre les animations 3D de fond, un problème plus qu’apparent quand le jeu affiche deux danseurs au lieu d’un. Pendant que le framerate des boutons ne flanche pas (comme c’était le cas avec le premier Project DIVA), les personnages saccadent au point de devenir une espèce de mini diaporama que, franchement, je décris seulement pour remplir mon article. Parce qu’au fond, Hatsune Miku Project DIVA: Mega Mix est la perfection incarnée, la compilation ultime, qu’importe ces imperfections ! À une exception près : les boutons de la Switch.

D’accord, je comprends que les différents constructeurs aient ressenti le besoin de proposer des dispositions et des dénominations différentes pour les constituants de leurs manettes. Je n’ai personnellement jamais eu de problème pour passer du X de Nintendo au Y de Microsoft et SEGA, et triangle de Sony. Mais quand on me demande de désapprendre plus de dix années de réflexes PlayStation, mon cerveau s’emmêle les pinceaux. La punition m’est servie à différentes sauces : on peut soit garder les icônes de Nintendo (un traumatisme, mon psychologue ne sait plus quoi faire), soit changer pour le mode « arcade », soit les triangle / carré / croix / rond habituels. Mon esprit âgé de 34 tristes hivers est rassuré de pouvoir garder ses vieux chaussons, seulement voilà, comment est-il censé réagir quand l’écran affiche « croix » pour le bouton B de ma manette ? Après une vingtaine d’heures, la souffrance est réelle. Il ne s’agit que de la mienne, certes, mais je ne suis pas venue ici pour souffrir ! Vous voilà informés.

En cas de pandémie sans plume de phénix, pensez Hatsune Miku Project DIVA: Mega Mix ! La quasi-intégralité de dix ans de musiques de Project Diva en un seul jeu, de l’amusement sans fin, de quoi remplir vos baladeurs MP3 et playlists Spotify ! De surcroît, le mode portable dispose d’un argument sans faille : l’absence de lag dans les contrôles, exactement ce qui m’empêche de profiter des opus de salon, malgré les réglages possibles. Bref, on achète, vous n’avez pas le choix, je suis désolée.

Marine

Points forts :

  • Une playlist longue comme quelqu’un en forme
  • Personnalisation poussée
  • Tout Project DIVA en un
  • Sur portable
  • Et télévision

Points faibles :

  • Absence de la chambre et des créations de chansons
  • Des animations 3D un peu poussives
  • Beaucoup de DLC pour une note un peu plus salée
  • Le X se trouve être le triangle qui est aussi la flèche du haut et vice et versa

La Note : 16/20

Développeur / Éditeur : SEGA / SEGA
Genre : Jeu de rythme
Support : Switch eShop (dématérialisé uniquement)
Date de sortie : 15 mai 2020

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *