Test : Fire Emblem Fates : Conquête (3DS)
Il en aura fallu, des années, pour que Fire Emblem devienne une franchise potentiellement vendeuse auprès d’un large public ! À force de critiques élogieuses et d’une accessibilité plus prononcée lors de son dernier épisode, la saga est désormais attendue par une gigantesque étendue de joueuses et de joueurs, prête à se jeter sur Fire Emblem Fates : Conquête… ou Héritage, comme nous allons pouvoir le constater par la suite.
Au Nohr, c’était les méchants
Trahison, bastions et intimes relations, on se croirait dans la série Reign. Justement, le scénario d’un Fire Emblem n’a jamais été aussi bien tenu. On le doit, apparemment, car peut-être pas qu’à lui seul, tout de même, à Kibayashi Shin, auteur parfois sur Les Enquêtes de Kindaichi, scénariste de GetBackers… et officiant au même poste sur les Fire Emblem Fates.
Le scénario en question connait certaines différences tout au long du périple selon la version choisie, du moins c’est ce qu’il en ressort, suite à nos recherches. Comme vous l’aurez deviné par notre titre, nous n’avons pu nous essayer qu’à Fire Emblem Fates : Conquête, nous ne savons donc en réalité rien de FEF : Héritage. Parmi celles et ceux ayant pu prendre les deux en mains, on a pu remarquer qu’une partie criait au scandale de par de simples petits changements (à l’instar de deux versions Pokémon), tout en poussant à l’achat si l’on désire tout connaître. Tandis que de l’autre côté, on trouvait ça génial et pourtant les arguments avancés ne payaient pas de mine.
Si vous ne savez lequel acquérir, dans le cas où vous n’en souhaiteriez qu’un seul, l’ultime point est l’annonce faite d’emblée par Nintendo, à savoir une difficulté accrue chez Fire Emblem Fates : Conquête. On peut donc retourner l’argument, en déclarant qu’Héritage est plus abordable, ce que les fermés d’esprit changeront en « C’est du casual, c’est pour les nuls, c’est facile… », soit du grand n’importe quoi, comme l’on en a l’habitude. Ce qui, en revanche, serait intéressant à dire, c’est tout bonnement « Pourquoi ? ». Surtout que l’on bénéficie tout de même de plusieurs niveaux de difficulté et du choix d’évoluer avec ou sans le permadeath, faisant disparaître, pour de bon ou non, les protagonistes ayant trépassé.
On espère juste que la licence ne tombera pas dans la facilité, avec d’un côté du trop simple rendant le soft plus proche d’un film interactif et de l’autre côté du faussement dur, où les éditeurs font en sorte de communiquer là-dessus, alors que le jeu en lui-même n’est pas si terrible, mais vend énormément grâce à une hype non méritée. Désormais, on a donc droit à deux versions où cette caractéristique est mise en avant, ce qui est plutôt particulier et dommage, puisqu’il serait si simple de proposer un double scénario et juste une difficulté adaptable.
Avec ce choix commercial, si vous désirez tout acquérir, cela fera davantage que chauffer vos bourses. Même si l’achat de l’un des logiciels vous permettra de vous offrir le deuxième à moitié prix en dématérialisé. Ce à quoi il faut ajouter un troisième segment, Révélation, disponible, lui, uniquement en téléchargement et ce, dès le 9 juin, auquel vous pourrez vous adonner sans même posséder l’un des deux autres. Toutefois, un système identique de réduction sera proposé si vous avez déjà Héritage ou Conquête. Cela fait déjà pas mal, et encore, nous n’abordons pas les Amiibo, ni même les DLC payants.
Cette introduction était nécessaire afin de savoir à quoi vous attendre, avant de traiter du sujet en lui-même de Fire Emblem Fates : Conquête. Place au scénario, que vous démarrez en déterminant si vous êtes un personnage féminin ou masculin, ainsi que son apparence physique, sa voix, son don, son défaut, son talent et quelques autres informations personnelles, mais également son prénom, qui s’avère être Corrin par défaut dans cette version européenne.
Vous n’êtes rien de moins qu’une princesse ou un prince du Royaume de Nohr, mais découvrirez que vous êtes originellement plus proche de l’ennemi qu’est le Royaume Hoshido. Peu importe la vérité, vous êtes en présence de Conquête, axé sur Nohr que vous représenterez fièrement.
Les feux de l’amour
N’attendons pas plus longtemps pour aborder le meilleur point de Fire Emblem Fates : Conquête, qui en plus influera directement sur l’aventure. Il s’agit, en l’occurrence, des relations avec autrui, puisqu’il sera enfin possible de se marier avec une personne du même sexe. Si les jeux vidéo se mettent désormais à devenir « normaux » et non plus étrangement étriqués et emplis de préjugés allant au-delà du douteux, c’est que certains décideurs deviennent des humains. Il faudrait que le cinéma de masse, toujours aussi sclérosé, s’en inspire.
Évidemment, on est très loin d’y être parvenu sur l’ensemble du médium vidéo-ludique, mais quand un soft grandement mis en avant et au fort potentiel commercial n’a aucune hésitation là-dessus, cela peut s’avérer une étape importante. En revanche, on se souvient de la polémique légitimement lancée suite à sa sortie japonaise et sur laquelle on ne peut connaître le fin mot de l’histoire, chaque interprétation se valant. Mais étant donné que les cas de l’histoire n’étaient pas systématiques et que l’on pouvait bel et bien se marier avec un personnage féminin ou masculin, peu importe son propre genre, on peut estimer qu’il s’agissait davantage d’un message signifiant que le sexe de l’autre n’a pas d’importance, ce qui est vrai.
Des mariages découlent des enfants, oui bon là on fait dans le gentillet, c’est sûr. Selon leurs parents, les rejetons bénéficieront de telles caractéristiques, telles classes… laissant donc la part belle à l’hérédité et non au hasard. De quoi tenter de viser tel personnage, en vue d’en faire profiter sa progéniture.
Les relations ne s’arrêtent pas en si bon chemin, les batailles elles-mêmes faisant rejaillir le feu d’une amitié que l’on croyait trop vieille. La possibilité étant offerte de placer deux équipiers sur une seule et même case sur les champs de bataille toujours quadrillés et aux divers reliefs, permettant d’attaquer avec une aide de l’autre. Mais pas seulement, puisqu’on la/le verra également vous aider en cas de remontrance adverse. Un système fort intéressant, apportant une touche d’originalité dans le monde du tactical RPG, bien que cela ne soit pas nouveau chez Fire Emblem, même si le système a connu des évolutions. À l’instar d’autres softs du genre, on pourra tout autant situer deux héroïnes/héros côte à côte, afin qu’ils attaquent en doublette. De quoi bien planifier sa stratégie de conquête d’un cœur, pour au final être plus performants ensemble sur le terrain.
On nous propose aussi une touche d’originalité assez sympathique avec le mode Mon Château. En quelque sorte, l’Animal Crossing de ce jeu, où vous pourrez mettre en place votre belle bâtisse, visiter celles des autres, y mettre un certain bazar, glaner des récompenses… Mais attention au retour de bâton.
Ce soir, on vous fait des p… on vous met le feu
Le cadre de Fire Emblem Fates : Conquête gagne en profondeur grâce à sa bande-son d’une importante teneur, essentiellement par la présence de deux univers que l’on a l’habitude de croiser au sein des jeux de rôle, mais rarement mêlés au cours d’une seule et unique B.O., là où l’on a davantage droit à l’un ou l’autre. Plus précisément, c’est d’une part une ambiance « japonisante » que l’on nous délivre et qui sied à ce milieu, tandis que d’autre part, on découvre des tons militaires collant à la réalité de l’action.
Ces deux identités se retrouvent donc au niveau sonore, mais également d’un point de vue graphique. Si l’ensemble reste plus que convenable et que les personnages bénéficient tout de même d’un soin amplement suffisant, rien ne nous attire plus que cela et l’on n’est jamais épaté par ce qui est proposé. Il faut cependant avouer que cela n’a aucune espèce d’importance, puisque c’est la profondeur du game system qui nous intéresse et lui surpasse tant de ses concurrents. Enfin, on dit « rien ne nous attire »… mais les cinématiques, elles, accrochent fortement, notamment de par une patte peu courante, faisant clairement ressortir les protagonistes par rapport aux décors.
De par son immense profondeur de jeu, Fire Emblem Fates : Conquête convaincra n’importe quel(le) joueuse et joueur. Il s’agit vraiment d’une aventure riche, pouvant se suffire à elle-même. Toutefois, si vous désirez aller plus loin et notamment connaître toute l’histoire et même les histoires, cela peut virer vers le très mauvais côté commercial auquel on a de plus en plus droit dans le milieu. Habituellement, c’est un logiciel incomplet, auquel on doit adjoindre les contenus téléchargeables additionnels. Mais désormais, il y a carrément deux véritables softs et le Révélation risque d’être assez consistant lui aussi. Impossible de vous dire s’il faut absolument tout posséder, mais en prendre au moins un s’avèrera l’une des meilleures idées pour votre console.
Inod
Points forts :
– Mariage pour toutes et tous
– Mon Château
– Les alliances à deux sur une case
Points faibles :
– Rien de transcendant graphiquement in game
– Le modèle économique
La note : 15/20
La note : 15/20
Développeur : Intelligent Systems
Éditeur : Nintendo
Genre : Jeu de rôle tactique
Support : 3DS
Date de sortie : 20 mai 2016
Je te confirme, comme j’ai les 2 versions, que les changements ne sont vraiment pas énormes au moins au début (je n’ai pas encore fini le jeu, loin de là). En revanche dès le début il y a des échanges verbaux assez douteux entre certains personnages qui soulignent leur attirance pour les personnes du même sexe comme je l’avais mentionné dans l’article sur les personnages Nintendo gays et lesbiens.
Sinon, j’ai les deux versions, mais toujours pas attaqué l’une ou l’autre, vu ton test je suis ravi de mon choix, car si on pouvait se douter du côté faible de la double sortie, il n’en reste pas moins qu’à l’instar d’un duo Bravely Default – Bravely Second, ça incrémente violemment la durée de vie, ce qui est toujorus agréable si l’univers est bon.
Après le côté mariage pour tous, dans quelques années on n’aura même plus à le souligner tellement ce sera banal, et c’est tant mieux.
Gros test en tout cas.